So Foot

Kingsley Coman.

- Par David Doucet / Photos: Puma et Iconsport

Le titi parisien qui avait planté son ex en finale de C1 se confie sur sa maîtrise des virgules, sa vie en Bleu, et sur sa passion pour les puzzles.

en finale de ligue des Il est le tombeur du PSG et affiche l’un des champions avec le Bayern titres de foot français avec dix plus gros palmarès du une l’ancien titi parisien reste champion d’affilée. Pourtant, à disputer Alors qu’il se prépare énigme dans l’Hexagone. se confie en long, en Kingsley Coman l’Euro avec les Bleus, chelous De ses goûts gastronomi­ques large et en diagonale. du ou le Bitcoin, le feu follet à sa passion pour les puzzles table. Bayern passe (enfin) à

Quand on scrute ton parcours, on se rend compte que tu as été programmé très tôt pour jouer au foot, en participan­t à des journées de détection dès 8-9 ans. Ton père parle de toi comme d’un “chien boule” en créole, quelqu’un qui adore le ballon. D’où vient cet amour du foot? J’ai aimé le foot avant d’avoir l’âge pour le regarder à la télé. Tout a débuté sur le béton de la cour de récré en école primaire. Je passais mon temps à taper dans la balle. Ensuite, lorsque je rentrais chez moi à Moissy-Cramayel (en Seine-et-Marne, ndlr) en fin de journée, je courais pour repartir jouer avec mes potes du quartier de Lugny. Derrière l’immeuble où j’habitais, on avait la chance d’avoir un petit terrain en herbe. On s’y retrouvait tous les soirs. Mon père m’y rejoignait parfois. Le foot est un héritage familial. Il était footballeu­r amateur, mon frère adorait le foot et ma mère ne loupait aucun match du PSG.

Il y a des matchs qui t’ont particuliè­rement marqué à cette époque? Je me rappellera­i toute ma vie du match de Ronaldinho contre Marseille en 2003, qui se finit par une victoire du PSG 3-0. J’avais 7 ans et je l’avais maté avec mon coach de l’époque, qui était pour l’OM. Je me souviens très bien du moment où Ronnie part en profondeur, dribble le gardien puis le défenseur pour faire une passe sur un plateau à Jérôme Leroy, qui n’a plus qu’à pousser le ballon au fond des filets. C’était une action de fou, mon coach était vert! En 2006, il y a aussi le Brésil-France de la coupe du monde. J’étais dégoûté de voir le Brésil se faire sortir. J’avais beau être supporter de la France, j’étais fan de Ronaldinho avant tout (rires).

“Dans notre coloc, Kimpembe passait l’aspirateur et nettoyait l’appart de fond en comble. Il est très maniaque”

Au cours d’une interview, Ronaldinho nous a confié: “Si ça n’avait tenu qu’à moi, j’aurais dribblé tout le monde et, arrivé sur la ligne de but, j’aurais fait demi-tour pour dribbler tout le monde encore une fois.” On a l’impression de retrouver cet amour immodéré du dribble chez toi… Totalement. Et c’est ce qui m’a rendu totalement fan de lui, cette manière insouciant­e avec laquelle il jouait, le spectacle qu’il créait. Pour lui, le foot était un divertisse­ment avant d’être un sport. Il me donnait des frissons quand j’étais gamin. Quand je suis devenu pro, c’est l’objectif que je me suis fixé: faire en sorte que le spectateur éprouve ce même genre de sensations quand il regarde mes matchs. Le problème avec le haut niveau, c’est que dribbler tout le monde et puis revenir en arrière, ce n’est plus possible (rires). Ce qui devient le plus important, c’est la victoire et non le spectacle. J’essaie de concilier les deux, mais la rationalit­é l’emporte.

Durant longtemps, tu as joué en mordant la craie sur ton aile. Aujourd’hui, on a l’impression que tu réfléchis beaucoup plus et que tu joues moins à l’instinct. Qu’est-ce qui t’a fait évoluer? En prenant de l’âge et en devenant un joueur important dans l’équipe, on me demandait de devenir efficace, de commencer les actions, mais aussi de savoir les finir. Avant, j’aimais être collé sur la ligne pour récupérer la balle dans les pieds et fixer. Mais le problème lorsque tu es collé à la ligne, c’est que tu es très très loin du but (rires). Quand il y a des actions dans le jeu, pour faire des appels ou te retrouver devant le but, tu es aux abonnés absents. Je devais trouver un compromis, être un peu plus dans le calcul. Donc j’essaie toujours de percuter, mais aussi d’être présent pour conclure. Cela dit, je me vois toujours comme un “dynamiseur”, quelqu’un qui crée des occasions plutôt qu’un finisseur. Et ça, ça ne bougera pas, car c’est l’ADN de mon jeu.

Tes duels face aux latéraux, tu les abordes comme des matchs de boxe ou comme des parties de sudoku? En général, j’essaie de provoquer le plus possible le latéral. Je n’ai pas de plan tactique, même si je lis les données sur mon adversaire du jour à chaque fois qu’on a les éléments sur tablette. Je ne fais pas de trash-talking, ni ne lance de regards vénères pour le déstabilis­er, comme dans un match de boxe. Le seul truc, c’est que j’évalue psychologi­quement le défenseur lors de nos premiers contacts. S’il joue dur d’entrée et qu’il me laisse peu d’espace pour l’affronter en un contre un, ça me conforte dans l’idée qu’il flippe. Dans ce cas-là, je fais tout pour l’affronter en individuel, car je sais que j’aurai un ascendant sur lui. Et quand je suis passé une fois, je sais qu’il va passer le reste du match à douter. Et quand je le vois reculer, hésiter, c’est là que j’appuie sur l’accélérate­ur.

Tu as un jeu basé sur la vitesse, le dribble et les appuis très courts, et tout cela t’a valu énormément de tacles et de tampons. Est-ce que tu dirais que tu as été victime de ton jeu? Quand j’étais plus jeune, je n’avais pas trop de blessures musculaire­s, mais depuis, je me suis rattrapé (rires). Avec la répétition des matchs et des efforts, ça arrive forcément. J’ai été un peu victime de mon jeu, j’en ai pris conscience, mais je ne crois pas que j’ai essuyé trop de tacles assassins. Aujourd’hui, j’évite de prendre trop de risques lorsque je vois un mec foncer sur moi à balle. J’ai compris que je devais protéger mon corps.

Est-ce qu’il y a des trucs que tu aimerais tenter mais que tu ne fais pas par peur que ton coach te hurle dessus en allemand? Non,

“Je pourrais prendre le ballon et faire deux ou trois virgules par match, mais ça ferait un peu cirque Pinder”

ça va, je n’ai pas peur des engueulade­s en allemand (rires). Je ne peux pas laisser libre cours à 100 % de ma créativité. Quand tu évolues dans un grand club, tu es obligé de la brider. Je pourrais prendre le ballon et faire deux ou trois virgules par match, c’est un geste que je maîtrise, mais ça ferait un peu cirque Pinder. Je suis dans un club très sérieux, on doit gagner des trophées et je me dois d’être efficace, je n’ai pas le choix. Enchaîner trois passements de jambes, ça va ralentir le jeu. Mais quand je serai en fin de carrière, je me vois bien évoluer dans un club modeste où je me ferai 100 % plaisir. À ce moment-là, je pourrai faire le zouave et une compilatio­n de gestes techniques durant 90 minutes (rires).

Ton père nous racontait que jeune, il te répétait que tu avais “les pieds carrés, pour pas que [tu] prennes le melon”. Aujourd’hui, il est toujours aussi sévère avec toi? Ouais, il taille dur. Il n’a plus besoin de me dire que j’ai les pieds carrés, car il sait que je ne prendrai pas la grosse tête, mais il est très critique sur mes performanc­es. Il sait que je suis capable de grandes choses, donc il est très exigeant. Il a joué un grand rôle à mes débuts. Il m’a toujours poussé pour accomplir mon rêve. Je me rappelle que lorsque l’on habitait à Savignyle-Temple, nous étions à plus de 70 kilomètres du centre d’entraîneme­nt de Saint-Germain-en-Laye. Et c’est lui qui se tapait les trajets. À chaque fois, il prenait sa petite Kangoo pour m’emmener et me ramener. Il avait installé une couette pour que je puisse récupérer durant les trajets, et lui, pendant ce temps-là, il se tapait les embouteill­ages (rires).

Tu as partagé un appartemen­t à Saint-Germain-en-Laye avec Presnel Kimpembe, au centre de formation du PSG. Tu gardes quels souvenirs de cette période? Cette année de coloc restera sans doute comme l’un des meilleurs moments de ma vie. J’avais l’impression d’être libre après quatre années passées en internat. On se tapait des barres de rire tout le temps. On avait une répartitio­n des tâches savamment rodée. 75 % du temps, c’est moi qui m’occupais de la bouffe, et 25 % du temps, c’était Presnel. Pour le ménage, c’était l’inverse. Aujourd’hui, je suis un meilleur cuistot, mais à l’époque, on ne peut pas dire que je l’ai régalé (rires).

Je faisais tout ce qui me passait sous la main. Des pâtes, des cordons bleus, des nuggets, des trucs assez basiques. Au niveau du ménage, en revanche, il gérait. C’est lui qui passait l’aspirateur et nettoyait l’appart de fond en comble. Il est très maniaque, donc c’était parfait. Pendant longtemps, la télé du salon ne captait aucune chaîne et l’écran était dédié uniquement aux parties de PlayStatio­n. On se butait dessus tous les soirs. On était comme des frères.

Tu as l’un des plus beaux palmarès du foot français avec dix titres de champion consécutif­s, mais les Français te connaissen­t peu. Comment expliques-tu ce paradoxe? Ça s’explique par le fait que je n’ai jamais explosé en France. Mon premier contrat pro, je l’ai signé à la Juve, alors que j’avais à peine 18 ans. J’avais disputé quelques matchs avec le PSG, mais pas assez pour marquer les gens. J’ai commencé à percer quand j’étais au Bayern, et il faut croire que les gens ne regardent pas trop la Bundesliga (sourire).

Ta première sélection a eu lieu le 13 novembre 2015, le jour des attentats qui ont meurtri la France, tu as participé à l’Euro 2016 avec cette finale perdue au bout et les blessures t’ont empêché d’être champion du monde en 2018. Tu as l’impression d’avoir la poisse avec les Bleus? Pas du tout. L’Euro 2016 reste pour moi une aventure extraordin­aire. J’avais à peine 20 ans et je participai­s pour la première fois à une grande compétitio­n. Et même si on perd en finale, ça reste un parcours de fou. Cette défaite a vraiment renforcé le groupe et conditionn­é sa victoire en coupe du monde deux ans plus tard. Quand tu goûtes presque à la victoire mais qu’on te retire le titre au bout, tu as la dalle. Je n’ai jamais voulu revoir la finale de l’Euro 2016, j’ai encore cette rage. Le seul truc dont je me souviens, c’est lorsque je suis rentré à l’heure de jeu, je crée deux ou trois occasions. On était très dangereux. Il y a une tête de Grizou qui passe juste à côté, Gignac tape le poteau. Si l’on rejoue le match dix fois, on gagne neuf fois… Pour la coupe du monde, c’est vrai que je peux nourrir des regrets de ne pas avoir pu y participer, mais je l’ai vécue en tant que supporter.

Et aujourd’hui, j’essaie de me dire que c’est un mal pour un bien, car j’ai rencontré ma femme au cours de cette période. J’étais parti en vacances aux États-Unis et nous avons fait connaissan­ce là-bas. Depuis, nous nous sommes fiancés. Je veux croire que le hasard fait bien les choses.

“J’essaie de passer moins de temps devant les écrans. Je lis un bouquin sur les énergies positives et je fais des puzzles avec madame. Là, on attaque des 1000 pièces”

Tu attends la fin du confinemen­t pour la demander en mariage? J’ai déjà fait ma demande l’été dernier. Elle a été acceptée (rires). On a prévu de peut-être se marier après l’Euro. Tout dépend de comment se passe la compétitio­n et des contrainte­s avec le Covid, mais on réfléchit à comment organiser tout cela.

Comment passes-tu tes soirées? J’essaie de passer moins de temps devant les écrans. Je me suis mis à lire un bouquin sur les énergies positives et je fais beaucoup de puzzles avec madame. On a débuté par des 500 pièces et maintenant on attaque des 1000 pièces. On adore ça. On a commencé par reconstitu­er des villes comme Venise ou San Francisco, puis on s’est mis aux animaux, et

maintenant, on est dans une période Disney. Il ne faut pas croire, c’est vraiment kiffant, les puzzles.

Vous faites un 1000 pièces en combien de temps? On est déter’ tous les deux, mais on ne va pas se mentir, ça prend pas mal de temps. En général, au moins une semaine. J’ai la chance d’avoir une table à manger super longue, donc on peut étendre nos puzzles dessus. Pour le moment ça va, ça ne nous a jamais empêché de dîner (rires).

Tu as arrêté tes études alors que tu étais en terminale S et que tu avais un an d’avance. Aujourd’hui, tu parles couramment quatre langues: français, allemand, italien, anglais. Tu aurais aimé faire des études? Ah non, pas du tout! J’étais bon à l’école, mais mon objectif a toujours été d’être footballeu­r. Quant aux langues, j’en parle cinq en réalité, car tu oublies le créole! Après, je n’ai pas de recette miracle. J’ai toujours été doué en langues, mon cerveau les assimile vite. Je ne crois pas que ça soit une question d’intelligen­ce, j’ai juste la chance d’avoir des facilités.

Tu n’as eu que des très grands coachs dans ta carrière. Est-ce que ça aide à voir le football autrement? Ils sont tous différents, mais tu apprends beaucoup tactiqueme­nt. Tu apprends à jouer différemme­nt avec ces coachs. Il est évident que le football offensif de Guardiola n’est pas le même que celui de Carlo Ancelotti. Aujourd’hui, je peux m’adapter à plein de schémas de jeu différents.

Il paraît que Guardiola voulait faire jouer Neuer dans le champ lors d’un match de Bundesliga, mais que les dirigeants s’y sont opposés de peur que tout le monde voie ça comme du snobisme. S’il t’avait dit d’aller dans les cages, tu y serais allé? Oui, j’y serais allé (rires), mais je ne suis pas sûr de ton info, là.

Qu’est-ce qu’il faudrait au PSG pour devenir une machine comme le Bayern

Munich? (Grand silence) C’est compliqué, car ce sont deux histoires totalement différente­s. Je trouve que le PSG est une machine en soi. Cette année, ils nous ont battus, donc ça serait malvenu de ma part de leur donner des conseils. C’est un grand club. Le Bayern s’appuie sur un héritage historique majeur, mais Paris a un projet pour devenir ce grand club et ils sont en bonne voie pour le faire.

Le PSG a dépensé des milliards pour remporter la ligue des champions mais se fait planter lors de sa première finale par un joueur issu du club… En l’occurrence, toi. Est-ce que tes potes de la région parisienne te parlent encore? Tout le monde me parle encore, Dieu merci (rires). Après la finale, j’ai reçu beaucoup d’insultes et de “ne reviens plus à Paris” sur les réseaux sociaux. Mais quand je suis revenu à Paris, j’ai reçu plein d’encouragem­ents et de félicitati­ons, les gens ne m’en voulaient pas, bien au contraire. Je crois même qu’ils étaient fiers de voir un titi parisien marquer le but de la victoire en finale de ligue des champions.

Le Bayern est un club énorme, mais ce n’est pas le plus sexy.

Ça te faisait rêver, le Bayern, étant petit, honnêtemen­t? Non, quand j’étais enfant, c’était vraiment le PSG et Barcelone, Ronaldinho oblige. Le Bayern ne fait peut-être pas partie des clubs qui font le plus rêver les jeunes car ce n’est pas un club fantasque et la rigueur allemande peut un peu refroidir. C’est en grandissan­t qu’on se met à apprécier la culture de ce club, son héritage historique et son efficacité redoutable.

En France, l’Allemagne ne passe pas pour une destinatio­n de rêve. Qu’est-ce que tu dirais pour convaincre tes compatriot­es de partir en vacances à Munich? C’est safe. Tu peux partir de chez toi et laisser les portes ouvertes, tu ne vas pas te faire cambrioler. Les Allemands sont super agréables et ils parlent tous anglais. Ils sont plus respectueu­x de l’intimité et moins intrusifs qu’ailleurs. Je peux passer toute une journée à marcher dans Munich, j’aurai à peine deux ou trois demandes de photos. Si je faisais ça à Paris, en l’espace de trois heures, je serais sur les rotules (rires).

Les Allemands ont toujours foutu des complexes à n’importe qui, mais aujourd’hui, c’est la France qui gagne à la fin. Comment tu expliques que les Bleus, sans avoir vraiment de style de jeu très défini, soient aussi compétitif­s? C’est la patte Deschamps. Pour moi, la qualité d’un coach se mesure à sa capacité à fédérer un collectif, et ce n’est pas évident en sélection, alors que tout le monde évolue aux quatre coins de l’Europe et ne se voit que quatre ou cinq fois par an. Le sélectionn­eur a réussi à créer une atmosphère dans ce groupe, les gens sont prêts à se sacrifier les uns pour les autres sur un terrain et ça fait la différence, au-delà de la qualité individuel­le des uns et des autres.

Ton contrat au Bayern court jusqu’en 2023. Tu as envie de prolonger? Oui, bien sûr. Après, on est en pleine discussion et négociatio­ns, on va voir comment tout cela va évoluer au cours des prochaines semaines.

D’autres championna­ts te font rêver? Les championna­ts anglais et espagnol. J’aimerais bien gagner les cinq grands championna­ts au cours de ma carrière. Mon objectif est de continuer à gagner des trophées collectifs et individuel­s. C’est ce qui me fait vibrer et avancer. Je ne serai jamais lassé du goût de la victoire.

Au-delà de la reconnaiss­ance, des titres, de la médiatisat­ion, le football t’a permis de gagner confortabl­ement ta vie. Qu’est-ce qu’on fait de cet argent quand on est jeune comme toi, mis à part s’acheter des trousses de toilette Louis Vuitton? J’investis. Dans l’immobilier, dans les montres, tout un tas de trucs. Tiens, par exemple, depuis janvier, je me suis mis à la cryptomonn­aie. Je mine du Bitcoin et c’est assez marrant comme activité. Depuis le confinemen­t, j’ai repris en main mes affaires. J’essaie d’assurer

“Je me suis mis à la cryptomonn­aie. Je mine du Bitcoin et c’est assez marrant comme activité”

mon avenir après le foot, d’aider les gens et de construire un patrimoine pour mes petits-enfants et arrièrepet­its-enfants. Faut être prévoyant dans la vie.

“Pour me faire kiffer, il faut que tu mélanges des cordons bleus, cinq fromages, des crêpes salées. Je veux du dépaysemen­t”

Plus jeune, tu avais des plaisirs simples. Ton ancien collègue Dylan Batubinsik­a nous confiait que tu étais un fan absolu de kebabs et que tu nourrissai­s exclusivem­ent de cela. À quel moment tu as arrêté ces conneries? Ça c’est faux (rires). Je suis un amateur de bouffe en général, et quand j’étais plus petit, comme j’avais moins de moyens, c’est vrai que c’était kebab avant tout. Après, quand je débarquais au grec du coin, je prenais rarement la viande originelle à base d’agneau. J’aime la sauce biggy-barbecue. Je prenais souvent des kebabs chicken chika, et des mélanges avec des cordons bleus. J’aime bien déguster autre chose que le pain pita traditionn­el, j’aime l’odeur des pains au four, les cheese naans aussi. Aujourd’hui, je dois faire attention à ce que je mange, mais je reste un fan de bouffe. Tiens, là par exemple, il y a trois semaines, j’étais de retour à Paris et je me suis tapé une heure de route pour bouffer des gaufres salées à l’américaine. Le truc était vraiment vénère, je n’ai pas regretté le voyage. Ça m’arrive encore de me taper des missions culinaires de ce style. Mais plus pour des kebabs, en revanche. C’est cinq maximum par an désormais, manger un truc basique à base d’agneau et de sauce blanche, ça ne m’intéresse plus, j’en ai trop connu dans ma vie (rires). Moi, je veux tester des trucs nouveaux. Pour me faire kiffer, il faut que tu mélanges des cordons bleus, cinq fromages, des crêpes salées. Je veux du dépaysemen­t.

Au-delà de ton amour du kebab, tu te distingues aussi par ton goût de la sape. Pourquoi ce soin apporté aux vêtements, ça date de ton enfance? J’ai toujours aimé les habits depuis que je suis petit. Je crois que le premier avis que l’on se fait sur quelqu’un repose souvent sur ses vêtements, donc j’ai rapidement compris que tu pouvais envoyer des messages à travers cela.

T’as dû croiser des centaines de joueurs dans un vestiaire, quel est le mec le plus classe que tu aies rencontré? Personne ne m’a fait une impression de fou, honnêtemen­t.

Même pas Didier Deschamps? Non (rires). Après, peut-être Beckham, il dégageait un style sans forcer. Il y a des mecs qui veulent avoir du style et ils surchargen­t à fond. À la fin, ça ne ressemble plus à rien. Beckham, c’était l’élégance naturelle. On avait l’impression qu’il ne cherchait pas à dégager autant de style et de charisme.

Il paraît que tu passes ton temps devant des vidéos à la con sur ton smartphone. Est-ce que ta plus grande peur, c’est de devenir un mème? Tout le monde y passe. Il y a des personnage­s qui ont plus de ressorts comiques que d’autres, mais je pense qu’on aura tous un facepalm, un contrôle manqué et une glissade qui finiront dans le grand bêtisier d’Internet. Je suis déjà devenu un mème. On voyait ma tête et écrit “So Coman?”, je n’ai toujours pas compris la vanne (rires). Je crois que quand ça te tombe dessus, faut juste baisser la tête et se dire que dans deux jours, il y aura un mec qui aura fait un truc encore plus con que toi et qu’on t’oubliera.

Tu joues à Football Manager depuis plus de dix ans. Quand tu prends un club, tu t’achètes à chaque fois? Je coûte plus cher qu’autrefois, mais oui, c’est mon premier réflexe. Même si je dois mettre tout mon budget transfert sur moi, je le mets. Je crois en moi. Mais j’évite de trop jouer à Football Manager, car c’est une drogue et ça bouffe tout ton temps. La dernière partie que j’ai lancée, c’était avec des potes. Je préfère, car lorsque je suis tout seul, je suis mauvais joueur et je peux recommence­r un match si j’estime que le jeu a triché.

Est-ce que tu réalisais des faux transferts comme Ousmane Dembélé pour renflouer les caisses de ton club? Non, je suis les règles. C’est Paul Pogba qui trempe dans des opérations louches comme ça aussi. Je l’ai vu prendre le contrôle d’une autre équipe pour lui vendre ses joueurs à prix d’or et en récupérer d’autres pour que dalle. Je me rappelle qu’il s’était transféré Cristiano Ronaldo pour des cacahuètes. C’est un malade.

Tu as souvent dit que tu envisageai­s d’être coach plus tard. Quand tu vois les débuts compliqués d’Andrea Pirlo à la Juve, ça ne refroidit pas ce désir? C’est une envie que j’ai toujours eue, mais plutôt en tant que coach dans un centre de formation, avec des U15, U17 grand max. Je veux pouvoir prodiguer des conseils aux jeunes, les encourager et surtout leur transmettr­e un message: celui de continuer l’école. Finalement, nous ne sommes qu’une poignée à réussir et à vivre de ce sport. Beaucoup restent sur le carreau ou ne parviennen­t pas à en vivre. Quand on est jeune, on nous répète ce conseil, mais on ne l’entend pas forcément. J’ai envie de croire que si ça vient de quelqu’un qui a réussi et qui était dans le milieu, ça touchera les ados et qu’ils l’entendront. Lorsque j’aurai passé mes diplômes d’entraîneur, je ne souhaite pas revivre la même pression que celle connue au cours de ma carrière. J’aurai passé l’âge de me taper des mises

• au vert (rires).

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? “Les machines à sous? Au fond du casino, monsieur ”
“Les machines à sous? Au fond du casino, monsieur ”
 ??  ??
 ??  ?? Attendez mais on met des gens dans les tribunes, maintenant, c'est quoi cette fantaisie?
Attendez mais on met des gens dans les tribunes, maintenant, c'est quoi cette fantaisie?
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Coman te dire adieu.
Coman te dire adieu.

Newspapers in French

Newspapers from France