Le fusil de chasse scié

C’était en avril dernier. À cinq mois de la retraite, le patron du Café des Sports de Neuville-saint-rémy, près de Douai, se fait braquer par un type à capuche et fusil à canon scié. “J’ignore si c’était une vraie arme ou pas, mais j’ai préféré ne pas prendre le risque de prendre une balle pour un fonds de caisse. On ne sait jamais ce qui peut se passer dans leur tête. Le principal, c’est qu’il n’y a pas eu de blessé”, a déclaré Pierre-alain Quinio à La Voix du Nord. Cette arme est véritable, même si elle ressemble à une arquebuse ou un mousquet digne de Pirates des Caraïbes. C’est le fusil de chasse à papi, la crosse en bois et le long canon lisse en moins. Facile d’achat sur présentation du permis de chasse, et tout aussi facile à voler puisqu’il est rarement stocké dans un coffre par ses propriétaires. Une fois le fusil rapetissé, il devient une arme de poing, classée en catégorie B. “En France, on n’a pas une culture de l’arme mais on a une culture de la chasse”, dit Jean-pierre Duriez, le patron des experts balistiques de la police scientifique de Lille. Il a raison: la Fédération nationale des chasseurs revendique 1 200 000 pratiquants et la troisième place des loisirs français. L’enseigne Décathlon vendait même des carabines de chasse et fusils à pompe jusqu’en 2003. Elle a cessé de le faire suite à la tentative d’assassinat de Maxime Brunerie sur le président Chirac en 2002. “À l’époque, aucun permis n’était nécessaire pour acheter un 22 long rifle. Alors, beaucoup de ces armes sont encore dans la nature. Ça se promène un peu partout sans propriétaire légitime.”