So Foot Club

1. Diego Maradona

ARGENTINE

- SIMON CAPELLI-WELTER, AVEC LIANE MEIRA COUTO

Diego Maradona est LE joueur le plus Coupe du monde qui soit.

Il en est à la fois son représenta­nt le plus talentueux et le plus vicieux, son héros absolu comme son banni le plus célèbre, son ange et son démon.

Idole absolue de l'Argentine depuis 1986, double bourreau de l'Angleterre depuis la même année; ennemi de l'Italie hors Napoli depuis cette demie de 1990, puis victime de l'Allemagne dans la finale qui suit; revenu de l'enfer en 1994, avant de se faire exclure comme un malpropre du tournoi: Diego a tout connu lors de cette compétitio­n. Mieux, il lui a fait tout connaître. Ses plus profondes larmes, ses plus grands sourires, ses buts les plus mythiques. Ses plus belles émotions.

C'est en 1982, sur le sol espagnol, que Diego fait ses premiers pas en Coupe du monde. Si le parcours de l'Argentine est loin d'être brillant (éliminée au second tour), Maradona montre déjà son côté obscur, avec ce coup de pied dans le ventre du Brésilien Batista, à cinq minutes de la fin. Expulsé, il quitte le terrain, la tête basse, avant de faire un come-back triomphant, quatre ans plus tard.

En 1986, l'Albicelest­e n'est pas la plus séduisante de l'histoire, mais elle peut néanmoins compter sur son joyau. Diego ne se fait pas prier, et va faire de cette Coupe du monde sa compétitio­n, celle qui lui permettra d'entrer dans l'histoire. Et surtout d'y rester à jamais. Sous le brûlant soleil du Mexique, Maradona va devenir un demi- dieu. Coup sur coup, Diego marque deux buts d'anthologie dans ce quart de finale contre l'Angleterre: le fameux but de la main de Dieu, puis un slalom endiablé, comme s'il était possédé. D'ailleurs, selon Terry Fenwick, défenseur anglais ridiculisé sur l'action, Maradona était possédé. “J’essaie bien de le freiner un peu avec mes bras, mais en passant, Maradona tape dessus violemment comme pour me dire: ‘N'y pense même pas!' Sur ce coup, j’ai senti qu’il était habité. C’était son match.”

C'était tellement son match que Diego a pu y montrer toutes ses facettes, pourtant nombreuses, avec un but aussi vicelard que l'autre est plein de grâce. L'amour et la violence, mais derrière un seul et même homme, dans toute sa dualité. Aussi opposés soient ses deux buts, l'un comme l'autre ne pouvaient être l'oeuvre que d'une seule et même personne: Diego Armando Maradona.

Si Maradona ne laisse personne indifféren­t, c'est parce qu'il ne laisse pas le choix. Diego est trop humain, trop paradoxal, trop entier, trop tout. Mais surtout, bien trop fort.

Comme peut en témoigner sa plus grande victime, Peter Shilton, le gardien de l'Angleterre, qui a donc encaissé ce malin but de la main, puis ce slalom divin, et qui n'en revient toujours pas vraiment: “Il réussit tout ça à la vitesse de l’éclair sans même décélérer un peu. C’est tout bête, mais c’est un truc hyper dur à réaliser, unique, on ne s’en rend pas toujours compte. D’habitude, il y a une rupture soit dans la direction comme pour Messi ( face à Getafe), soit dans la feinte de frappe. À la vitesse où il allait, l’option la plus normale aurait été d’enrouler un petit intérieur vers mon poteau droit, comme Thierry Henry le fait si bien. C’est pour ça que je pense avoir bien joué le coup. S’il frappait, j’avais bien bouché mon angle et s’il dribblait, il aurait dû se déporter et se serait désaxé comme Lionel Messi. Mais il faut croire que Maradona est bien plus fort qu’Henry et Messi…” Il faut croire Peter Shilton.

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