Alberto Garcia Aspe
HUITIÈME DE FINALE DU MONDIAL 1994 MEXIQUE-BULGARIE (1-1, PUIS 1-3 AUX TAB)
C’est un souvenir terrible qu’on ne cesse de me rappeler, et ce sera le cas jusqu’à la fin de ma vie. Avant ce jour-là, je n’avais jamais manqué un penalty en sélection. D’ailleurs, pendant le temps réglementaire, j’avais inscrit le seul but de notre match sur penalty, avec ma technique habituelle. Je prenais seulement deux pas d’élan et j’adressais une puissante frappe croisée en hauteur. Si elle était bien exécutée, c’était imparable. Selon moi, mon raté est justement lié à cette réussite. J’avais demandé au sélectionneur d’être le cinquième tireur, pour pouvoir étudier la manière de plonger du gardien. Mais il n’a pas voulu. Il a insisté pour que je sois le premier à tirer. C’était un témoignage de confiance de sa part, mais quand j’ai mis le ballon sur le point de penalty, j’ai subitement commencé à douter. C’est un moment qui dure une fraction de seconde, mais que tu ne peux pas t’autoriser à ce moment-là… Et le ballon s’est envolé sur la partie supérieure de la barre transversale.
Si je n’avais pas pris ce penalty pendant le match, jamais je n’aurais manqué ce tir au but, d’autant que ça a provoqué une réaction en chaîne. Après moi, Jorge Campos a arrêté le tir de Krasimir Balakov, mais mes coéquipiers n’ont pas tiré avec leur confiance habituelle. Aujourd’hui encore, je suis convaincu que nous nous serions qualifiés si j’avais mis le mien, car ça aurait montré la voie aux autres. Quoi qu’il en soit, pour moi, cet échec a été un tournant. J’étais déjà un spécialiste, mais j’ai réalisé que je devais travailler encore davantage mon exécution. Je m’entraînais quatre fois par semaine, et j’ai enchaîné ensuite plus de 40 penaltys sans flancher. En sélection, je voulais ma revanche. Et je l’ai eue au mondial 98, en phase de poules face à la Belgique. Ce jour-là, Luis Hernandez voulait le tirer, mais je l’ai envoyé balader, car je m’étais préparé pour ce moment. Reste qu’aujourd’hui, c’est encore de ce tir manqué contre la Bulgarie dont on continue de me parler…