So Foot

Jeremy Bonfillou

22 ANS, AUXERROIS, COORDINATE­UR DANS UNE AGENCE D’INTÉRIM

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“Avec trois potes, on s’est fait la phase de poules en bagnole. L’idée était de partir dix jours via l’Allemagne, l’Autriche, la Slovaquie et la Hongrie. Bon, c’était un Kadjar, pas une

206 non plus, donc ça roulait bien. À partir du premier match des Bleus à Munich, on a ressorti notre drapeau de la France avec le blason de l’AJ Auxerre, qu’on avait déjà déployé à la coupe du monde en Russie lors de France-Argentine. Ça a commencé à se gâter en Autriche, j’avais réservé une table pour mater leur rencontre face aux Pays-Bas, et au final on s’est fait dégager au bout du bar, on ne voyait quasiment pas la télé. Le lendemain, c’était Slovaquie-Suède à Bratislava, et c’est nous qui apprenions aux habitants que leur équipe jouait. ‘Ah, la Slovaquie a un match aujourd’hui?’ Et puis, il y avait aussi le stress des tests PCR. En Slovaquie, c’était 220 euros, de la folie. En France, c’est gratuit. On a cru que notre voyage s’arrêterait là. Dans la chambre d’hôtel à Bratislava, c’était le silence. Chacun d’entre nous a renvoyé son test PCR fait en France à un pote pour qu’il le modifie sur Photoshop. On a passé la frontière hongroise avec un faux test, et on a fait la même pour les matchs. L’ambiance était un peu particuliè­re à Budapest, l’un de mes potes s’est fait cracher dessus par un Hongrois, sans raison, juste parce qu’il avait un maillot des Bleus. Un autre, qui est noir, a passé une demi-heure à prendre des photos avec les locaux qui voulaient poser à côté de lui, car là-bas, il y en a très peu. Les enfants le touchaient. La scène nous faisait marrer, même si c’était assez surréalist­e. Ça a donné le ton de ce que serait le match. Il y avait une ambiance superbe au stade, même si on ne cautionne pas les idées de leurs ultras.

Ils envoyaient du lourd, mais tu sentais qu’il fallait être vigilant quand même. Un soir, en boîte, un videur nous sort: ‘Vous êtes français, vous ne chantez pas, vous ne criez pas, sinon ce qui se passera ne sera pas notre problème.’

Tu comprends qu’il y avait quelques mecs qui n’étaient pas là pour se marrer. On est très peu sortis le soir, mais on a quand même fait des putains de rencontres typiques de ce genre de tournoi. Dans un bar de Budapest, on tombe sur deux Finlandais, habillés du maillot de la sélection, totalement explosés, qui pensaient que leur équipe jouait en Hongrie alors que ça n’était pas du tout le cas. Après France-Portugal, notre drapeau est passé un peu partout. Le lendemain, nous avons été invités par le staff de l’AJ Auxerre pour passer un moment avec eux, à Colmar. Jean-Marc Furlan a écourté notre voyage, quoi, c’est ouf. On a passé les

1300 derniers kilomètres de notre périple à faire des haltes pour regonfler un pneu crevé, mais on a fait tout ça pour l’AJA, c’est le principal.”

“Un soir en boîte, un videur hongrois nous sort: ‘Vous êtes français, vous ne chantez pas, vous ne criez pas, sinon ce qui se passera ne sera pas notre problème’” Jeremy, fan des Bleus

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