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Paris a grandi

Bourreau du FC Barcelone en huitièmes puis du Bayern en quarts, le PSG a atteint pour la deuxième année consécutiv­e les demi-finales de Ligue des champions. Et s’ils se sont fracassé les dents sur le mur Manchester City, les Parisiens peuvent s’enorgueill

- PAR ALEXANDRE AFLALO

Les larmes de Lisbonne à peine séché sur les joues parisienne­s, il fallait déjà se remettre en selle. Une paire de bonnes claques sur les joues pour se réveiller, un bon cri de guerre pour se remobilise­r, et hop: en un claquement de doigts, il s’agissait de se remettre d’une défaite lors de la première finale de la

Ligue des champions de son histoire et de se mettre dans les meilleures conditions possibles afin de retenter sa chance. Covid oblige, le Paris Saint-Germain a sans doute vécu l’année la plus longue de son histoire: confinemen­t, finales de coupes fin juillet, Final 8 de la C1 en août, puis seulement une semaine de vacances après la défaite face à Munich. Paris était brisé physiqueme­nt, défait, essoufflé, mais Paris espérait: s’ils ont réussi à le faire une fois, pourquoi pas deux?

Phase de groupes: des larmes aux rires

La saison européenne du PSG s’est ouverte le 20 octobre par une affiche de gala au Parc, et la réception de Manchester United. Tête d’affiche d’un groupe très relevé avec le RB Leipzig, que Paris avait croisé en demi-finales lors du Final 8, et l’İstanbul Başakşehir, les Red Devils étaient déjà venus Porte d’Auteuil deux ans plus tôt. Pour y obtenir, en sous- effectif, une qualificat­ion inespérée, acquise à la dernière seconde sur un penalty de Marcus Rashford. L’occasion d’une revanche pour le PSG? Pas vraiment. À la 87e minute d’un match où Parisiens et Mancuniens se tenaient 1-1, les Anglais infligeaie­nt à Paris une défaite en ouverture.

Commencer la saison européenne par un revers est rare pour le PSG, mais ce qui l’est encore plus, c’est de le voir troisième de son groupe à mi-parcours, avec 2 défaites en 3 matchs. En effet, après un étroit succès glané à Istanbul (0-2) et une défaite sur le terrain de Leipzig (2-1), Paris ne compte alors que trois points. Pas assez pour être enterré, mais suffisant pour paniquer.

Dos au mur, les Parisiens vont battre in extremis Leipzig (1-0) et souffler un peu, avant de s’offrir un succès de mammouth à Old Trafford (1-3). Au soir de la dernière journée, Manchester, Leipzig et Paris se tiennent à 9 points. Et alors que Leipzig fait tomber Manchester ( 3-2) et l’envoie en Ligue Europa, Paris fait sauter Başakşehir ( 5-1), dans un match qui aura constitué l’un des moments forts de la saison. Interrompu­e en raison de propos racistes supposémen­t prononcés par le quatrième arbitre Sebastian Coltescu à l’encontre d’Achille Webo, entraîneur adjoint du club stamboulio­te, la rencontre a été reportée au lendemain. Mal embarqué, Paris finit premier de son groupe. Ce qui ne l’empêche pas, comme en 2013, 2015 et 2017, de retrouver le FC Barcelone sur son parcours.

Le spectre de la remontada et le scalp du Bayern

Ces six matchs auront particuliè­rement accentué une absence: celle de Kylian Mbappé. En souffrance, le numéro 7 parisien était, en phase de groupes, resté muet jusqu’au retour contre Başakşehir. Sauf que les grands joueurs comme lui

n’ont faim que de grands matchs. Et son tonitruant début d’année 2021 a offert au PSG l’un de ses plus grands exploits européens: s’offrir le scalp, coup sur coup, du FC Barcelone en huitièmes et du Bayern Munich en quarts. Les deux doubles confrontat­ions, en plus d’être des accompliss­ements collectifs, sont marquées du sceau du gamin de Bondy, auteur de ce qu’on peut clairement appeler des masterclas­s. Au Camp Nou, lors du huitième aller et en l’absence de Neymar blessé, KM est insaisissa­ble et inscrit un phénoménal triplé pour une victoire 4-1. Au retour, dans un match beaucoup plus compliqué, c’est lui qui inscrit le seul but parisien du match sur penalty.

Hanté par la remontada depuis 2017, pointé pour ses faiblesses mentales, Paris a réussi à exorciser, un peu, cet encombrant démon. Pour mieux en défier un autre au tour suivant: le Bayern Munich, celui-là même qui l’avait privé du Graal en août et qui l’attend confiant et goguenard. Ce coup- ci, un grand Mbappé n’aurait pas suffi. Heureuseme­nt, Paris a également pu compter sur un collectif exceptionn­el: sur ces 180 minutes qui compteront parmi les plus belles de Ligue des champions lors de ces dernières années, Parisiens et Bavarois se sont livré un immense duel physique et tactique. Sous une tempête de neige à Munich au match aller, la bataille ressemblai­t à un affronteme­nt digne d’un film médiéval, épique, intense, tragique. Assiégé par le Bayern, Paris a su courber l’échine sans céder, pour mieux piquer en contre. 3-2 score final, grâce à un nouveau doublé de Mbappé, dont la vitesse a fait très mal à la défense bavaroise, et à un but de Marquinhos servi par une inspiratio­n géniale de Neymar. Certes défait au retour (0-1), Paris a quand même éliminé le tenant du titre, tenant là un exploit fondateur. Ça tombe bien, un autre gros morceau se présentait alors en demies: Manchester City.

Cartons rouges et marche trop haute

Le défi était beau, immense lui aussi. Écarter le City de Guardiola après le Barça et le Bayern, rien que ça, et la perspectiv­e d’un parcours de rêve avec une finale à gagner contre le vainqueur de RealChelse­a pour s’offrir le titre. Mais en face, les Skyblues, leur Kevin De Bruyne, leur Riyad Mahrez, leur Rúben Dias étaient aussi en quête de leur grande première. Devant City, Paris a perdu son football et sa tête. Avec un Mbappé diminué à l’aller et absent au retour, il n’avait plus son buteur des grands soirs, son talisman. Les 45 premières minutes du match aller ont beau avoir été parmi les plus accomplies de la saison parisienne, les 135 suivantes ont été une bouillie de football, avec deux rouges (Gueye à l’aller, Di María au retour) pour des gestes de frustratio­n idiots. Finalement, Paris a été battu (2-1, 2-0), sèchement, par un adversaire tout simplement meilleur, mieux armé et mieux organisé. Sans s’être vu trop beau, le PSG ne s’est pour autant pas donné les moyens de l’être un peu plus qu’il ne l’est vraiment. Son brillant parcours, une véritable éclaircie dans cette bien terne saison de Ligue 1, aurait sans doute mérité mieux qu’un stop brutal en demies. Finalement, il laisse autant de regrets que de promesses, à commencer par le fait que cette équipe est en train d’accumuler une expérience inestimabl­e pour finir, à force de tourner autour, par remporter cette fameuse finale de Ligue des champions. Cette expérience qui pourrait permettre au PSG de ne plus avoir à coûte que coûte dominer ses adversaire­s sur le terrain, car elle lui permettra de prendre un peu l’avantage dans les têtes, à commencer par la sienne.

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L’éliminatio­n du Bayern restera comme un réel fait d’armes.

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