So Foot

Copains d’avant.

- (PAR ALEXANDRE GONZALEZ / PHOTO: ICONSPORT

Focus sur les Bleus de la génération Platini. Pas le joueur, le coach.

Après l’échec de la qualificat­ion à la coupe du monde 1990, c’est décidé, l’Euro 1992 en Suède sera enfin l’occasion de rebondir. Platini est le sélectionn­eur des Bleus et son équipe remporte tous ses matchs éliminatoi­res –ici en Tchécoslov­aquie–, une première en Europe. Avant de finalement se vautrer en beauté (2 nuls, 1 défaite) et de rater, dans la foulée, un nouveau ticket pour un mondial. Retour sur une époque où la France losait, mais avec un maillot dantesque.

1. Bernard Casoni. Cannes, Toulon, Marseille. La carrière de “Caso” ressemble à s’y méprendre à celle d’un parrain de la

Côte d’Azur. Son look également: chemise ouverte, chaîne en or qui brille, du genre à jouer au black-jack jusqu’à 3 du mat’ dans un établissem­ent peu fréquentab­le de Menton.

Pas étonnant pour un homme dont le nom est l’anagramme de casino. Sur le terrain, c’était aussi la roulette: face à lui, les attaquants y laissaient soit une cheville, soit un genou. Dieu que ça manque, les tacles en retard.

2. Manuel Amoros. Trop fort, trop jeune, trop précoce. Tel un héros de la mythologie, Manu a payé le prix fort pour avoir été Daniel Alves 30 ans trop tôt. Il a connu tous les traumatism­es du foot français: Séville 82? Check. Qualif ratée pour le mondial 90? Check. Finale de C1 perdue en 91 en ratant le tir au but décisif à Bari? Check. Euro 92 catastroph­ique? Check. Absent du paysage footballis­tique français, Amoros n’en reste pas moins le meilleur latéral de son histoire.

3. Franck Sauzée. Un Steven Gerrard dans le pied droit, un Frank Lampard dans le pied gauche. Ni plus, ni moins. Milieu de terrain boxto-box, “Keyser” Sauzée savait tout faire. Sauf les bons choix de carrière. Quand ses potes signent au Milan, lui part à l’Atalanta. Quand les autres partent à Manchester United, lui file à Hibernian. Consultant depuis 2002 pour Canal +, il quitte l’été dernier la chaîne cryptée pour… Téléfoot. Avant de finalement planter le nouveau diffuseur. L’expérience, sans doute… 4. Jocelyn Angloma. Attention, légende. Avec son physique de bassiste dans la Compagnie créole et son sens de l’anticipati­on, Jocelyn est sans aucun doute l’élément le plus sous-coté de l’histoire des Bleus. PSG, OM, Inter, Valence, le joueur originaire des Abymes, en Guadeloupe, a mis dans sa poche les plus grands attaquants des années 90. Dieu que ça manque, les défenseurs à moustache.

5. Bruno Martini. Ils se comptent sur les doigts d’une main, ceux qui, comme Martini, ont obtenu un 10 dans L’Équipe. Avant Messi, Lewandowsk­i ou encore Salenko, le gardien mythique de l’AJA avait reçu la note suprême après sa performanc­e en finale de l’Euro espoirs 88, (3-0 face à la Grèce, 10/10 également pour Sauzée). Ce sera son seul titre. Toutes les équipes dans lesquelles il évoluera s’imposeront après son passage (Auxerre, les Bleus et même Montpellie­r). Un malheur n’arrivant jamais seul, Bruno Martini décède d’un arrêt cardiaque le 20 octobre dernier.

6. Basile Boli. Les larmes de Bari, le coup de tête de Munich et les engueulade­s de Guy Roux. Voilà, en substance, le Boli footballeu­r. Mais que dire du showman? Septième de la saison 9 de Danse avec les stars, cinquième de Mask Singer saison 2 (sous le costume du Requin) et soutien inconditio­nnel de Nicolas

Sarkozy. Et toujours cette question sans réponse: faut-il séparer l’homme de l’artiste?

7. Christophe Cocard. Un nom à avoir été dans ta classe en CM2 et un charisme de gendarme de province. C’est peu dire que Cocard a pris le foot moderne en plein visage. Lui, l’ailier à l’ancienne, qui mord la ligne de touche, mais à qui le Platini sélectionn­eur donne pourtant le numéro 10, est né 20 ans trop tard. Neuf petits matchs en Bleu entre 89 et 95, comme autant d’essais infructueu­x. Aujourd’hui, Christophe est enfin maître de son destin, puisque gérant de deux centres de foot en salle dans le Sud. Il paraît que c’est là qu’on voit le vrai niveau des joueurs.

8. Jean-Pierre Papin. Avant de devenir l’expression marquant l’épuisement ou le rire incontrôla­ble chez la génération Z, les trois lettres JPP ne désignaien­t qu’une chose: un ciseau en lucarne. Idole du Vélodrome, capitaine de l’équipe de France avec un bandana en guise de brassard, le buteur au cuissard sous le short ne s’est jamais embarrassé avec le style. Avec les titres internatio­naux non plus, puisqu’il n’en remportera aucun avec le maillot bleu.

9. Didier Deschamps. Ceux qui invoquent à tout bout de champ la fameuse chatte à Dédé n’ont jamais vu un match des Bleus lors de l’Euro 1992. La petite souris n’était pas encore passée, Didier assumait ses dents de lait, son jeu tout en vice et ses coups d’épaule. La compétitio­n est une déception totale et DD le jure, ce sera sa dernière. La suite on la connaît, C1, coupe du monde, Euro, et le sourire de Ross Geller dans Friends.

10. Pascal Vahirua. La rumeur raconte que Neymar Sr. montrait à son futur prodige des VHS du Tahitien Pascal Vahirua, qui dansait sur tous les défenseurs de D1 dans les années 90. Sinon, comment expliquer les similitude­s? Même affect pour le côté gauche, même goût pour les accélérati­ons fulgurante­s et même passion pour les tatouages. 11. Laurent Blanc. En 1991, Laurent Blanc n’est pas encore Président. Il n’est même pas ministre de la défense, puisqu’il évolue encore dans l’entrejeu. Cette année-là, il joue au Napoli, s’entraîne avec Maradona (suspendu), mais ne se fait pas au Calcio. Une saison plus tard, il signe à Nîmes, qui descend dans la foulée. Il croit alors vivre le pire moment de sa carrière. Mais patience, Lolo: le 17 novembre 1993 n’est plus très loin.

On ne les oublie pas: Christian Perez, Bernard Pardo, Fabrice Divert, Gilles Rousset, JeanPhilip­pe Durand.

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