ROMAIN DEL CASTILLO (NÎMES)
“J'AI APPRIS À GÉRER MES ÉMOTIONS”
La réussite d'un geste dépend souvent de l'état de confiance du joueur. Plus jeune, Romain Del Castillo, attaquant nîmois prêté par Lyon, avait tendance à sortir de son match après une passe ou une frappe ratée. Un défaut qu'il a appris à gommer. Une nécessité pour atteindre le haut niveau.
Dans quel domaine as-tu le plus progressé? Celui du mental. Avant, quand je ratais une passe ou un tir, je m’en voulais beaucoup. Il me fallait trois ou quatre minutes pour revenir dans un match, c’est beaucoup. Quand je recevais le ballon, je pensais encore à mon raté, je n’étais pas concentré, donc je ne faisais peut- être pas encore la bonne passe, et ensuite, ça créait une spirale négative. J’ai appris à gérer mes émotions, à faire avec. Si je rate quelque chose, je passe outre et je me concentre sur le prochain ballon.
Qu’est-ce qui te faisait gamberger? Je suis quelqu’un de perfectionniste. Je n’aime pas rater, mais j’ai compris que dans le football, il est impossible de réussir tout ce qu’on veut. L’année dernière, j’étais à Bourg- en-Bresse, et on a joué contre Tours. Il y avait 1-1 et juste avant la mi-temps, je fais une passe en retrait à mon gardien, un joueur de Tours l’intercepte et marque. À cette époque, je pense que j’avais déjà progressé dans ce domaine. Je m’en voulais un petit peu, mais la mi-temps m’a permis de me reconcentrer sur le match. Le coach m’a dit: “Oublie tout ça, c’est toi qui vas nous faire gagner.” J’ai pu marquer le but du 3-2, celui de la victoire.
Comment changer? Ça m’a pris beaucoup de temps, je pense que j’ai passé un cap depuis un an. Je ne montre plus beaucoup mes émotions, même si l’année dernière, je l’ai encore fait. Je me disais que lorsque je rate une passe, il ne faut pas faire de geste d’énervement, parce que ça peut également montrer à l’adversaire qu’on est en difficulté et il peut prendre le dessus sur nous. Les mauvaises choses, il faut les analyser après le match et totalement oublier la passe ou la frappe ratée, car la suivante peut faire tout oublier. Un joueur que tu as rencontré et qui t’a servi d’exemple? Alexandre Lacazette. Avant, on m’a dit qu’il avait le même problème que moi, et maintenant lorsque je regarde les matchs d’Arsenal, s’il rate une occasion, il ne montre aucune émotion, rien. Il attend simplement l’action suivante pour se rattraper.
Difficile tout de même avec la pression, le public. C’est sûr, surtout lors des premiers matchs, on a tendance à être impressionné par le public, mais il faut rester concentré sur le jeu et ne pas s’occuper de lui. Il est juste là pour nous regarder.
“Je n'aime pas rater, mais j'ai compris que dans le football, il est impossible de réussir tout ce qu'on veut.”