“On termine plus tôt le samedi”
Pierre-Louis, gérant de l’hôtel Chez Walter
Zlatan, Drogba, Zidane, Ginola… Pas la peine de chercher: toutes les stars passées en première division, ou presque, ont déjà essayé les confortables matelas de l’hôtel Chez Walter. C’est simple, depuis 1977-1978 et l’épopée européenne du Sporting jusqu’en finale de coupe UEFA, quand on se
déplace à Furiani, on dort Chez Walter. “Sur dix-neuf équipes de ligue 1, une seule n’est pas venue chez nous la saison dernière, pose Pierre-Louis,
qui a repris l’affaire tenue par Walter, son père. À l’origine, il n’y avait pas énormément d’hôtels à Bastia. Et puis, il y a un côté pratique puisqu’on est situés à côté de l’aéroport et du stade. Aéroport-Chez Walter-Furiani: certains joueurs n’ont connu que ce triangle lors de leur passage en Corse!” Son succès, l’établissement aux murs décorés par de grands fanions le doit aussi à la qualité de ses services. Le bouche-à-oreille a fait le reste. “Dans les staffs actuels, on retrouve beaucoup d’anciens joueurs des années 1970-1980 qui sont maintenant entraîneurs, directeurs sportifs, voire présidents. Ça leur a plu quand ils venaient jouer, donc ils reviennent”, explique le gérant de 55 ans. Et voilà comment ce mordu de foot s’est déjà retrouvé accoudé au bar avec des coachs comme Laurent Blanc ou Bernard Lacombe pour déguster du vin corse et parler tactique. Ou même d’identité: “Lorsque Unai Emery a débarqué en août l’année dernière, son adjoint m’a dit: ‘Nous les Basques, on est comme les Corses!’” Malheureusement pour Pierre-Louis, ces bons moments appartiennent au passé.
Au-delà de l’ambiance foot envolée avec la relégation du Sporting, le compte en banque de Chez Walter tire un peu la tronche. “Sur des périodes
touristiques, ce n’est pas un problème. Mais hors saison…, grimace Pierre
Louis. C’est simple: une semaine sur deux était rythmée par les demandes
du club qu’on recevait. On s’y mettait dès le lundi.” En ajoutant le passage des supporters, la venue des journalistes et la consommation des curieux, le Corse estime la rentrée d’argent pour un match de foot pro à domicile à 10 000 euros. Soit une somme totale annuelle de près de 200 000 euros quand on multiplie le chiffre par les dix-neuf journées de ligue 1, sans prendre en compte les rencontres de coupe. “C’est dur… On était préparés au National, mais pas à la cinquième division!”, encaisse celui qui ne s’est séparé que “d’une ou deux personnes”. Le point positif? “On est un peu plus tranquilles, on termine plus tôt le samedi”, sourit le patron. Maigre consolation: Chez Walter accueille désormais les adversaires du Sporting évoluant en National 3. Pour un tarif beaucoup plus bas. “Avec les pros, on nous réclamait des buffets énormes. Qui n’étaient d’ailleurs pas touchés à 90 %, mais qu’il fallait respecter. Cinq salades différentes, dix desserts divers, trois ou quatre types de viandes…”, note-t-il. Sans oublier la publicité que certains affichaient sans même s’en rendre compte. “Ce qu’apporte le foot et tout ce qui gravite autour n’est pas quantifiable. Quand le PSG choisit notre établissement, ça participe à l’image de marque. Et quand Paganelli crie dans un micro que ‘C’était super Chez Walter’, je me demande toujours: ‘Combien ça rapporte, ça?’” On ne sait pas trop Pierre-Louis, mais en tous les cas “on te le souhaite”.