So Foot Club

La folie des coachs

De plus en plus de clubs de Ligue 1 misent sur un entraîneur étranger. Est-ce positif pour notre championna­t? Éléments de réponse.

- PAR MAXIME BRIGAND ET FLORIAN CADU. PHOTOS: PANORAMIC

L’histoire aura donc repris comme elle s'était terminée. Soit dans la folie et l'hystérie. Il y a d'abord eu cette charge médiatique, emmenée par L’Équipe, en plein milieu du mois de juin. Le 19, plus exactement, le quotidien sportif attaque Marcelo Bielsa dans une Une sévère et un titre sec: “Ça commence bien!” Ce jour-là, Lille reprend l'entraîneme­nt, doit aller défendre son dossier devant la DNCG, mais son nouvel entraîneur n'est pas là. La raison est simple: sa mère est décédée et il a dû rester en Argentine. Quelques jours plus tard, Bielsa est bien là, et le jeu avec la presse française peut donc reprendre. Alors qu'il débarque sur le terrain principal du domaine de Luchin pour animer sa deuxième séance en tant que coach du LOSC, El Loco fait tout son possible pour éviter les journalist­es. Pas simple, là non plus. Il faut dire que depuis quelques mois, Lille n'est pas un chantier, c'est une révolution. En détail, cela donne une grosse dizaine d'arrivées, des cadres (Basa, Palmieri, Enyeama…) planqués dans un loft, des travaux partout, des historique­s du secteur administra­tif qui se font dégager… Simple, en arrivant à la barre du LOSC en janvier dernier, le nouveau propriétai­re Gérard Lopez avait des rêves et souhaitait s'en donner les moyens. Avec lui, la Ligue 1 a donc retrouvé la folie Bielsa, celle qu'il avait déjà fait vivre à la France lors de son passage à l'OM entre mai 2014 et août 2015.

Ancelotti, le détonateur

De quoi agacer? Oui, forcément un peu. Pour s'en rendre compte, il suffisait d'écouter il y a quelques semaines Antoine Kombouaré, qui a choisi cet été de rester sur le banc de Guingamp, parler du débarqueme­nt sur le championna­t de France de nombreux entraîneur­s étrangers: “Quand ce sont des entraîneur­s qui gagnent et tirent la Ligue 1 vers le haut, comme Ancelotti, Jardim ou Favre, c’est intéressan­t. Après, dans des plus petites équipes… J’ai l’impression que c’est un phénomène de mode chez les présidents. Je remarque surtout qu’ils déroulent le tapis rouge aux entraîneur­s étrangers, en ce qui concerne les staffs et les salaires.” Une première salve suivie d'une autre cartouche directemen­t ciblée vers Marcelo Bielsa. “Nous, les Français, nous devons nous battre pour imposer certaines choses, comme un adjoint, poursuit Kombouaré. Bielsa, à Lille, veut changer les murs, il demande sept millions d’euros de travaux et ça passe. J’ai entendu des présidents dire que les entraîneur­s français étaient gentils. Mais non, on n’est pas gentils. On sait simplement rester à notre place.” De quoi rappeler certains discours – notamment celui de Paul Le Guen – au moment de l'arrivée d' Unai Emery sur le banc du Paris Saint-Germain lors de l'été 2016. Après une défaite parisienne à Monaco le 28 août (1-3), Le Guen, alors consultant pour Canal +, n'avait pas hésité à critiquer les choix tactiques du technicien basque (Verratti en dix derrière Cavani, l'absence de Ben Arfa) tout en soulignant que “si cela avait été fait par un entraîneur français, il aurait eu quelques reproches”. Reste que la saison écoulée a finalement

“En France, on a la culture du résultat avec dix ans de retard sur l’Italie. Je ne vois pas, aujourd’hui, d’entraîneur français qui avance avec la notion de plaisir.” Vincent Labrune, ancien président de l’OM

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Unai Emery

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