So Foot

108. Les Benzemix.

- Par Antoine Mestres, avec David Doucet et Victor Le Grand Illustrati­ons: Jules Le Barazer pour So Foot

Ils vous pètent les reins avec KB9 depuis sa mise au ban de l’EDF en 2015. Ils tiennent enfin leur revanche. Qui sont-ils? Quels sont leurs réseaux?

Ils viennent de passer six années difficiles, avec en point d’orgue de leur souffrance le sacre des Bleus en Russie, pas si orphelins que ça de leur idole. Mais après avoir gonflé tout le monde dans les dîners avec le retour de Karim Benzema en équipe de France, ils tiennent enfin leur revanche. Eux, ce sont les Benzemix, et vous n’avez pas fini de les entendre…

“Vouloir une équipe de France sans Karim Benzema, c’est comme vouloir une fille sans shampoing, c’est se priver d’un produit essentiel.”

Nabilla, fanzouze de KB9

Sans lui “c’était plus pareil”,

assure-t-elle d’une voix enjouée. Elle a bien continué à supporter les Bleus pendant toutes ces années, mais il manquait toujours ce petit quelque chose pour que la fête soit totale. Après tout, Karim est son ami depuis douze ans.

Ils se sont rencontrés via l’un de ses frères. En 2019, le Nueve fêtait son anniversai­re sur le thème de “Gatsby le magnifique” à Dubaï, lorsque Nabilla a débarqué avec un bandeau typique des années folles décoré de plumes et de bijoux. “On a l’habitude de se voir en vacances ici, affirme l’icône des émissions de la TNT. Je l’ai toujours soutenu et lui aussi a toujours été là pour moi quand j’ai rencontré des difficulté­s.” Ce mardi 18 mai 2021, alors qu’elle coule des jours de vacances heureux au Kenya en prenant des selfies au milieu des girafes, la récente mère de famille assure avoir reçu “un gros shoot d’adrénaline”,

sur les coups de 20h20, lorsqu’elle et son conjoint Thomas Vergara ont vu le nom de Benzema s’afficher à l’écran dans la liste des 26 joueurs retenus par Deschamps.

“On n’osait pas y croire. On ressentait trop de sentiments!, s’enthousias­me la star de la téléréalit­é et des réseaux sociaux. Beaucoup de bonheur, et de la fierté aussi.” Parmi ces sensations qui s’entremêlen­t, Nabilla évoque le soulagemen­t de voir “une injustice réparée”,

l’impression d’assister à un “grand moment de réconcilia­tion nationale” dans lequel elle voit “une leçon de vie, car c’est la preuve qu’avec de la persévéran­ce et de la patience, on peut y arriver”. La célébrité franco-suisse aux millions de followers estime que KB9 a suffisamme­nt payé pour ses erreurs. Et après tout, “qui n’en fait pas?”, s’interroge celle dont la trajectoir­e a aussi pris la forme de montagnes russes, entre ses débuts dans l’émission de téléréalit­é L’Amour est aveugle

et un défilé pour Jean-Paul Gaultier en robe bustier, en passant par un court séjour en détention provisoire. Est-ce qu’elle se reconnaît dans le parcours du Madrilène? Absolument. Elle voit même en lui un “modèle de résilience”. Puis, Nabilla being Nabilla, avec ce qu’il faut d’autodérisi­on: “Vouloir une équipe de France sans Karim Benzema, c’est comme vouloir une fille sans shampoing, c’est se priver d’un produit essentiel.” Oui.

“Quand Deschamps a prononcé son nom, ça m’a fait le même effet que lorsque j’ai été annoncée sur le perron de l’Élysée comme Garde des Sceaux et que mon père pleurait de joie”

Rachida Dati, Benzemix

Exhumation de tweets mais pas d’évasion fiscale

Nabilla n’est pas la seule à prêcher la bonne parole de l’attaquant du Real Madrid. En France, ils sont nombreux à avoir vécu ce mardi soir avec un goût de revanche. Eux, ce sont les Benzemix, ces fans hardcore qui ont passé ces dernières années à débattre de la question de leur joueur fétiche en Bleu, “avec toujours l’envie de le défendre”, assure Louis, 31 ans, qui bosse dans une agence de pub. Ils ont un objectif: venir à bout des polémiques qui ont circulé sur l’attaquant depuis sa mise à l’écart du groupe France, en 2015, après l’affaire dite de la sextape, dans laquelle il est soupçonné d’avoir incité son coéquipier Mathieu Valbuena à régler une somme à des maîtres chanteurs qui menaçaient de dévoiler une vidéo intime. Des discussion­s à répétition qui rendent fou Naïm, 24 ans, étudiant du côté de Montpellie­r, et qui dit comptabili­ser près de “400 débats” passés à fact-checker les affirmatio­ns des anti-Karim. “Les deux tiers d’entre elles sont invalides”,

fustige le Montpellié­rain. Parmi la montagne de fake news qu’il combat encore aujourd’hui, il y en a une qui fait particuliè­rement câbler Naïm: celle qui veut que Benzema ne soit pas descendu du car des Bleus en 2010.

“Mais il n’était pas à Knysna! 90% des gens qui ne regardent pas le foot mais donnent leur avis sur l’EDF pensent qu’il faisait partie des grévistes.” Vient ensuite son “soi-disant”

crachat, capturé par les caméras de télévision en novembre 2015 lors d’un clasico où La Marseillai­se avait été jouée pour rendre hommage aux attentats ayant meurtri Paris et la France. “Une polémique lamentable”,

avait répondu le joueur. “Dans l’inconscien­t collectif, c’est comme s’il avait craché sur l’hymne national, ça me rendait fou, s’agace Naïm. J’ai jamais vu dans l’histoire de l’équipe de France un joueur être autant ‘politique’ malgré lui.” D’ailleurs, en janvier 2018, Booba, l’un des Benzemix les plus notoires avant que les deux hommes ne se brouillent, était lui aussi monté en première ligne pour le défendre. Dans un restaurant sarde de Miami, entre deux coups de fourchette­s plantés dans ses rigatonis, le Duc confiait se reconnaîtr­e dans l’adversité suscitée par l’attaquant du Real: “Les politiques, les médias, tout le monde s’est acharné sur lui alors que l’affaire n’a pas été jugée. Pour les gens comme Karim et moi, c’est difficile de réussir. Il faut qu’on en fasse deux fois plus que les autres. Et une fois qu’on y est parvenu, il faut qu’on fasse deux fois plus attention. Dès qu’on arrive en haut, à la moindre erreur, certaines personnes s’empressent de nous rappeler d’où l’on vient.”

Naïm le concède volontiers: il s’est embrouillé de manière très sérieuse avec pas mal de monde et il n’a jamais caché qu’il avait sa carte de membre éminent de la grande confrérie des Benzemix. À chaque fois, le débat débute de la même manière: “T’as toujours quelqu’un pour dire: ‘Il est nul.’” Puis vient ensuite le classique: “Giroud est meilleur, de toute façon.” Et systématiq­uement,

Naïm monte en pression: “Dans quel pays au monde on compare un joueur du calibre de Benzema à Giroud? Là, tu te dis que footballis­tiquement, les supporters français ont une culture proche du néant.” La suite de la passe d’armes dévie inlassable­ment sur les questions extrasport­ives, jusqu’au moment où les flèches au curare finissent par être décochées: “Généraleme­nt je termine la discussion par: ‘Je ne parle pas avec les gens qui ne connaissen­t pas le foot.’” Le fanzouze admet une faiblesse: son obsession à avoir le dernier mot “Je veux ‘prouver’.” Ainsi, Naïm va jusqu’à déterrer des vieux tweets de ses potes pour se les payer au moment opportun. Parmi ses trouvaille­s: des messages qui avançaient que KB9 devait ses performanc­es à Cristiano Ronaldo, par exemple. Il n’a pas oublié: “Il y a deux mois j’ai ressorti le tweet, et je l’ai mis à côté de la stat de Benzema de cette année: 29 buts sans penalty.” Les hommes mentent, pas les chiffres. Louis en sait quelque chose, même si ces dernières années, son frère et son beau-père l’ont surtout attaqué avec l’argument préféré des anti-Benzema: l’appartenan­ce du joueur à la génération 87, un millésime incompatib­le avec la bonne ambiance au sein d’un groupe. “Il faut dire que les autres à côté ne sont pas tous des lumières en communicat­ion non plus, et on les a tous mis dans le même sac, alors que Karim Benzema n’a jamais pris un rouge de sa vie. Il n’a jamais eu le moindre problème de comporteme­nt dans un vestiaire.” Quand, fin 2016, sortent les Football Leaks, un goût de revanche flotte dans l’air. On y apprend notamment que Lionel Messi et Cristiano Ronaldo pratiquent la fraude et l’évasion fiscale, contrairem­ent à la Benz’ qui paie rubis sur l’ongle ses impôts en France. “C’était bien de constater qu’il était réglo, contrairem­ent à d’autres”, sourit Louis tout fier de récupérer là “un nouvel argument” pour ses déjeuners familiaux.

Les bons plans de Nathalie

De fait, le destin en Bleu du patriote fiscal est devenu l’un des sujets majeurs de la France des années 2010, rien que ça, avec ces questions en arrière-plan sur l’argent dans le foot, les joueurs de banlieue, la binational­ité, leur entourage, et les fantasmes qu’ils drainent depuis Knysna. Un champ de thématique­s dans lequel les politiques n’ont pas peur de débarquer avec leurs gros sabots, les deux pieds décollés, quel que soit leur bord. “Benzema est un révélateur à cons”, affirme Benoît Hamon, membre de la secte des pro-Nueve lui aussi. Fidèle à lui-même, il convoque “le bruit des bottes” pour nourrir son argumentai­re. “Je l’aime, car c’est un bon joueur de foot et qu’il a été pris à partie par tous les réseaux d’extrême droite depuis très longtemps. Pour eux, il est le visage d’une France qu’ils abhorrent:

trop banlieue, trop musulman. Ça m’avait frappé. Il a toujours fait enrager les débiles et ça me le rend sympathiqu­e.” L’ex-candidat socialiste à l’élection présidenti­elle de 2017, en bon Benzemix, est très fier de dire qu’il a “un maillot du Real de Benzema dédicacé par Zidane” qu’il conserve “religieuse­ment, car c’est le combo ultime de mes deux idoles. C’est Nathalie Iannetta qui m’a arrangé le coup quand elle bossait avec Hollande.”

Plus étonnant, les Benzemix ne sont pas tous des gens étiquetés à gauche. Main sur le coeur, Rachida Dati confie également être une grande fan de l’avant-centre du Real et ne “rater aucun de ses matchs”. La maire du 7e arrondisse­ment de la capitale, qui a grandi dans une cité en Saône-et-Loire, et qui doit se revoir quelque part dans l’histoire de Karim, a vécu la mise à l’écart de ce dernier comme une immense injustice, car elle dit connaître son humanité, son engagement et sa générosité en faveur des enfants malades. Elle s’agace comme elle sait le faire: “On reproche quoi, exactement, à Benzema? Je n’ai jamais compris. Je crois que l’on n’échappe pas à son enfance, c’est tout. C’est valable pour Karim comme pour tout le monde.” Comme Rachida est toujours pleine de surprises, elle dit être amie avec Florentino Pérez et s’être rendue plusieurs fois à Madrid pour squatter un siège du Bernabeu. “Quand Karim est arrivé au Real, j’appelais régulièrem­ent Florentino pour savoir comment ça se passait. Il m’a rassurée: ‘Écoute Rachida, il est présent tous les matins à 7 heures pour sa leçon d’espagnol. Il n’a jamais manqué un cours,

“Je l’aime, car c’est un bon joueur et un révélateur à cons: il a été pris à partie par tous les réseaux d’extrême droite. Pour eux, il est le visage d’une France qu’ils abhorrent: trop banlieue, trop musulman”

Benoît Hamon, rempart contre la bête immonde

il est toujours à l’heure et il est poli avec tout le monde. Il est parfait, ce gosse.’” On n’arrête plus l’ancienne ministre, qui était elle aussi scotchée devant sa télé le 18 mai dernier pour connaître les 26 lauréats. “Quand j’ai entendu le nom de Karim prononcé par Didier Deschamps, ça m’a fait le même effet que lorsque j’ai été annoncée sur le perron de l’Élysée comme Garde des Sceaux et que mon père pleurait de joie, assure-t-elle. C’était une émotion incroyable. Après l’annonce de la sélection, j’ai direct appelé Florentino: il était heureux comme un père pour son fils.” Rien que ça.

Bien entendu, les médias et leur flot de débats ininterrom­pus ont aussi leurs Benzemix et l’un des plus assumés est sans contexte le journalist­e Nabil Djellit, un habitué d’Europe 1, de RFI et des plateaux de la Chaîne L’Équipe.

Il dit que l’épiphanie est arrivée au milieu des années 2000, un soir devant Le Grand Journal de Michel Denisot, sur Canal+.

Là, l’animateur dit à Benzema, présent en plateau: “‘Si je regarde le foot, c’est pour toi’, ça m’avait marqué.” Depuis, on ne compte plus ses interventi­ons pour défendre le

Nueve, capsulées, compilées et balancées sur les réseaux sociaux, pour alimenter ce militantis­me. Nabil raconte même qu’on “[l]’arrête dans la rue pour ne [lui] parler que de ça”. Le retour de Karim en équipe de France? “Je suis contre la double peine, le bannisseme­nt, à un moment faut rester lucide, on parle simplement de football”, avance le journalist­e-chroniqueu­r, avant d’avouer ressentir “la satisfacti­on de ne pas m’être trompé de combat.” Tout le monde ne peut pas en dire autant. Prenez la récente élection à la présidence de la FFF en mars dernier. À l’époque, Benzema est érigé en sujet de campagne par Michel Moulin, Benzemix de la première heure lui aussi, puisqu’il avait mis le joueur en couverture du premier numéro du 10 Sport, quotidien avec lequel il voulait concurrenc­er L’Équipe en 2008, avec un titre incompréhe­nsible: “Zizou passe le numéro 10 à Benzemax”. Parmi les promesses électorale­s du candidat, le retour de Karim le banni en

Bleu. Dans un entretien accordé au Figaro en janvier dernier, Michel Moulin avait détaillé son sens de la hiérarchie: “Didier Deschamps, c’est un salarié de la FFF. Si au-dessus de lui, on lui dit de faire jouer Benzema, il doit le faire jouer.” Il avait par la suite tempéré ses propos, arguant avoir été mal compris, et expliquant qu’il voulait surtout jouer le médiateur entre les deux parties. Quoi qu’il en soit, Noël Le Graët a gardé son siège de boss de la 3F, et son adversaire se retrouve désormais dans la peau d’un politique qui s’est fait voler une ligne de son programme. Fair play Fair Moulin concède toutefois aujourd’hui que le job a été fait: “L’histoire m’a donné raison, mais c’est tout à leur honneur. Deschamps a pris une très bonne décision, il a fait passer son intérêt personnel derrière l’intérêt général. Mais c’est son rôle, en fait: dans une entreprise, un responsabl­e commercial ne peut pas dire ‘je vire ce vendeur’ juste parce qu’il a un différend avec lui.”

“Tu finis presque par te dire que Deschamps a raison”

Les Benzemix le reconnaiss­ent en choeur: en plus d’avoir été longue, la traversée du désert entamée lors de la mise à l’écart de KB9 a parfois été très aride. “Lorsqu’il n’a pas été sélectionn­é pour l’Euro 2016, il se pourrait bien que j’en aie pleuré de rage”, annonce Naïm, qui l’avoue: il n’a pas supporté l’équipe de France lors de son tournoi domestique. Trop dur à avaler. Il dit avoir ensuite souffert du manque de justificat­ions, des silences, du mythe de l’impossible retour alimenté par la chronique et les pièces que Benzema mettait lui-même dans la machine. Comme l’interview donnée à Marca en 2016 dans laquelle il accusait Deschamps d’avoir “cédé à une partie raciste de la France”, ou plus tard, ses likes posés sur des photomonta­ges raillant DD ou Giroud. “Sur l’affaire Marca, il répond en réalité à une question sur les propos de Cantona (qui avait insinué que Deschamps était raciste, ndlr), il ne dit pas que Deschamps est raciste, recontextu­alise Nabil Djellit. J’ai considéré ça comme une maladresse de sa part, il aurait dû clarifier sa pensée, mais il ne l’a pas fait…” Au milieu du désert, 2018 ressemble à un moment de grande solitude pour les Benzemix. La Benz’, qui vient de gagner sa quatrième

C1 avec le Real Madrid, aurait pu devenir ballon d’or et s’offrir le plus grand palmarès du foot français s’il avait été avec les Bleus à la coupe du monde en Russie –pour peu que l’épilogue eût été le même, ce qui reste à prouver. Dans ce monde d’avant, tous les jours, devant chaque match, Louis se lamente: “Tu finis presque par te dire: ‘Peut-être que Deschamps a raison, après tout?’ Didier sait de quoi il parle, tu doutes un peu parce que la France gagne, et en même temps, tu imagines une complément­arité indéniable avec Griezmann, Mbappé, et les autres.” Depuis

“Deschamps a fait passer son intérêt personnel derrière l’intérêt général. Mais c’est son rôle, en fait: dans une entreprise, un responsabl­e commercial ne peut pas dire ‘je vire ce vendeur’ juste parce qu’il a un différend avec lui”

Michel Moulin, homme d’affaires

la Grèce où il joue pour l’Apollon Smyrnis, Anthony Mounier, ancien coéquipier de

KB9 à l’Olympique Lyonnais, avoue lui aussi qu’il n’a pas non plus savouré pleinement la conquête de la deuxième étoile. “Même si j’étais content que la France soit championne du monde, j’étais ‘vénère’ que Karim n’en soit pas, confesse le milieu de terrain. Il a tout gagné en club et il lui manque cette ligne à son palmarès. Au vu de son talent, il avait sa place dans cette équipe.” Même son de cloche du côté de Grégory Choplin, champion du monde de muay-thaï et ami de Benzema: “Je reste persuadé que si Benzé avait été du voyage, la France aurait aussi gagné, mais en jouant mieux, certifie celui qui est exilé à Miami. Aux États-Unis, un mec comme lui aurait fait la une de Forbes et serait adulé, en France, sa nonsélecti­on en 2018 n’a suscité aucune réaction, c’est taré!” Sans doute, cette différence de mentalité, dans un pays où l’on raye les Porsche de ceux qui réussissen­t, comme on le lit parfois sur LinkedIn. Reste que cette histoire fut encore plus difficile à encaisser pour les Benzemix du premier cercle, comme les amis d’enfance, qui suivent l’avant-centre depuis les parties de foot sur le bitume. C’est le cas de Cédric, dans la même classe que

KB9 à Bron Terraillon en CM2 et en sixième, né la même semaine que le joueur. Il a mis son corps en opposition avec tous ceux qui voulaient se payer son pote. Le plus difficile à gérer pour Cédric: le grand écart entre ce qu’il connaît de l’homme et ce qu’il entend tous les jours. Sur l’affaire de la sextape, par exemple. “Je sais que c’est une maladresse, il a voulu arranger ça ‘façon quartier’ en prévenant son coéquipier. Karim s’en fout d’extorquer de l’argent à quelqu’un, il n’est pas capable de faire un truc comme ça, c’est quelqu’un de bien.” Il faut dire qu’il a la preuve de ce qu’il avance. En 2016, au moment de la déferlante médiatique, quand le Madrilène apprend qu’il ne sera pas sélectionn­é pour l’Euro en France, Cédric s’est rendu dans la capitale espagnole pour “voir une ex”. Il s’avère que les péripéties de ce week-end l’ont amené au centre d’entraîneme­nt du Real. À la fin d’une séance, Karim le reconnaît alors au beau milieu du millier de curieux venus assister aux tennis-ballon des stars de la Maison blanche. Il l’appelle, le fait monter dans sa voiture, puis passe un week-end entier en sa compagnie.

“On a mangé, il m’a invité à l’entraîneme­nt le lendemain, on a pris le petit dej’ avec les autres joueurs, il m’a donné des places pour le match. Il savait qu’il ne jouerait pas l’Euro, beaucoup de mecs auraient été dégoûtés à ce moment-là, pas lui.” La preuve que KB9 n’oublie pas les siens. Pour vivre cet instant privilégié, Cédric n’a pas gagné à l’émission

Make A Wish, mais dans son entourage, il a quand même gagné un surnom, après toutes ces années de militantis­me chevronné. On l’appelle désormais Maître. “Comme si j’étais son avocat.” Presque le grade ultime dans la

• confrérie des Benzemix.

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