CES PLATEFORMES QUI RECONFIGURENT LE MARCHÉ
Les plateformes DevOps ont désormais leur «Magic Quadrant», avec une consolidation des outils, autant pour éviter les redondances que les difficultés d’orchestration ou les dettes techniques.
EXIT LES TOOLCHAINS DEVOPS, place aux plateformes ? Gartner estime que cette approche n’est pas encore majoritaire*. Mais le cabinet américain juge la tendance suffisamment forte pour consacrer un Magic Quadrant aux produits qui relèvent de ce segment de marché. Il les traitait jusqu’alors sous la forme d’un « Market Guide ». D’un format à l’autre, l’axe directeur n’a pas changé : on assiste à une consolidation des outils, autant pour éviter les redondances que les difficultés d’orchestration ou les dettes techniques. L’argument des coûts est moins mis avant... Conséquence des chevauchements fonctionnels que cela implique, certains fournisseurs de plateformes DevOps ici distingués sont classés dans d’autres quadrants, par exemple, celui de la sécurité applicative ou celui des outils de gestion de projet. GitLab est le seul à figurer dans les deux quadrants en question. Il fait partie des quelques fournisseurs de plateformes DevOps à proposer des fonctionnalités natives de sécurité applicative, aux côtés, notamment, de GitHub et JFrog. Les offreurs sont évalués sur deux axes. L’un prospectif (« vision »), centré sur la stratégie (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit...). L’autre centré sur la capacité à répondre effectivement à la demande («exécution » : expérience client, performance avantvente, qualité des produits/services...).
Chez Atlassian, Jira et Confluence font la paire
La plateforme d’Atlassian regroupe des capacités de Bitbucket, Confluence, Jira Software, Jira Service Management et Opsgenie. Gartner lui donne de bons points pour son écosystème («plus de 5 000 applications et intégrations » sur la marketplace) et sa prise en charge de multiples profils utilisateurs (personas). Ainsi que pour la partie collaboration/gestion de projets, symbolisée par les jonctions «efficaces» entre Jira Software et Confluence. Mais pas de sécurité applicative native chez Atlassian, qui s’appuie sur des
partenaires tels que Snyk, Sonatype et Synopsys (tous trois classés au quadrant de l’AST). Gartner le fait remarquer, tout comme il souligne le faible niveau d’adoption des fonctionnalités CI/CD (Bitbucket Pipelines en version Cloud et Bamboo Data Center on-prem). Point de vigilance également concernant l’édition serveur, dont la fin de vie est imminente (février 2024)... et les questions de coûts qui pourraient se poser lors du passage aux éditions Cloud et data center.
GitLab et son modèle open core
Au contraire d’Atlassian, GitLab se distingue sur les capacités de sécurité natives, de la génération de SBOM (CycloneDX) au contrôle des commits aligné sur le framework SLSA. Bons points également sur la parité SaaS/on-prem et l’ouverture de la plateforme, qui fonctionne sur un modèle open core. Par opposition à Atlassian, GitLab n’a pas droit à une bonne appréciation sur la partie collaboration/gestion de connaissances. En point d’orgue, l’expérience d’édition sur GitLab Wikis, « limitée » pour les non-développeurs. Gartner regrette aussi le manque de flexibilité sur les licences (impossibilité d’en associer plusieurs à une instance ou à un namespace), et le support limité des cas d’usage touchant à la gestion d’environnements (création à la demande, visibilité sur les coûts...).
GitHub et Azure DevOps : gare à la confusion chez Microsoft
Microsoft a deux produits à son catalogue : GitHub et Azure DevOps, mutuellement intégrés à plusieurs niveaux et contractualisables en une licence.
Cet ensemble a pour lui sa communauté d’utilisateurs (plus de 100 millions de développeurs sur GitHub ; popularité de VS Code)... et les capacités d’innovation qui en découlent. Il a aussi l’IA Copilot, qui suscite un « grand intérêt » selon Gartner. Bon point également pour Codespaces (environnements de développement Cloud avec compute configurable).
Mais deux produits, c’est un risque de doublons... que Gartner ne manque pas de pointer, en plus des écarts fonctionnels, y compris entre les versions Cloud et on-prem. Autres remarques : les possibilités limitées en matière de localisation des données sur GitHub Enterprise Cloud et l’absence, sur GitHub dans son ensemble, de support natif des métriques de performances (fréquence de déploiement, délai d’exécution, temps de restauration...). *25 % des entreprises utilisent une telle plateforme en 2023, d’après Gartner, qui envisage que ce taux sera de 75 % en 2027.
75 % des entreprises utiliseront ces plateformes en 2030, selon Gartner.