Interview star Anthony Lopes
Le gardien de l'Olympique lyonnais, champion d'Europe 2016 avec le Portugal, avait envie de déclarer sa flamme à son club de coeur.
Tu es né à Givors, dans la région de Lyon, on imagine facilement que déjà tout gamin, tu étais à fond derrière l'OL?
Très tôt oui, déjà dans ma famille, c’est pas mal tourné vers l’OL. Mes premiers souvenirs de foot remontent à tout petit, quand j’allais voir mon père jouer, et ensuite mes propres débuts à Chassesur-Rhône, dans le 38. Et ensuite Genis Football pendant trois ans, et enfin je suis arrivé à l’Olympique lyonnais à 10 ans. Mon premier match à Gerland, je devais avoir 5 ou 6 ans. La première génération, ce n’était pas encore le Grand Lyon, en 1996 c’est l’équipe d’avant, Gava, Maurice, Cocard, Carteron... La première vague qui a permis à tout le monde de grandir ensuite. Mes premiers souvenirs ne sont pas précis, je me souviens surtout que c’était dans le virage nord...
Tu intègres le club à 10 ans donc...
Oui, 9-10 ans, j’étais déjà gardien de but. J’ai toujours été gardien de but, en fait. Je suis allé à ce poste-là parce que mon père était gardien. De fil en aiguille, j’ai aimé et j’y suis resté. Je suis gardien depuis que je suis tout petit. Et quand j’arrive à l’OL, en 1999-2000, le gardien c’est déjà Grégory Coupet. J’ai beaucoup appris en regardant ses matchs, puis j’ai aussi eu la chance d’aller le voir à ses entraînements, cela fait progresser.
À l'époque, tu te dis: “Je serai pro, sans souci”, ou au contraire tu ne penses pas si loin?
Non, je n’ai pas pensé comme ça de suite, même si on sait qu’intégrer l’OL, c’est du sérieux. On se dit qu’être à l’Olympique lyonnais, il y a de belles choses au bout. Mais à 9 ans, non, je ne me disais pas que je serais professionnel plus tard. L’envie, c’était surtout de taper dans le ballon et plonger par terre. Surtout plonger par terre me concernant.
À l'époque, il y avait d'autres futurs pros dans ton équipe?
Non, pas dans ma catégorie, la génération 1990. Mathieu Gorgelin, ma doublure, est arrivé trois ans après. Lacazette, Tolisso, je les ai connus plus tard. Mais avec Alexandre, qui a un an de moins que moi, on a fait l’essentiel de nos classes ensemble après, car il était souvent surclassé. On n’a jamais été tous ensemble un noyau dur, mais il y a des liens qui se sont créés, des relations amicales, car on s’est connus assez jeunes.
Il y a des formateurs en particulier qui t'ont marqué durant cette époque?
J’ai toujours dit qu’Armand Garrido en U16 nationaux m’avait marqué, par sa personnalité. L’homme. Parce qu’on était très écoutés, c’était très professionnel. Tous les éducateurs que j’ai pu avoir ont contribué à m’amener où je suis, m’ont permis de progresser comme gardien. Avec Armand, on pouvait parler de tout, de l’humain, du professionnel.
L'une des réussites de la formation lyonnaise, au-delà de l'aspect technique, est d'avoir inculqué un réel amour de l'institution OL à un nombre important de jeunes joueurs...
Chaque joueur parti récemment, même des étrangers pas formés ici, est resté attaché au club. Parce qu’il s’agit d’un club
“J’ai toujours été gardien de but, en fait. Je suis allé à ce poste-là parce que mon père était gardien.”
extraordinaire, on ne peut que l’aimer. De l’extérieur, ce club est pas mal détesté, mais de l’intérieur, on ne peut que l’aimer, avoir un avis positif sur lui. Durant notre formation, il n’y avait pas une approche particulière pour nous inciter à aimer le club. C’est juste que l’on a grandi avec le Grand Lyon, cela a renforcé notre amour pour l’équipe. Les bons résultats, les grandes émotions, les joies que l’on a traversées au fil des années, c’est ça qui nous fait aimer ce club.
C'est quoi ton plus gros souvenir du Grand Lyon?
Je ne regardais pas que les gardiens, Juninho ne me laissait pas indifférent, même si c’est avec les gardiens que j’ai le plus de souvenirs. Le double arrêt de Greg (Grégory Coupet, ndlr) contre le FC Barcelone en Ligue des champions face à Rivaldo (le 10 octobre 2001, au Camp Nou), les grands matchs face au Real Madrid à domicile, les derbys...
Tu regrettes que cette équipe n'ait jamais passé le plafond de verre des quarts de finale en Ligue des champions?
Je pense qu’ils avaient la possibilité en 2006 quand ils ont affronté l’AC Milan. C’était vraiment l’équipe qui pouvait remporter la Ligue des champions. On a quand même eu la chance de faire une demi-finale quelques années plus tard contre le Bayern Munich (en 2010, ndlr). Ce sont de grands souvenirs.
“Chaque joueur parti récemment, même des étrangers pas formés ici, est resté attaché au club. Parce qu’il s’agit d’un club extraordinaire, on ne peut que l’aimer.”
Tu es très attaché à l'OL. Au point d'y faire toute ta carrière?
Je suis sous contrat jusqu’en 2020, cela veut dire encore deux ans et demi à évoluer sous ces couleurs. La suite, on ne sait pas ce qu’il peut se passer. En football, cela peut aller très vite. On a toujours le choix de partir ou rester. Après, le poste de gardien de but est compliqué quand on parle de marché des transferts. Si un gardien est installé dans un club et donne satisfaction, rien ne bouge. Dans chaque grand club actuellement, le gardien tient solidement sa place. On verra en 2020, mais l’Olympique lyonnais, c’est chez moi. Après, on n’est à l’abri de rien.
Les départs récents d'Umtiti, Tolisso, Lacazette, Gonalons... cela te rend nostalgique parfois?
Cela me fait repenser à pas mal de souvenirs, des moments de joie, de tristesse, plein de choses que l’on a vécues ensemble, parfois très compliquées. Mais je suis surtout fier de voir mes potes évoluer dans de très grands clubs. J’ai eu la chance de côtoyer longtemps en formation ou en pro de tels joueurs, et ce qui leur arrive aujourd’hui, c’est la juste récompense de leur travail. L’identité des clubs qui les ont recrutés prouve que la formation lyonnaise est extraordinaire. Il faut saluer tout le travail des éducateurs, dès les plus jeunes âges. Ce sont tous les éducateurs du club qui permettent aux joueurs qui arrivent dans le groupe pro d’être quasiment au niveau. Cela laisse présager encore de belles choses pour l’avenir.
La qualité de la formation lyonnaise a pu s'exprimer grâce à une période de contraintes économiques qui ont provoqué la fin du Grand Lyon...
C’est vrai, on est arrivés à une époque à laquelle c’était plus compliqué pour le club. Le club a su faire confiance aux jeunes, notamment sous la direction de Rémi Garde. Il a pris l’équipe, on sentait que c’était le moment pour nous, et on a pour beaucoup su saisir notre chance. Rémi Garde et aussi Bruno Génésio, qui a désormais l’équipe, c’étaient les entraîneurs idoines pour lancer des jeunes, car ils nous connaissaient déjà en CFA. Et Joël Bats a aussi compté pour moi, car j’ai partagé beaucoup d’entraînements avec lui, ce qui m’a permis d’en arriver où j’en suis.
“Je suis sous contrat jusqu’en 2020, cela veut dire encore deux ans et demi à évoluer sous ces couleurs. La suite, on ne sait pas ce qu’il peut se passer.”