Ce que le titre de Monaco va changer
On pensait que le PSG allait régner pendant des années et des années. Mais Monaco a mis fin à la domination parisienne. Cela va-t-il changer quelque chose dans les mentalités?
Depuis quatre ans, le climat français était devenu paisible. Paris avait instauré sa loi, installé ses propres règles et faisait honneur à son statut de capitale lumière. Les autres villes, forcées de se soumettre à ce dictateur qui ne voulait partager aucune des coupes nationales (quatre championnats, deux coupes de France et trois coupes de la Ligue remportés entre 2013 et 2016), subissaient cette domination sans broncher, et les actes de rébellion étaient rarissimes. Troyes offrait une quatrième couronne à son bourreau en concédant un 9-0 à domicile en mars 2016, Lyon et Marseille lui laissaient la priorité en fin de course 2015, personne n'osait bouger l'oreille en 2014 et 2013… Mais soudain, alors que l'épreuve 2016-2017 était censée prolonger ce long fleuve tranquille, un ouragan venu d'un irréductible Rocher a semé la panique dans l'ordre établi. Son nom? AS Monaco. Ses armes? Bernardo Silva, Kylian Mbappé, Thomas Lemar, Benjamin Mendy, Fabinho, et bien d'autres encore. Sa méthode? L'offensive à outrance. Et après avoir osé faire trembler le PSG en
faisant de même avec les filets adverses à 107 reprises, la Principauté a fait trébucher l'ancien Roi, son insolence l'ayant amenée au sommet de la hiérarchie française.
Lourde pression sur le dos du club princier
Dès lors, comme après tout coup d'État, des interrogations sur le futur de la nation se dessinent. En d'autres termes, quel impact va avoir la prise de pouvoir de Monaco sur l'édition 2017-2018 qui s'annonce? Beaucoup de choses, seraiton tenté de dire. Et en premier lieu que le costume de favori va fuir les épaules parisiennes pour se reposer sur celles colorées en rouge et blanc. Raisonnement beaucoup trop hâtif, selon Bruno Irles, champion de France avec l'ASM en 1997 et 2000: “Aujourd’hui, Monaco n’est pas un prétendant au titre. Car la stratégie actuelle, la même qu’en 1997, ne ressemble en rien à celle du grand OM des années 1990 ou du Lyon sacré sept fois de suite au début des années 2000: le club vend énormément et doit se reconstruire. Cela prend du temps pour que de nouveaux résultats apparaissent.”
Après avoir vu de nombreux joueurs majeurs partir dans des grosses cylindrées (Silva, Tiémoué Bakayoko, Valère Germain…), le champion de France possède en effet un effectif chamboulé. “La saison post-titre est toujours plus compliquée parce que les hommes ont changé, l’état d’esprit aussi, et l’alchimie est à retrouver, ajoute Nicolas Gillet, lui aussi champion “surprise” avec Nantes en 2001. De plus, on est attendu et tout est à refaire.”
Surtout, les équipes concurrentes ne vont pas hésiter à mettre une lourde pression sur le dos du club princier pour pouvoir travailler sereinement de leur côté. “C’est clair que ce titre profite aux adversaires. C’est tout bénef ’ pour eux en matière de communication, reprend Irles, qui a évolué à l'ASM de 1994 à 2001.
Mettons-nous dans la peau de Marseille ou
de Lyon. S’ils battent Monaco l’an prochain, les dirigeants pourront dire: ‘Regardez, on a battu le champion, notre projet tient
la route!' Alors qu’ils savent très bien que Monaco ne part pas supérieur cette saison.”
Outsiders dans les startingblocks
Une stratégie qui ne s'appliquera cependant pas pour le PSG, obligé de retrouver son trophée après l'avoir abandonné et qui a conservé la plupart
de ses forces vives. “Que Monaco soit champion, ça ne change rien pour Paris médiatiquement parlant, estime
Gillet. Les attentes sont telles que le club ne peut se cacher derrière un champion en titre.” Irles: “C’est même pire, car Paris n’a plus le droit à l’erreur. Donc cette fois, un mauvais début de saison condamnera Unai Emery à coup sûr.” En tout cas, les outsiders sont dans les starting-blocks. Qu'ils s'appellent OM, OL, Lille ou Bordeaux, tous ont compris que la première place de L1 n'était plus la propriété d'une seule entité, quoi que le compte en banque puisse faire croire.
C’est l’un des aspects positifs: avec ce qu’a fait Monaco la saison dernière, tout le monde est désormais conscient que Paris n’est pas indétrônable. Qu’avec une belle osmose et une mayonnaise qui prend, rien n’est impossible. Et ça peut donner des idées, notamment à Marseille!”, s'emballe Irles. “Absolument, confirme Gillet, onze saisons en première division. On se dit que si on fait une saison quasi parfaite, le PSG n’est pas imbattable.
Ça met un peu de piment!” Le peuple se doit donc de remercier l'ASM pour avoir cassé la logique financière et prouvé que la révolte pouvait être aussi belle que fructueuse. Suffisant pour faire de nouveau p. barrage au PSG? Verdict lors du prochain
rintemps français.
“Aujourd’hui, Monaco n’est pas un prétendant au titre. Le club vend énormément et doit se reconstruire. Cela prend du temps pour que de nouveaux résultats apparaissent.” Bruno Irles, ancien de l’ASM