So Foot

Gros Perso.

Considéré comme un emmerdeur de première par ses adversaire­s de L1, l’ancien milieu lyonnais est aujourd’hui un incontourn­able de l’entrejeu du Bayern Munich et de l’équipe de France. En cours d’allemand en revanche, Tolisso est comme tout le monde, il ga

- JUCHA, À MUNICH / PHOTO: PICTURE-ALLIANCE/DPPI RECUEILLIS PAR NICOLAS

Déjà incontourn­able dans l’entrejeu du Bayern Munich, Corentin Tolisso est un peu moins à l’aise en cours d’allemand. Échange linguistiq­ue.

JE NE SAIS PAS COMMENT L’ EXPLIQUER, MAIS J’ AI TOUJOURS BEAUCOUP TRAVAILLÉ, MÊME à L’ ÉCOLE.

C’est grâce à mes parents. Quand j’étais petit, je me disais: “J’espère que je ne passerai pas le bac, que je serai pro

avant.” Je voyais ça comme une épreuve insurmonta­ble. Avec un bac, tu ne peux pas faire grand-chose, mais tu peux aller à la fac, faire des études supérieure­s, et mes parents m’ont fait comprendre que c’était une base importante. Au final, j’ai eu mon bac ES avec une moyenne de 12,44, donc mention assez bien.

JE NE SAIS PLUS DANS QUELLE MATIÈRE JE M’ÉTAIS INSCRIT à LA FAC DE LYON.

La première fois où je devais aller en cours, j’ai été convié à m’entraîner avec les pros. Du coup, je n’y ai jamais mis les pieds. Jusquelà, ça avait été gérable de concilier les deux, mais une fois pro, les entraîneme­nts te poussent à louper des cours, il faut rattraper, tu abandonnes facilement… D’ailleurs, quand j’ai signé mon premier contrat, je me suis dit: “Je ne me concentre plus que sur le foot, j’essaie de devenir quelqu’un…”

CE QUE FAIT AULAS à L’OL, C’ EST INCROYABLE.

Il est parfait dans sa manière de gérer l’équipe. Avec lui, on a appris à défendre les couleurs de Lyon quoi qu’il arrive, à toujours être fiers d’être Lyonnais. À une époque où c’était plus difficile, je pense qu’il faisait exprès de faire des déclaratio­ns chocs pour que la pression retombe sur lui plutôt que sur nous. Chaque fois que ça arrivait, je me disais: “C’est un

président hors pair.” Il dégage un vrai truc.

LE REFUS DE LA DÉFAITE, C’ EST QUELQUE CHOSE QUE J’ AI TOUJOURS EU AU FOND DE MOI.

À l’OL, on m’a enseigné la technique, une méthode de travail, mais on m’a aussi appris à ne jamais abandonner mentalemen­t. L’OL est un vrai centre de formation: on nous donne les clés pour gagner des titres, faire une belle carrière, jouer le plus de matchs possible et intégrer l’équipe de France.

AU BAYERN, NOMBREUX SONT CEUX QUI ONT REMPORTÉ UNE LIGUE DES CHAMPIONS OU UNE COUPE DU MONDE.

Ils ont tout gagné, mais même pendant les petits jeux à l’entraîneme­nt, ils sont toujours à 100 %, le niveau est extrêmemen­t élevé. Le fait que personne ne veuille perdre un tennis-ballon, ça m’a marqué à mon arrivée. C’est ça, les grands joueurs.

LE “TRAVAIL INVISIBLE” EST TRÈS IMPORTANT.

Tout le monde est pro ici, chacun sait ce qu’il doit faire, comment manger, comment dormir chez soi, ce qu’il faut faire quand il n’y a pas entraîneme­nt, ce que l’on fait en salle… Ce travail invisible pour moi, en ce moment, c’est trente minutes d’allemand chaque matin. Le reste du temps, je fais des massages, de la prévention, du gainage… L’ALLEMAND N’EST PAS LA LANGUE LA PLUS FACILE à APPRENDRE.

Le verbe en deuxième position ou en dernière dans la phrase, c’est déroutant. Le “das” aussi. Ça, c’est soit tu sais, soit tu ne sais pas. Il n’y a pas de technique, il faut savoir par coeur. Et ce “das”, ce neutre, n’existe pas en français. Le datif, l’accusatif, le nominatif, ça aussi c’est compliqué,

“ein” ou “einen”… Si je fais ce type d’erreur, les gens me comprennen­t quand même, mais je veux pouvoir échanger plus avec mes coéquipier­s, avec le coach et même avec les supporters. Comprendre les gens, pouvoir parler avec le vendeur quand je vais acheter des vêtements ou avec le serveur au restaurant, c’est la base.

“L’allemand n’est pas la langue la plus facile à apprendre. Le verbe en deuxième position ou en dernière dans la phrase, c’est déroutant. Le ‘das’ aussi”

QUAND TU VIENS DANS UN CLUB ET QUE L’ ENTRAÎNEUR QUI T’ A FAIT VENIR EST REMERCIÉ, TU TE POSES DES QUESTIONS.

“Comment ça va se passer? Est-ce que Heynckes va m’aimer? Est-ce qu’il va apprécier mon jeu?” Au début, c’était compliqué, mais avec le temps, il m’a fait confiance. Heynckes sait que je suis capable d’être efficace dans la surface. Si je suis dans une situation où je peux frapper, je dois frapper. Pour communique­r aussi, c’était plus compliqué avec lui qu’avec Ancelotti, qui parle français, même si ces derniers temps, on a échangé avec l’aide d’un traducteur. Quand il n’y en a pas, je ne comprends pas tout ce qu’il me dit mais je perçois les grandes lignes.

QUAND TU T’ IMPOSES AU BAYERN, TU VEUX ALLER Où APRÈS?

Éventuelle­ment au Real. Mais si tu réussis au Real, tu ne peux qu’aller dans un club comme le Bayern. Tu réussis ici, tu réussis une carrière. Je pourrais faire toute ma carrière ici… Franck Ribéry s’y est imposé, et il fait partie des meilleurs ailiers du foot moderne. Il a marqué son époque, comme Robben, comme Lewandowsk­i, comme Müller. Ils ne sont pas partis parce que, à un moment, c’est évident qu’on est dans un grand club qui se bat chaque année pour gagner la ligue des champions. Bah ouais, c’est le Bayern! On peut avoir quoi de plus?

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Pas mal le nouveau third de Bordeaux.

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