Dossier Marseille la classe européenne
Quel que soit son résultat en quarts de finale de C3 contre le RB Leipzig, l'OM aura été le dernier club français en lice cette saison en Coupe d'Europe.
Alors que le PSG réclamait l’union sacrée de toute la France du football à l’approche du huitième de finale retour contre le Real Madrid, c’est finalement l’OM qui s’impose comme dernier représentant de la Ligue 1 sur la scène européenne. Quart de finaliste de la Ligue Europa, Marseille a tout simplement la Coupe d’Europe inscrite dans son ADN.
Après les huitièmes de finale de la Ligue des champions et de la Ligue Europa, l'Olympique de Marseille est le dernier club français encore en lice en Coupe d'Europe cette saison. Et ça, pas grand-monde ne l'aurait parié au mois d'août. Ceux qui se font du mouron pour l'indice UEFA de la France plaçaient plutôt leurs espoirs en d'autres clubs. Le PSG pour commencer, auto-proclamé “nouveau
grand d’Europe”, en quête d'un parcours référence en Ligue des champions depuis maintenant six ans. Mais également l'AS Monaco et l'Olympique lyonnais, respectivement demi-finalistes de la Ligue des champions et de la Ligue Europa la saison dernière. Résultat, Paris et Lyon ont sauté en huitièmes de finale, et Monaco n'a même pas passé les poules. Quant aux Marseillais, qui font leur retour sur la scène européenne après un an d'absence, ils se sont qualifiés avec brio pour les quarts de finale de C3 contre le RB Leipzig (aller le 5 avril, retour le 12 avril, ndlr).
Et apparemment, ce début de petite épopée a l'air de donner des idées aux Marseillais. Après la probante qualification
contre l'Athletic Bilbao à la mi-mars, les hommes de Rudi Garcia ont affiché de réelles ambitions. “La mentalité française fait qu’on ne se croit pas capables de gagner la Ligue Europa, mais il ne faut pas avoir honte de rêver. C’est possible, j’aimerais vraiment aller au bout”, expliquait Adil Rami, quand Florian Thauvin parlait lui de “belle aventure” qui “ne sera magnifique que si on la gagne”. Maxime Lopez, qui a retrouvé du temps de jeu grâce à ses performances
en Coupe d'Europe, affirme que “sur deux matchs, nous sommes capables de passer à chaque fois. On est tombés sur deux belles équipes, mais on est passés. Il faut jouer la Ligue Europa à fond et essayer d’aller au bout”. Des déclarations ambitieuses, qui se ressentent dans les compositions d'équipes alignées par Rudi Garcia en Coupe d'Europe. Oui: depuis fin juillet et son entrée en lice, l'OM a toujours joué cette compétition à fond.
Le parcours sans faute
Mais l'OM peut-il réellement aller au bout? En tout cas, jusque-là, le parcours marseillais est sans encombres. Après deux tours préliminaires parfaitement négociés, Marseille sort des poules en donnant le strict minimum, sans cramer trop d'énergie à l'entame d'une saison qui s'annonce pourtant très longue. Les plus sceptiques trouvent dommage d'avoir laissé la première place au Red Bull Salzbourg, censé être prenable – même si les Autrichiens ne sont pas n'importe qui et élimineront le Borussia Dortmund en huitièmes. “Pour le moment, ils ont quand même de la réussite dans le tirage au sort, juge Rolland Courbis, qui a mené l'OM en finale de Coupe de l'UEFA en 1999. Je suis le parcours de Marseille avec beaucoup d’affection, on se demande si ce n’est pas la bonne étoile et la célèbre chance de Deschamps qui les accompagnent depuis le début.” En seizièmes et en huitièmes de finale, les hommes de Rudi Garcia ont en effet facilement éliminé Braga, modeste quatrième de Liga Nos, et l'Athletic Bilbao, à la dérive cette saison en Liga (13e au 30 mars 2018, ndlr).
Des tirages plutôt favorables, puisque Marseille a réussi à éviter des ogres comme la Lazio, Arsenal, Dortmund, Naples ou l'Atlético, mais aussi le signe d'une vraie progression de l'OM depuis l'arrivée de
Frank McCourt. Car ce même Sporting Braga avait justement battu l'OM en poule il y a deux ans, tandis que Bilbao avait carrément éliminé le club phocéen en seizièmes. À peine deux ans plus tard, Marseille n'a tremblé à aucun moment face aux Basques, en gagnant à l'aller et au retour. Une sérénité sur la scène européenne qui permet aux Marseillais d'aborder son quart de finale contre le RB Leipzig avec ambition. Si le vicechampion d'Allemagne peut faire peur avec son équipe jeune et talentueuse qui a roulé sur l'AS Monaco en début de saison et sur le Bayern Munich le 18 mars (victoire 2-1), Marseille ne doit pas rougir. “Quand on veut gagner une Ligue Europa, si on est catastrophé quand on tombe sur le sixième de Bundesliga, ça ne sert à rien”, assure Rolland Courbis. “À jamais les premiers” La réalité, c'est que Marseille tient là sa plus grosse opportunité depuis des années de renouer avec la Coupe d'Europe. Et ce serait valider le début du nouveau “Champions project” marseillais de McCourt et Jacques-Henri Eyraud, qui compte refaire de l'OM un club important sur la scène européenne. Or, la dernière fois que l'OM a atteint les quarts de finale d'une compétition européenne, c'est grâce à un contrôle du dos de Brandão contre l'Inter en 2012. Une anomalie pour le meilleur club français en Coupe d'Europe, galvanisé par de régulières épopées. Il y a eu, entre autres, l'OM flamboyant de Bernard Tapie dans les années 1990, avec une victoire et une finale de Coupe des clubs champions, mais aussi l'OM laborieux de Didier Drogba en finale de Coupe de l'UEFA en 2004.
“Ce lien fort entre l’OM et la Coupe d’Europe, il s’explique tout simplement parce que du côté de Marseille, on a réussi à la gagner. Il faut des gros parcours pour tomber amoureux de la Coupe d’Europe. À Saint-Étienne aussi, on a même descendu les Champs-Élysées en ayant perdu la finale. Le fait d’y avoir goûté, ça rend accro”, théorise Rolland Courbis. En 1999, c'est d'ailleurs lui qui qualifie Marseille pour la Ligue des champions pour la première fois depuis le titre de 1993. De quoi raviver la mémoire des supporters, nostalgiques des belles soirées. “La vraie histoire entre l’OM et la Coupe d’Europe, ce n’est pas avec la Ligue Europa, c’est avec la Ligue des champions. La Ligue Europa, c’est la consolante, comme à la pétanque, raille
Courbis. Mais bon, aujourd’hui la C1 est trop relevée. Pour renouer avec l’Europe, Marseille doit se contenter de l’Europa, c’est vrai.”
“La mentalité française fait qu’on ne se croit pas capables de gagner la Ligue Europa, mais il ne faut pas avoir honte de rêver.” Rolland Courbis
Un calendrier chargé
Seul problème, le 18 mars, Marseille a perdu à domicile face à Lyon en championnat. Alors qu'ils pouvaient prendre huit points d'avance sur la quatrième place face à un adversaire dans le doute, les Phocéens ont laissé les Lyonnais revenir à deux points. La lutte pour le podium et la qualification en Ligue des champions, objectif principal de l'OM, sera donc intense jusqu'au bout. “Si Marseille avait battu Lyon, ce serait un objectif intelligent de jouer la Ligue Europa à fond, quitte à laisser des plumes en Ligue 1. Là, je ne sais pas. Marseille a eu un très gros calendrier ces derniers temps. S’ils se retrouvent sans rien à la fin de saison, ça va faire mal”, juge Courbis, qui pointe du doigt les récentes blessures et méformes d'hommes forts comme Florian Thauvin, Luiz Gustavo, Adil Rami ou Hiroki Sakai. “Je rêve que l’OM gagne la Coupe d’Europe à Lyon”, déclarait Jean-Michel Aulas il y a quelques semaines. C'est faux, bien entendu. En revanche, si Marseille avait la bonne idée de passer contre Leipzig, histoire de continuer à dépenser son énergie en Coupe d'Europe, nul doute l.' que cela ne déplairait pas au président de
Olympique lyonnais. PROPOS DE RC RECUEILLIS PAR KC
“Quand on veut gagner une Ligue Europa, si on est catastrophé quand on tombe sur le sixième de Bundesliga, ça ne sert à rien.” Rolland Courbis