So Foot

Romain Alessandri­ni.

- Propos recueillis par Ronan Boscher, à Beverly Hills / Photos: Naomi Harris pour So Foot, Iconsport et Zuma/Panoramic

Il venait de toucher aux Bleus, puis son genou a flanché. Il signait enfin pro dans sa ville, Marseille, puis son pied et Bielsa l’ont lâché. Trop pour le gaucher, qui a choisi l’exil ensoleillé à Los Angeles pour se retaper. C’est moins bien qu’une coupe du monde en Russie, mais toujours mieux que Gueugnon.

“Sur Hollywood Boulevard, Venice Beach ou Santa Monica, l’atmosphère est bizarre: ça traîne, t’as des clochards, et plein de touristes qui font leurs selfies avec des SDF à leurs pieds”

T’as pu faire ton touriste depuis que tu

es à L.A.? J’ai fait quasiment tous les incontourn­ables: le tout premier Disneyland, à une petite heure d’ici, Venice Beach, Santa Monica, Malibu, Beverly Hills, les brunchs des beaux hôtels, les tags de Melrose Avenue, le parc extraordin­aire du Getty Center, la superbe vue sur tout L.A. depuis l’Observator­y, ou encore Palm Springs et Santa Barbara. J’ai aussi visité les studios d’Universal et de la Warner Bros, et puis je me suis fait des matchs des Lakers, des Clippers, de hockey, de foot US et même des Dodgers. Mais le base-ball, c’est long, faut aimer. C’est pour ça que les spectateur­s mangent ou boivent tout le temps, ça se ravitaille à chaque arrêt de jeu.

Pas de Hollywood Boulevard? Si, obligé, quand t’as de la famille ou des amis en visite. Mais on a tous été un peu déçus. L’atmosphère est bizarre: ça traîne, t’as des clochards et plein de touristes qui font leurs selfies avec des SDF à leurs pieds. Idem dans les endroits mythiques comme Venice Beach ou Santa Monica.

Tu connaissai­s les États-Unis avant de venir ici? J’avais déjà visité Los Angeles, New York, Miami et même quatre fois Vegas. D’abord avec ma copine, des potes à l’époque de Clermont, mon cousin, et dernièreme­nt seul avec mon père. Il est joueur, alors que moi, je joue très occasionne­llement. Je jouais plus quand j’étais à Clermont ou Rennes. Et ici à L.A., il n’y a pas de casino…

Tu aimes le voyage? Gamin, on n’avait pas trop les moyens. Jusqu’à mes 15 ans, on allait tous les étés en Corse, chez les grands-parents. Je me considère comme un privilégié aujourd’hui. Je voyage surtout depuis que je suis avec Fiona, en fait. Je l’ai rencontrée en 2013, quand j’étais en rééducatio­n à Marseille pour mes croisés. J’avais toujours rêvé d’être avec quelqu’un qui voulait voyager avec moi, et elle adore ça. On a fait Saint-Martin pour notre premier voyage ensemble, en décembre 2013, puis les USA, Abu Dhabi, le Japon –extraordin­aire–, l’île Maurice et des destinatio­ns plus européenne­s.

Comment s’est dessinée ton arrivée à Los Angeles?

Octobre 2016, un agent mandaté par la MLS a contacté le mien pour me rencontrer à Marseille. On a accepté de suite. Ça me plaisait bien, les Galaxy. Tout le monde les connaît depuis David Beckham. Au fil de nos rencontres, il y a eu un feeling. Pendant les repas, je participai­s aux conversati­ons en anglais. Je crois qu’ils ont apprécié, parce que j’aurais très bien pu laisser mon agent causer et rester dans mon coin.

T’avais des opportunit­és en Europe? Oui, en Italie et en Angleterre, mais rien de concret. Je ne voulais juste plus de la France. Les Galaxy me voulaient comme un joueur important de leur équipe, un designated

player de la MLS. Comme Robbie Keane et Gerrard ne prolongeai­ent pas, deux places de DP (designated

players, ndlr) se libéraient, dont une pour moi. Ça a boosté mon ego. Et j’en avais besoin. Je pouvais reprendre confiance ici.

En plus, personne ne t’arrête dans la rue ici… Oui, et c’est aussi pour ça que je suis là. Je peux manger un

burger sans que personne ne mette une photo de moi sur les réseaux sociaux. Ce n’était pas comme ça à Marseille.

C’était devenu trop pesant pour toi? Oui. Marseille ne connaît pas le juste milieu: ou tu réussis et tu peux tout te permettre, ou ça va moins bien et on te tombe dessus. Et puis quand t’es tranquille à table avec ta copine, qu’un adulte te demande un selfie, un autographe, sans un bonjour ou un steuplé, ça peut vite devenir envahissan­t. Les gamins, je comprends complèteme­nt le manque de tact, c’est même drôle. Après, faut pas mentir non plus: pour l’ego, c’est toujours appréciabl­e de savoir que tu intéresses les gens.

Certains joueurs de l’OM ont subi des cambriolag­es

ou des agressions. Tu fais partie de ceux-là? Les cambriolag­es violents –à main armée, avec menace devant les enfants et la compagne– s’étaient calmés depuis un moment. Après, si je caricature, c’est presque commun à Marseille. On évoque le cas des footballeu­rs parce qu’ils sont médiatisés, mais ça arrive aussi au mec riche et pas connu. Sauf que personne n’en parle. Moi, il ne m’est rien arrivé. Mieux: personne dans la rue ne s’est arrêté devant moi pour m’insulter ou me dire: “Toi, t’y es nul!” Au Vélodrome, c’était une autre histoire… Je sentais la défiance à mon égard, par les sifflets. C’est dur, surtout quand t’es de Marseille.

C’est comment le quartier des Chartreux, là où tu as grandi? C’est un petit quartier populaire de Marseille, pas vraiment bourgeois mais pas craignos du tout, mis à part que tu te faisais voler le poste radio de la voiture tous les jours (rires). Mes parents tenaient un magasin de primeurs et se levaient à 4 heures du mat’ tous les jours. On avait tout à proximité: l’école primaire en face du primeur et, deux rues plus loin, la maison et le collège.

Tu te débrouilla­is comment à l’école? Jusqu’au collège, très bien. Le principal me mettait souvent en avant, sur la scène, lors des remises de prix de fin d’année, parce que j’assurais au foot et en classe. Il m’avait même récompensé en sixième de deux billets pour Euro Disney. Ça marque! Mais j’ai surtout aimé mon enfance marseillai­se parce que je jouais à l’OM! Imagine, t’es en cours, t’as ton jogging, ton sac de l’OM, et tu lèves le doigt pour dire à la prof: “Désolé madame, mais je dois aller à l’entraîneme­nt.” Et elle te répond: “Oui, vas-y…” À cause de la circulatio­n infernale à Marseille, mon père avait même acheté exprès un scooter pour m’emmener à l’heure aux entraîneme­nts. De ce point de vue-là, j’étais un privilégié.

Pourtant, tu plaques le foot et l’OM à 15 ans, pour un

conflit sur ton positionne­ment sur le terrain. Oui, et je passe l’été au Cap Corse, dans la maison de mes grands-parents. Je m’imaginais revenir à la rentrée dans le club du village de mon grand-père, à Plande-Cuques, et voilà. Puis, en septembre, je veux reprendre le ballon et je fais un essai improbable pour Bastia, à Paris… Ça ne marche pas. Mon père avait un ami en commun avec Victor Zvunka, le coach de Gueugnon, alors en L2, qui accepte de

“À Marseille, personne dans la rue ne s’est arrêté devant moi pour m’insulter ou me dire: ‘Toi, t’y es nul!’ Au Vélodrome, c’était une autre histoire… Je sentais la défiance à mon égard”

m’essayer au centre de formation. C’était vraiment ma dernière chance de percer. Gueugnon m’a pris, même si leur équipe et l’internat du centre affichaien­t déjà complets. Je me retrouve dans l’internat de mon lycée, alors que toute ma génération suivait ses cours et dormait au centre. Je ne m’entraînais même pas avec eux mais avec la catégorie d’âge du dessous. Et je restais en famille d’accueil le week-end, avec qui ça ne se passait pas très bien. À 15-16 ans, c’est délicat quand d’autres adultes que tes parents, que tu ne connais absolument pas, t’obligent à faire des choses. “Tu vas

manger cette tarte à la citrouille.” Toi, tu refuses parce que t’aimes pas, mais ils insistent quand même… J’ai souvent pleuré dans ma chambre. Mes parents sont montés une fois leur mettre un coup de pression. Puis j’ai finalement intégré l’internat du centre pour les trois derniers mois, à dormir par terre, sur un matelas, dans une chambre de deux. J’étais enfin au centre, avec mes potes du foot, j’étais content.

On fait quoi à Gueugnon quand on a entre 15 et 20 ans?

Ben, on se fait chier (rires). Au moins, on ne pensait qu’au foot.

Et à l’école, aussi? Non. J’ai lâché complet. J’étais en S et je n’ai pas eu mon bac. On était en classe très réduite, à quatre ou cinq, pas très concentrés, à suivre les cours par correspond­ance. Et puis j’ai eu de la chance que Gueugnon descende en National, ça a facilité mon éclosion en équipe première. Je redoublais ma terminale quand j’ai commencé à jouer avec eux. J’avais mon appart qui ne me coûtait rien, grâce aux aides, je gagnais 1400 euros je crois, et 1800 l’année suivante en tant que pro. Avec le recul, je me dis que j’ai été insouciant d’avoir arrêté l’école alors que je ne jouais qu’en National. Pour un Valbuena, un Armand, un Ribéry, combien sortent vraiment de là? Heureuseme­nt, les clubs de L2 étaient un peu ric-rac niveau budget, donc ils sont venus piocher des joueurs avec des salaires moins chers à l’étage inférieur.

À Gueugnon, tu as été coaché par Tony Vairelles. C’était une icône foot pour toi? Non, question de génération. Je respectais sa carrière extraordin­aire, mais sans l’idolâtrer. Mon idole, c’était Nasri, avec Yahiaoui. Ils avaient juste deux ans de plus que nous, mais c’étaient les stars des catégories de jeunes à l’OM.

Tu te fais les croisés à Gueugnon, lors de ta deuxième saison avec les pros. Tu reviens pour les six derniers matchs et… Malgré ma rééducatio­n, malgré peu de matchs de National, dans un club qui commençait à sentir le chaos, Clermont me veut en ligue 2. Inespéré. Puis tout va très vite: première saison géniale avec

“Avec Bielsa, on ne prenait pas de plaisir à l’entraîneme­nt: que des passes, des trucs tactiques, des courses, et très peu de jeu. Dans le vestiaire, on en avait marre. Ça a fonctionné les six premiers mois, et puis on a lâché”

Clermont, j’intéresse la L1 mais le club m’empêche de partir. Je boude à la reprise, sans faire les efforts sur le terrain. Je déjoue jusqu’à ce que mon agent et mon père viennent me secouer. On est champions d’automne avec Clermont, mais on coince pour la montée sur la fin. Et je signe à Rennes, en ligue 1. Là aussi, je fais une première saison de fou, je touche l’équipe de France… Et deux semaines après, je me refais les croisés. Ça a complèteme­nt coupé mon élan.

Finalement, tu rebondis et touches du doigt ton rêve en 2014: jouer pour Marseille. Tu la juges comment, ton

expérience profession­nelle à l’OM? J’ai évidemment des regrets, j’aurais aimé une autre fin. J’aurais pu être au moins décisif à défaut d’être extraordin­aire, mais les blessures m’ont plombé, notamment une rupture de l’aponévrose que j’ai traînée un an. Une galère. À chaque entraîneme­nt, à chaque match, je savais que je n’échapperai­s pas à une douleur au pied. Je me suis battu pour revenir à chaque fois. À l’évidence, les gens ne l’ont pas toujours remarqué. Peut-être que j’aurais dû me mettre plus en scène sur Facebook ou autre, qui sait? Voilà, c’est comme ça. J’avais besoin de retrouver du plaisir, de souffler surtout. Et à L.A., je sens qu’on m’aime plus que bien au club.

Quand Marcelo Bielsa quitte l’OM en août 2015, après une défaite au Vélodrome contre Caen, tu vas au feu devant la presse et tu ne le ménages pas. Pourquoi ce coup de sang? C’était un ras-le-bol de tout ce

que j’avais pu vivre avec lui à l’OM. Je n’avais pas l’impression d’aller au feu en m’ouvrant là-dessus, juste d’être moi-même. Mais je ne mesurais pas l’impact que ces déclaratio­ns auraient pour moi. Rappelons le contexte: c’était une conf’ de presse d’après-match, à chaud. Je n’ai pas sollicité une interview pour dire tout ça, hein. Moi, il m’a fait souffrir pendant un an et demi, et là, il nous quitte après deux journées, comme des merdes. On m’a demandé quel souvenir j’allais garder de lui. J’ai répondu: “Je vais rien dire parce que les mots vont

dépasser ma pensée.” Ça a été interprété comme le mec qui n’aimait pas du tout Bielsa, et Marseille m’a pris en grippe à partir de là. Je suis peut-être l’un des seuls, avec deux-trois autres, à avoir égratigné le grand Bielsa. Parce que les autres ont peur, tout simplement. Il a tellement fait kiffer Marseille pendant six mois que les fans n’ont retenu que ça et ont oublié que, sur la longueur, on ne se qualifie que pour l’Europa League et pas pour la Champions. Bielsa s’est créé un peu comme ça aussi, dans sa façon d’être, sa com, dans laquelle il est très fort et malin. Mais pour autant, quand tu repenses à cette photo où tu le vois, casquette sur la tête au milieu des fans, je ne pense pas à un calcul de sa part. Il l’a senti comme ça, il a senti Marseille. De toute façon, ce passage de ma carrière avec Bielsa, ça va me hanter toute ma vie

(rires). Bielsa, c’était –et c’est encore– un sujet sensible en France.

“Qu’est-ce qu’on fait à Gueugnon quand on a entre 15 et 20 ans? Ben, on se fait chier”

Comment tu expliques cette aura autour de lui? Il dégage quelque chose. C’est un Monsieur quand même. Vraiment. On le respecte pour ça. Mais pourquoi cacher qu’il n’a jamais rien gagné, qu’il a lâché toutes les équipes qu’il a eues? On dit juste que c’est un très grand entraîneur parce que Guardiola a dit qu’il s’était inspiré de lui? Faut arrêter… Quand il arrive, Bielsa récupère une équipe qui n’avait pas eu de bons résultats l’année précédente mais qui avait appris à se connaître, composée de très bons joueurs: Payet, Mandanda, Gignac, Thauvin, Ayew, Lemina, Ayew, Imbula, Mendy, Fanni, Morel, Dja Djédjé. Peu d’équipes, à part Paris, pouvaient nous battre. Moi je trouvais l’équipe extraordin­aire. Depuis le banc, je me régalais comme un gosse devant le jeu déployé. Chaque fois que je rentrais, on menait déjà 2 ou 3-0, je n’avais qu’à me faire plaisir. Et puis on a lâché.

Il est flippant, au quotidien, Bielsa? Pas vraiment, mais c’est un personnage très spécial, très fermé. Le matin, à l’entraîneme­nt, il n’apparaissa­it qu’après l’échauffeme­nt, sans dire bonjour, à donner direct ses consignes. Franchemen­t, je n’appréciais pas. En France, on a l’habitude de se dire “bonjour, comment

ça va?”, ce genre de trucs… Là, ce n’était pas le cas mais il fallait s’y habituer, tout simplement, faire avec. Il ne communiqua­it avec toi que s’il avait besoin de tes services. Par exemple, la première année, il me faisait toujours rentrer en premier, toujours à la place de Thauvin. Il me met titulaire pour les huit dernières rencontres, je fais des bons matchs et ça le surprend, il se demande même pourquoi il ne m’avait pas titularisé avant… Mais c’est un tout. On ne prenait pas de plaisir à l’entraîneme­nt: que des passes, des trucs tactiques, des courses, et très peu de jeu. Dans le vestiaire, on en avait marre. Ça a fonctionné les six premiers mois, on entendait: “Marseille, c’est exceptionn­el, avec Bielsa, ils sont premiers à l’hiver, c’est génial, patati, patata…”

Sauf qu’on a lâché, mentalemen­t ou physiqueme­nt, je

ne sais pas trop. Avec Bielsa, les gens n’ont retenu que le bon, mais ils ont oublié tout le reste.

On se dit bonjour au Galaxy? Le coach rentre dans le vestiaire et fait un bonjour collectif: “Good morning

guys!” Et il passe à la séance du jour. Je croise quelques joueurs qui ne disent pas bonjour. Mais les Français présents au Galaxy avant ont peu à peu importé le bonjour individuel. Ça change petit à petit.

Au-delà du jeu et des bonjours, quelles différence­s

vois-tu entre la MLS et la ligue 1? Déjà, il y a des plus grandes disparités de salaires avec ce système des DP. La plupart ne pourraient pas payer le loyer que j’ai ici

(à Playa Vista). Du coup, ils habitent près du stade, où les loyers sont plus abordables. Ensuite, il n’y a pas de conf’ de presse, sauf pour le coach. Le foot commence à prendre de l’ampleur, mais ce n’est pas la NBA, la NFL ou la NHL… Quand les journalist­es viennent me voir, ce n’est jamais pour des gros articles et que pour la presse écrite. Et je n’ai pas eu de moment comme Schweinste­iger à Chicago non plus, où on lui demandait s’il pouvait gagner le mondial avec Chicago… (Rires) L’approche est vraiment différente. Après le match, ils rentrent dans le vestiaire, même si t’es en caleçon, mais au moins, ils ne viennent pas chercher la petite bête, pour monter un joueur contre un autre.

C’était le cas en France, selon toi? Ah ben c’est spécial, ils veulent souvent raconter les bruits de couloir, aux dépens des joueurs, des coachs… Quand on a commencé à voir les micros en bord de terrain et que ça ressortait dans les émissions le dimanche ou le lundi soir, on a commencé à se mettre la main devant la bouche pour parler, on a vachement dû brider notre naturel. Comme maintenant tout est relayé sur les réseaux sociaux, tu peux vite passer pour un débile, juste sur une phrase.

“Aujourd’hui, des gens sont payés pour gérer les réseaux sociaux des joueurs. Tu vois même des posts où t’as l’impression de lire un Américain alors que le joueur n’aligne pas dix mots d’anglais. Arrête, quoi…”

Ça t’est déjà arrivé? Non, mais quand j’étais à l’OM, t’avais pas mal de spécimens quand même (rires). J’ai en tête un moment à Évian je crois, où quatre-cinq joueurs discutent vitesse sur la route. Et c’est parti direct en: “Regardez-moi ces imbéciles à 240 km/h”, etc. C’est malsain. Quand un coach engueule son joueur sur le terrain, ça fait partie du foot. Ça ne veut pas dire qu’il ne peut pas l’encadrer. Ceux qui connaissen­t le foot le savent. Mais il n’y a pas que des connaisseu­rs devant la télé. Moi, je n’ai plus Facebook, plus Twitter, que Instagram. Et encore, j’ai désactivé les commentair­es. Ça peut être blessant, violent pour ta copine, tes cousins, tes amis, ta famille, qui trinquent le plus. J’ai aussi arrêté de regarder les émissions télé où ça fait bien de casser du sucre sur le dos d’un footballeu­r. Le pire dans ces trucs-là, c’est que t’as même d’anciens joueurs, qui ont subi les critiques à leur époque, qui se mettent à faire pareil. C’est fort, non?

Un footballeu­r doit avoir un devoir d’exemplarit­é selon toi? La presse et les réseaux sociaux ont collé cette image aux personnes publiques en général. Donc on a cette retenue et tout devient calculé. Aujourd’hui, des gens sont payés pour gérer les réseaux sociaux

des joueurs, en postant photos et textes à leur place:

“Merci aux fans, nanani nanana…” Tu vois même des posts où t’as l’impression de lire un Américain alors que le joueur n’aligne pas dix mots d’anglais. Arrête, quoi… On se chambre souvent entre nous là-dessus. Les réseaux sociaux ont une place de plus en plus importante dans le sport en général, et peuvent même augmenter la cote d’un joueur. Ça berne les gens, mais tout le monde est content. Tu n’es pas revenu en France depuis que tu as signé au Galaxy. Est-ce que t’as quand même suivi l’actualité, l’élection d’Emmanuel Macron par exemple? Honnêtemen­t, je ne vais pas faire le mec qui s’intéresse à la politique. Déjà –et ce n’est pas bien– je ne vais pas voter. J’accepte celui qui est aux commandes et je ne vais pas être le gars à dire “Lui,

c’est un connard” ou “Lui, c’est un mec top”. Bon, j’ai suivi un peu le truc, comme tout le monde, mais pas au point de regarder des émissions. Ça parle un peu politique parfois dans les vestiaires?

Les conversati­ons de vestiaire, hein… Moi, je n’ai jamais entendu parler de ça. Peut-être que certains s’y intéressen­t vraiment et ne veulent pas le dire, mais bon… Ça alimente un peu le cliché du footballeu­r aux

discussion­s bas de plafond tout ça, non? Il ne faut pas faire de généralité­s non plus. Certains sont plus simples d’esprit que d’autres, certains plus intelligen­ts que d’autres. Je ne suis pas là à juger qui que ce soit. Évidemment, ça parle plus montres, luxe, voitures ou femmes que politique dans un vestiaire. Mais bon, j’ai pas fait tous les vestiaires d’Europe ou de France non plus, hein. C’est toujours facile de cataloguer les footballeu­rs dans la case “abrutis”… Franchemen­t, je trouve que les footballeu­rs ont au moins un truc que d’autres n’ont peut-être pas: la facilité d’adaptation. On est capables de passer d’un discours “wesh wesh” à une discussion avec le président de la République. Obama a même reçu les Galaxy après leur titre en MLS.

Tu te vois revenir jouer en France un jour? Franchemen­t, je me vois bien rester longtemps ici. Après, peut-être qu’on me regarde de nouveau en Europe, vu que les pépins physiques sont derrière moi. J’en parle parfois –beaucoup moins qu’avant– avec ma copine: “Qu’aurait été ma carrière sans ces deuxièmes croisés

à Rennes?” J’accédais à l’équipe de France, qui t’ouvre des portes exceptionn­elles. Mais je n’ai jamais été aussi heureux et épanoui qu’ici. J’exerce le métier que j’aime, dans des conditions exceptionn­elles, une ville que j’aime, avec une copine et une petite fille, Naomi, que j’aime.

Une raison particuliè­re pour le choix du prénom? Naomi Campbell, Naomi Watts? Non non. J’ai entendu ce prénom dans une série que je regardais. Ça m’a vachement plu, à Fiona aussi.

version!• Quelle série? Beverly Hills, nouvelle PAR RB

“Bielsa, c’est un Monsieur. Mais pourquoi cacher qu’il n’a jamais rien gagné, qu’il a lâché toutes les équipes qu’il a eues? On dit juste que c’est un très grand entraîneur parce que Guardiola a dit qu’il s’était inspiré de lui? Faut arrêter…”

 ??  ?? Toilettes sèches.
Toilettes sèches.
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 ??  ?? Seul sur le sable, les yeux dans l’eau…
Seul sur le sable, les yeux dans l’eau…
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75 A.
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Probableme­nt un signe franc-maçon.
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Photo prise lorsque le stade rennais a gagné le champi... la coup... un match!
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Rodin Alessandri­ni.

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