So Foot Club

ROMELU LUKAKU DIABLE ROUGE ET RED DEVIL

Enfant, Romelu Lukaku ne rêvait pas de devenir une star, simplement de faire quelque chose dans le foot. Puis le gamin d'Anvers a toujours eu un temps d'avance et une tête plus haute que celle des autres. Le voilà à 24 ans dans le cercle des joueurs les p

- PAR MAXIME BRIGAND. PHOTOS: PANORAMIC

30 août 2009. Il faut revenir à Anderlecht et se représente­r le stade Constant Vanden Stock. Dans tous les coins, on étouffe et la chaleur n'y est pour rien. Ce qui réchauffe, c'est ce mélange de tension et d'anxiété, cette sensation particuliè­re que seule une rivalité peut dégager. En Belgique, l'histoire dure depuis près de soixantedi­x piges: le mauve contre le rouge, les “bourgeois” contre les “prolétaire­s”, Anderlecht contre le Standard. Au moment de retracer cette soirée, Ariël Jacobs, coach d'Anderlecht à l'époque, rembobine. “Plus que jamais, le contexte était négatif, anxiogène, reprend-il. Quelques mois plus tôt, le Standard avait remporté le titre... On avait terminé le championna­t à parfaite égalité et pour se départager, on avait dû faire un barrage en aller-retour pour déterminer le champion. Là, on se retrouve dès la cinquième journée et j’ai rapidement compris que ça allait être très, très tendu.” Il y aura d'abord la sale blessure au genou de Jan Polák puis, ensuite, la demi-heure de jeu: un ballon trop long, Marcin Wasilewski, le défenseur d'Anderlecht, qui glisse et Axel Witsel qui vient lui briser la jambe.

Score final, 1-1. Mais ce soir-là, cela n'a pas

d'importance. “On a tous cru sur le coup que Marcin ne pourrait pas rejouer au foot de sa vie. En théorie, une carrière de joueur de foot est difficile, mais là, j’avais surtout l’occasion de prouver à Romelu que tout pouvait s’arrêter très vite, illustre Jacobs. Après la rencontre, je l’ai pris par la main et je l’ai emmené à l’endroit précis où Marcin s’était cassé la jambe. Je lui ai dit: ‘Tu vois, d'un moment à l'autre, tu peux tout perdre.'

C’était un moyen parfait de lui faire garder les pieds sur terre.” Romelu, c'est Lukaku, qui n'a alors que seize ans et quelques apparition­s avec les grands dans le bide. Le même Romelu Lukaku qui est devenu cet été l'un des footballeu­rs les plus chers

de l'histoire. stoire. Ariël Jacobs est pourtant

clair: “Ce serait trop facile dee dire que j’y ai toujours ours cru. En réalité, personnene ne pouvait dire quel tournant urnant cette histoire allait prendre…” rendre…”

Le monstre onstre et les interrogat­ions rogations

Un peu u moins de huit ans plus tard, rd, l'entraîneur belge tient sa a réponse: Romelu Lukakuu a réussi, lui qui n'a “jamais s rêvé d’être une star”

“Est-ce que je peux être l’un des meilleurs du monde? Certaineme­nt, mais vous avez besoin d’une scène sur laquelle vous pouvez vraiment montrer ce que vous valez.” Romelu Lukaku

“À Anderlecht, tout le monde avait une question: est-ce qu’il fait uniquement la différence grâce à son physique?” Ariël Jacobs, son ancien entraîneur à Anderlecht

et qui souhaitait simplement “réussir dans

le foot”. Cette histoire est avant tout celle d'une revanche sur la vie, sur une enfance bousculée par les déménageme­nts pour trouver un déséquilib­re causé par la faillite personnell­e d'un père, Roger, ancien pro, qui s'est rapidement retrouvé sur la paille une fois les crampons rangés. Lorsqu'il évoque son enfance et son père, le gamin d'Anvers est clair: “Mentalemen­t, sa fin de carrière, c’était chaud. On voyait d’une semaine à une autre qu’on avait moins. Tout a changé en deux mois. On n’avait déjà plus de télé à la maison, plus d’électricit­é, et on a fini par se faire mettre dehors une première fois et déménager.” Pourtant, au moment de retracer la route qui a mené Romelu Lukaku à Manchester, il y a ce refrain qui évoque des “parents modèles”. Après l'échec de négociatio­ns pour faire venir en 2010 à Madrid celui qui est alors une comète dont on se souffle le nom à travers

l'Europe entière, José Mourinho avait

notamment eu ces mots: “Où trouve-t-on encore de tels parents? Trop de jeunes joueurs et leurs parents pensent seulement à l’argent. Il devrait y avoir plus de parents comme ceux de Lukaku.”

Roger et Adolphine Lukaku s'étaient alors opposés au départ de leur fils aîné au Real pour qu'il puisse terminer ses études. Deux ans plus tôt, la même réponse avait été donnée à Chelsea qui proposait un million d'euros et un travail pour toute la famille pour s'offrir le talent d'un gamin qui n'avait alors que quatorze ans. Romelu rêve pourtant depuis qu'il est gosse de rejoindre les Blues, mais il a également promis à sa mère qu'il jouerait un jour “en équipe première à Anderlecht”, une institutio­n qu'il a rejointe en 2006. “Déjà, quand il avait treize-quatorze ans, tout le monde le connaissai­t, replace Jean-François De Sart, ancien sélectionn­eur des Espoirs belges et dont le fils évoluait dans la même équipe que Jordan, le petit frère de Romelu aujourd'hui à la Lazio. Il était en avance, largement plus fort physiqueme­nt que les autres. Il faisait principale­ment la différence là-dessus, mais aussi sur son sens du but. C’est simple, à seize ans, il avait déjà pratiqueme­nt le physique qu’il a aujourd’hui.”

Chelsea vient toquer à la porte

Au départ, il y a donc eu les doutes. Sur le bord des terrains, certains parents grimacent d'abord et affirment que Romelu Lukaku n'a pas son âge. L'histoire raconte même qu'après des essais effectués au LOSC en 2007, les médecins du club lui auraient signifié que ses os faisaient trois ans de plus que la normale. Pas simple à gérer, mais l'adolescent

essaye de passer au- dessus, lui qui empile les buts depuis le plus jeune âge et qui avait notamment claqué 186 buts sur une saison lorsqu'il avait neuf ans, et ce, alors qu'il

était déjà surclassé. “Le but, c’est quelque chose qu’il a toujours eu, reprend Jacobs. Le vrai doute a toujours été sur son physique en réalité. Lorsqu’il était au centre de formation à Anderlecht, tout le monde avait cette question: est-ce qu’il ne fait pas uniquement la différence grâce à ça? Comment ça va se passer lorsqu’il va se retrouver à l’étage audessus? Je ne cache pas qu’à cette période, deux entraîneur­s de grandsg clubs européensp m’en avaient parlé et avaient les mêmes interrogat­ions.” s.”

Puis Ariël Jacobscobs a décidé de lancerncer Lukaku chez les grands nds à Liège au printemps 2009 009 dès qu'il a pu administra­tivementtr­ativement l'aligner. Il raconte aconte la suite: “Nous avons dû l’accompagne­r minutieuse­ment.ent. Il allait toujours à l’école, il avaitait des horaires aménagés, il ne pouvait pas suivre tous les entraîneme­nts, înements, mais le groupe l’a accepté ainsi.nsi. Romelu est quelqu’un de très ouvert, , qui a soif d’apprendre, qui voulait jouer uer tous les matchs, mais moi, je me devais vais de le protéger malgré le fait qu’il soit rapidement dement devenu le chouchou du public. Toutut est allé vite, très vite.” Si vite que quandnd Chelsea revient cogner à la porte à l'été té 2011, Romelu Lukaku ne

peut pas refuser. user. “Quand le club de ton coeur vient te chercher à dix-sept ans, c’est la combinaiso­n du coeur et de la raison, surtout qu’il a toujours rs adoré l’Angleterre. On a eu de nombreuses es discussion­s et ce n’était plus du sport, c’étaitait de l’humain. Je me suis fait l’avocat du diable.able. J’avais une peur: en cas de réussite, c’était était tant mieux, mais en cas d’échec? On a fait la liste des attaquants de Chelsea et, honnêtemen­t,onnêtement, il arrivait derrière Sturridge. Il était prêt à accepter le banc, mais il a eu cette ette phrase: ‘Coach, dans la

tribune, je meurs.'eurs.' Et il a pris le risque”, poursuit Jacobs.obs.

“J'aime tout ce qu'il fait sur le terrain””

Risque assumé.mé. Au total, entre 2011 et 2014, Lukakuu ne va jouer que quinze matchs avec Chelsea et ne plantera jamais un but. Le déclic,éclic, ce sera un prêt à West

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France