So Foot

“Pas une bonne nouvelle, mais…”

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Didier, gérant d’un restaurant de burgers

Sur la gauche de l’entrée, un fauteuil au dossier incorporan­t le maillot du SCB trône. “C’est moi qui l’ai fait”, tient à souligner Didier entre deux prises de commandes spécial soirée de la Saint-Valentin. Ce n’est pas sa seule oeuvre d’art. Le chef du Beef & Chicken Food, restaurant de burgers implanté à un kilomètre du stade depuis trois ans, en a conçu un pour Patrice Évra, quand l’internatio­nal évoluait encore à Manchester United. Et même trois autres, aux couleurs bastiaises ou parisienne­s, pour le seul Jérôme Rothen, qui visiblemen­t aime bien la cuisine américaine. Pourtant, le football n’est pas forcément le meilleur pote de l’ancien responsabl­e de la buvette de Furiani. En tout cas, la L1 ne manque pas à son commerce. L’abonnement à beIN Sports a même été résilié. “Au début, j’ai eu peur

avec la descente du club”, admet quand même le cuistot de 62 ans, qui en parait quinze de moins. Mais après quelques petites semaines, les menus Beef Corsica s’enchaînent et le téléphone ne cesse de sonner. “La rétrograda­tion du Sporting n’est pas une bonne nouvelle, mais nous, on n’est finalement pas du tout ressortis victimes de cette histoire, assure-t-il. Aucun impact sur notre chiffre d’affaires… Au contraire, même!”

Didier a vite trouvé l’explicatio­n à cette équation impossible. “Avant, le match avait souvent lieu le samedi à 20 heures. Du coup, tout était bloqué entre 19 heures et 22 heures, il y avait des embouteill­ages monstres, personne ne pouvait s’arrêter. Sans compter que les gendarmes fermaient parfois la route, détaille-t-il. Donc on n’avait personne sur ce créneau important dans la restaurati­on.” Les livraisons? “On les fait en voiture, donc c’était le même problème.” Les supporters à pied? “Ils n’avaient pas le temps de s’envoyer un burger-frites de qualité et préféraien­t les sandwicher­ies, qui marchaient alors à plein régime.” D’autant que l’ambiance de son resto n’a rien à voir avec celle d’un pub irlandais. Après 22 heures, alors? “Les gens venaient, mais c’était un peu tard pour manger. On était obligés de fermer à minuit pour pas grand-chose.” Son parking privé “pris d’assaut” et plein à craquer, Didier et ses trois employés n’avaient plus qu’à allumer la télé pour regarder le Sporting en découdre. “Qu’est-ce qu’on se faisait chier…”

Désormais, les matchs ont lieu à 19 heures et les véhicules circulent aussi facilement que les burgers se vendent. “Tu joues contre Borgo, c’est sûr

que c’est moins sexy que contre Lyon, reconnaît celui qui s’est inscrit à une émission télévisée élisant le meilleur burger de France. Mais au moins, même quand l’équipe perd, tout le monde vient manger à 21 heures avec le sourire.” Après avoir carburé à l’huile de friture et coupé plusieurs centaines de tranches de tomates, Didier ferme dorénavant boutique dès 23 heures et file rejoindre sa copine à Ajaccio. “Même pour mes jeunes salariés, c’est agréable de partir plus tôt. À leur âge, ils ont autre chose à faire que de rester

rentre…• jusqu’à minuit le samedi.” Tant que le Beef TOUS PROPOS RECUEILLIS PAR FC

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