Les tendances de l’Euro
La mode étant faite de cycles, il y a fort à parier que la compétition sera marquée par le retour au premier plan d’une coutume du passé. Mais laquelle?
LE MULET. Mythe universel, décliné au fil des ans et des compétitions dans des versions slaves (cheveux filasse et gras), germaniques (avec moustache), hispaniques (ambiance Tecktonik et pointes décolorées) ou encore britanniques (le variant hipster), le mulet est l’objet de nombreuses spéculations, et son retour est régulièrement annoncé par une presse avide d’informations capillaires spectaculaires. Sera-ce pour l’Euro 2021? La raison voudrait qu’au sortir qu’une telle période, cette souffrance supplémentaire nous soit épargnée, mais méfions-nous: il y aura toujours des génies tactiques pour tenter de conjuguer jeu court sur les côtés et long dans le dos. Taux de probabilité d’un retour: 55%. Égéries potentielles de la tendance: Timo Werner, Luke Shaw.
LA TACHE DE VICKS VAPORUB. Un soir de Premier League, à la fin des années 90, Patrick Vieira se présenta sur la pelouse de Highbury vêtu d’un maillot aussi crade qu’un mouchoir en tissu de fumeur de Gitanes. Dans la foulée, le milieu de terrain d’Arsenal expliqua que cette tache de gras au niveau du plexus était en fait une couche de pommade Vicks, un décongestionnant mentholé lui permettant, à l’instar d’un écarteur de narines, de mieux respirer pendant l’effort. Les suiveurs furent nombreux. Avant que, paradoxalement, la tendance ne s’essouffle très vite. Quid de cet été? En période de Covid-19, et de phobie de la transmission par aérosols, seuls les footballeurs complotistes pourraient être séduits. Taux de probabilité d’un retour: 8%. Égéries potentielles de la tendance: Thomas Lemar, Matthijs de Ligt.
LE CUISSARD. Apparu sur les terrains au début des années 90, le cuissard fut pendant quelques saisons l’arme secrète des joueurs souhaitant glander pendant l’échauffement sans risquer le claquage à la première accélération. Supplanté par le massage, tout aussi efficace musculairement parlant et moins dégradant d’un point de vue esthétique, le cuissard pourrait-il entreprendre un come-back? La récente montée en puissance de la tendance yoga wear et la banalisation dans l’espace public d’une kyrielle de fringues de sport moulantes en Lycra nous contraignent à craindre le pire. Et à prier pour que certaines têtes brûlées n’osent le cuissard sans short par-dessus. Taux de probabilité d’un retour: 70% avec le short, 65% sans short. Égéries potentielles de la tendance: Paul Pogba, Marcus Thuram.
LES TEE-SHIRTS À MESSAGE. Disponible en versions débardeur et muscle tee, col rond ou col V, le tee-shirt à message fut pendant quelques années un incontournable de la célébration d’après but (“Why always me?” de Balotelli), ou d’après match (“I belong to Jesus” de Kaka). Mais la mode est obsolète. Reviendra-t-elle cet été? Peu probable: quand ils n’ont rien à dire, les footballeurs préfèrent désormais poster un message sur les réseaux sociaux. Taux de probabilité d’un retour: 22%. Égéries potentielles de la tendance: Antoine Griezmann, Memphis Depay.
LE SERRE-TÊTE. Associé à une chevelure grasse et un regard ténébreux, le serre-tête fut l’un des accessoires les plus en vogue dans le monde pro pendant une dizaine d’années à partir du milieu des 90s. Et pour cause, il permit à une génération de joueurs de conjuguer jeu de tête et cheveux longs, et parfois de décrocher un contrat au L’Oréal Madrid. Emporté par la tendance des crêtes à la fin de la décennie 2000, le serre-tête pourrait-il –comme Vitaa dernièrement– se rappeler à notre bon souvenir? Une tendance capillaire aussi ringarde –et grasse– pourrait effectivement plaire à quelques joueurs de pays du sud de l’Europe. Taux de probabilité d’un retour: 65%. Égéries potentielles de la tendance: João Félix, Marcos Llorente, Ciro Immobile.mPAR MARC BEAUGÉ / PHOTO: ICONSPORT