Pour les filles, l'objectif, c'est 2019
Effectif de qualité, niveau de jeu souvent excellent, clubs squattant le haut de l’affiche… Malgré ses nombreux atouts observés depuis de longues années, l’équipe de France féminine n’a encore jamais remporté de grandes compétitions. La Coupe du monde org
30juillet 2017, quarts de finale de l'Euro 2017. À Doetinchem, aux Pays-Bas, la France s'incline sur le plus petit des scores face à l'Angleterre (1-0). 12 août 2016, à São Paulo. Opposées au Canada, les Bleues tombent aux Jeux olympiques. Le score? 1-0. Quel tour? Quarts de finale. Encore: le 26 juin 2015, à Montréal. Après avoir mené jusqu'à la 84e minute contre l'Allemagne, les Tricolores sont évincées de la Coupe du monde aux tirs au but (1-1, 5-4). En quarts de finale, évidemment. 22 juillet 2013, c'est à Linköping, en Suède, que les Françaises se font sortir de l'Euro par le Danemark, après une séance de penaltys (1-1, 4-2)… en quarts de finale, bien entendu. Idem à l'Euro 2009 (élimination aux tirs au but face aux Pays-Bas). Et voilà comment l'une des meilleures équipes du monde se retrouve sans aucune ligne majeure inscrite sur son palmarès.
Effectif de qualité équilibré
Improbable, quand on sait que trois clubs du pays étaient présents parmi les quatre finalistes des deux dernières Ligue des champions, et qu'une seule finale du tournoi s'est jouée sans prétendant français depuis 2009. À l'instar de l'Espagne chez les hommes, qui a dû patienter près d'un demisiècle et une série de pénos contre l'Italie en 2008 pour retrouver l'odeur d'un dernier carré et d'une coupe, l'équipe de France
“Dans la gestion des instants-clés, on a un déficit émotionnel et psychologique.” Frédéric Née
semble donc attendre ce fameux déclic qui lui permettrait, enfin, d'imposer sa loi dans une compétition majeure. “Dans la gestion des instants-clés, on a un déficit émotionnel et psychologique. Trembler au mauvais moment, c’est récurrent chez nous, confirme Frédéric Née, qui a fait partie du staff de
l'EDF féminine jusqu'en septembre 2017. Il
manque encore ce déclic libérateur.” Ça tombe bien: le prochain Mondial étant organisé sur leurs terres, les Françaises auront l'occasion de se défaire de cette lose dès juin 2019.
Car, selon l'entraîneur, “c’est toujours bénéfique d’évoluer à domicile. Ça apporte un peu de pression, oui, mais ça peut surtout les transfigurer, les débloquer, les aider dans les moments importants, comme on l’a vu
avec les hommes”. D'autant que la bande de Corinne Diacre, toujours positionnée dans les six meilleures nations de la planète depuis 2014 selon le classement FIFA, peut s'appuyer sur d'autres atouts. Dotée d'un effectif de qualité équilibré, l'ex-coach de Clermont Foot dispose de deux joueuses d'exception en la personne des Lyonnaises Eugénie Le Sommer (meilleure buteuse du championnat de France 2017) et de Wendie Renard (nommée parmi les dix meilleures joueuses du monde), toutes deux vainqueurs de la dernière C1. “Il y a une colonne vertébrale bien établie qui constitue une véritable force”, assure Née. Sans oublier que depuis belle lurette, les Bleues sont connues pour proposer un football agréable à regarder, où les combinaisons s'enchaînent bien. Ce qui représente un avantage… si l'arbitrage le veut bien, estime l'ancien attaquant international passé par Lyon: “Durant l’Euro 2017, on s’est confrontés à des équipes qui jouaient à neuf ou dix derrière, avec énormément d’impact physique. Et à un arbitrage qui n’a pas favorisé le développement du jeu.”
Amicaux et nouveau projet
Or, les rivales pour le sacre 2019 sont d'ores et déjà affamées. Qu'on se le dise: les États-Unis (champions en titre et jamais éjectés du podium), l'Allemagne (octuple champion d'Europe qui a collé un 4-0 aux Françaises en amical le 24 novembre dernier) et les Pays-Bas (qui ont glané l'Euro l'été dernier avec leur Ballon d'or Lieke Martens) ont le ventre qui gargouille. Le Canada et le Japon aussi. Avec, pour certains d'entre eux, une supériorité à un poste fondamental. “Nos gardiennes de but ont du mal à se montrer décisives”,
rappelle en effet Née. Autre inconvénient: étant qualifiée d'office en tant que pays hôte, l'EdF va devoir se contenter de matchs amicaux en guise de préparation. Pas forcément une bonne nouvelle.
“C’est vrai que ça peut poser problème, les conditions ne sont pas du tout les mêmes,
reconnaît celui qui a remporté la Coupe des confédérations avec les Bleus en 2001.
Pendant ces rencontres, on peut par exemple faire six changements, contre trois en Coupe du monde. Les amicaux ne remplacent jamais la vraie compétition, il y a un réel décalage.”
Un fait qui n'est cependant pas rédhibitoire, comme l'équipe de France masculine ou les Néerlandaises l'ont prouvé lors des derniers championnats d'Europe. Reste donc à copier ces exemples pour les Bleues, dont les résultats récents s'avèrent mitigés (quatre victoires, puis une défaite et un nul). La faute à un certain manque de stabilité, le vestiaire ayant connu trois sélectionneurs différents depuis septembre 2016. “Je pense qu’on gâche un peu le travail réalisé jusqu’ici en procédant de cette façon. La dynamique peut s’en retrouver brisée, répond Née, parti en même temps qu'Olivier Echouafni. On avait su redonner une âme au groupe assez n. rapidement. Mais le président a choisi un ouveau projet.” Et si c'était ça, le déclic? TOUS PROPOS RECUEILLIS PAR FC.
“L’équipe de France féminine a une colonne vertébrale bien établie qui constitue une véritable force.” Frédéric Née