So Foot

“J’ai eu l’impression d’être un candidat d’À prendre ou à laisser”

- – PROPOS RECUEILLIS PAR STEVEN OLIVEIRA / ILLUSTRATI­ON: WINAMAX

Joueur de poker profession­nel et membre du Team Pro Winamax, Romain Lewis est un habitué des coups de bluff. Il l’a prouvé durant cet Euro 2020 en remportant 66 695 euros en combinant les scores de 3-3 sur les matchs Croatie-Espagne et France-Suisse. Son pari affichait une cote à 21 000 pour seulement 9,52 euros de mise.

Tu es un habitué des paris sportifs?

À la base, je suis un joueur de poker. Je joue profession­nellement depuis six ans maintenant. On va dire que je parie plus souvent que la moyenne, je pense, mais c’est surtout par périodes, par exemple quand il y a des grosses compétitio­ns. Pendant l’année, ça varie.

Revenons sur ce pari totalement fou. Tu combines souvent deux scores exacts? Oui, c’est une technique que j’ai toujours un peu appliquée. Surtout pendant les compétitio­ns internatio­nales, où il y a deux matchs dans la journée que je sais que je vais regarder. J’aime bien faire ça avec des petits montants, c’est un peu comme un ticket à gratter, on ne sait pas vraiment ce qui va arriver, et la mise est anecdotiqu­e. Et je préfère opérer comme ça plutôt que de mettre beaucoup d’argent sur une grosse cote, c’est plus grisant. Ça fait quelques années que je fais ça, sans trop de réussite jusque-là.

Et pourquoi ce choix de 3-3 sur les deux rencontres du 28 juin? Alors en fait, avec un pote à moi qui vit à Nantes, nous avons a eu une discussion paris le matin même, et nous avons réalisé que l’on aimait bien tous les deux combiner deux scores exacts. Et plus tard dans la journée, il m’envoie la photo de son combiné avec les deux 3-3 et cette cote à 21 000. C’est exactement le genre de délire qui m’attrape. Je rigole un peu, en me disant qu’il vient de filer de l’argent à Winamax.

Sauf qu’après deux minutes, je lui dis: “Je ne te laisse pas seul dans ce délire, j’aime beaucoup cette histoire de 9,50 euros investis pour 200 000 de gain potentiel.”

Tu as fait deux cash out pendant ton pari.

À quel moment? À la fin de Croatie-Espagne, je regarde le cash out que l’on me propose. Dans mon esprit, il n’était pas possible de cash out seulement une partie du pari, c’était soit tout, soit rien. Quand j’ai compris que j’étais dans le faux, j’ai encaissé 500 euros sur les 1250 que l’on me proposait, et j’ai laissé le reste pour vibrer. Le match se passe, il y a cette deuxième période totalement folle, et quand la Suisse revient à 3-2, je commence à y croire fortement. Le cash out était à 11 500 euros, j’ai eu l’impression d’être un candidat d’À prendre ou à laisser en direct.

Je me trouvais dans un bar, tout le monde chantait “Cash out, cash out” (rires). Après l’égalisatio­n refusée pour hors-jeu de la Suisse, je me dis que la chance est passée et je rencaisse 4000 euros sur les 9500 que l’on me proposait.

Et puis il y a ce but de Gavranovic… C’était un peu particulie­r, car il restait quatre minutes derrière. Et du coup, je ne suis pas en mode grosse explosion de joie, car je n’y crois pas, en fait. La France pousse, et puis il y a ce contrôle de la poitrine et cette volée de Coman. Dans ma tête, elle rentre en pleine lucarne, sauf que ça touche la barre et que l’arbitre siffle la fin dans la foulée. C’est à ce moment-là que j’ai explosé de joie. Il y avait une ambiance folle au bar, le barman est monté sur notre table, c’était vraiment le boxon. Et ma table a bénéficié de mon pari, j’ai régalé la soirée.

Tu n’es pas supporter de l’équipe de France? Non, je suis pour l’Angleterre. Et ce pari, je n’aurais pas pu le faire sur l’Angleterre, je n’aime pas parier sur mes équipes de coeur. Mais en revanche, j’ai regardé le match avec des potes supporters des Bleus. Et quand la Suisse a égalisé, ils étaient quand même contents car ils venaient d’assister à un pari du genre de ceux qui ne passent qu’une fois dans une vie.

Tu n’as pas ruminé tes cash out successifs? Non, pas du tout. Là, effectivem­ent, la différence avec la cote de base est énorme, mais ça reste une somme folle quoi qu’il arrive. C’est énorme de gagner 60 000 euros, c’est impossible d’être déçu. Et mon pote nantais a pris quasiment la même chose que moi. On va bientôt se voir pour fêter ça.

“Dans ma tête, la frappe de Coman rentre en pleine lucarne, sauf que ça touche la barre et que l’arbitre siffle la fin dans la foulée. C’est à ce moment-là que j’ai explosé de joie”

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