Mais pourquoi tant de haine?

Steaua Bucarest vs Dinamo Bucarest, quand la capitale roumaine s'enflamme.

Le Steaua, équipe de l'armée, contre le Dinamo, celle de la police: la rivalité qui oppose les deux équipes phares de Bucarest reflète les antagonismes qui existaient entre les différents ministères du parti communiste roumain. Une opposition qui perdure encore aujourd'hui, malgré le retour du pays à la démocratie en 1989.

À la fin des années 1940, la Roumanie entame une nouvelle ère. En premier lieu politique, puisque les communistes prennent le pouvoir en 1947. Mais aussi sportive, lorsque le parti communiste fait main basse sur les industries et entreprises en tout genre du pays. Le monde du football n'y échappe pas, et de nombreuses équipes commencent à disparaître. Elles sont alors remplacées par de nouvelles formations, sous contrôle direct de certains ministères de l'État. C'est ainsi que naît en 1947 le Steaua Bucarest, équipe créée à l'initiative du ministère de la Défense, qui commande l'armée. Un an plus tard, le Dinamo Bucarest voit le jour, une formation qui bénéficie pour sa part du soutien du ministère de l'Intérieur, qui administre la police. Rivaux notoires, ces deux départements d'État se livrent une lutte d'influence dans les hautes sphères du pouvoir. L'antagonisme Steaua-Dinamo débute ainsi, chacun des deux clubs voulant illustrer la supériorité de son ministère de tutelle. Bénéficiant d'un soutien financier et logistique public, les deux équipes dominent à tour de rôle la scène nationale, remportant à elles deux 44 des 67 éditions du championnat roumain depuis 1950. De quoi susciter une rivalité indélébile entre les supporters des deux camps, qui subsiste encore aujourd'hui, en dépit de l'effondrement du régime communiste roumain en 1989.