So Foot

“Pour moi, en 2018, on était peut-être en meilleure posture”

Trois questions à MARC WILMOTS, sélectionn­eur des Diables Rouges de 2012 à 2016.

- wPAR SWANN BORSELLINO / PHOTOS: ICONSPORT ET BELGA/ICONSPORT

Avec son arrière-garde vieillissa­nte et les quelques blessures de joueurs cadres, ne pensez-vous pas que la Belgique a été l’une des principale­s victimes du report du tournoi? L’année a été très compliquée pour tout le monde. Personnell­ement, j’en ai marre de regarder des matchs sans ambiance, et je pense que physiqueme­nt, avec la récente répétition des matchs, on a tendance à oublier que les joueurs ne sont pas des machines. En 2016, nous avions déjà eu des soucis défensifs, la défense avait été décimée. Aujourd’hui, le principal souci, c’est que tu ne peux pas remplacer la défense Vermaelen, Kompany, Vertonghen, Alderweire­ld comme ça. Ce sont des garçons qui ont presque tous atteint 100 sélections et comptent trois grands tournois derrière eux. Ce secteur restera important, mais il est vieillissa­nt, et en tournoi, tu sais que la récupérati­on est cruciale, car il y a des matchs tous les trois jours. Avec l’âge, tu gagnes en expérience mais tu perds en vitesse. On va voir comment ça va tenir. Pour moi, en 2018, on était peut-être en meilleure posture, parce que tous les signaux étaient au vert, tout le monde était fort. Même si je trouve que cette année, la partie offensive de l’équipe arrive à son top… Romelu vient d’avoir 28 ans, Kevin 29 ans, ils sont au sommet de leur carrière.

OK, mais quid d’Eden Hazard? Eden vient d’avoir deux ans de merde au Real, mais tout ce qui est passé est passé. Ce qui m’intéresse, c’est qu’il puisse enchaîner six-sept matchs d’ici l’Euro. Eden, je le suis depuis Lille, c’est un diesel. Il a besoin d’enchaîner pour atteindre sa plénitude. Quant à Axel Witsel, pour moi, c’est le profession­nalisme en personne. Son chemin est encore long car il n’aura pas joué pendant quatre mois, mais dans une liste à 26, je l’aurais pris aussi. Il est très important pour l’équipe.

La Belgique attaquera cet Euro toujours auréolée de son statut de numéro un mondial. Que signifie cette place?

Ça prouve que l’équipe a un rythme de croisière, des certitudes, que les bases sont posées. Si tu regardes un peu, la Belgique a vécu douze ans sans disputer de tournoi, de la coupe du monde 2002 à celle de 2014. Puis on s’est qualifiés deux fois, en étant premiers, et en faisant quarts de finale en 2014 puis en 2016. Après le deuxième tournoi, à entendre les gens parler, il fallait déjà que l’on gagne, ce qui est pour moi une hérésie, surtout que dans un tournoi, tout peut aller très vite. Parfois, je repense à l’enchaîneme­nt du poteau de Gignac et du but d’Eder, et je me dis qu’un tournoi, c’est ça, ça peut aller très vite. Poteau sortant pour la France et l’autre frappe de 30 mètres, c’est dedans. Il y a une part de destin et une part de chance dans toutes les grandes compétitio­ns. Je le dis souvent, mais le dribble que Hal Robson-Kanu réussi contre nous, il ne l’a plus jamais fait de sa vie. Depuis, la Belgique a continué à avancer, et je trouve normal que les Diables Rouges soient considérés comme des favoris. La Belgique doit gagner un titre. Enfin, elle ne “doit” pas, mais elle a les moyens d’y prétendre et d’essayer. Comment? Ce sont les questions que tu te poses en tant qu’entraîneur.

Bloc haut, bas, médian? Est-ce que tu vas chercher l’adversaire? Moi, je suis persuadé que la Belgique a la meilleure équipe en phase de transition: avec De Bruyne, Hazard ou Lukaku, tu peux jouer bloc bas et contrer, tu as tout, en termes de vitesse et de mise sur orbite. Mais en tant que numéro un mondial, tu vas faire le jeu.

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Mannequin challenge.

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