Le Bazooka
C’est le “Super Bazooka M20B1”. Un lanceroquettes américain conçu pour défoncer les Panzer, les chars allemands, vers la fin de la Seconde Guerre mondiale. C’est son benjamin, le petit M1, que l’on découvre tout au long du film Il faut sauver le soldat Ryan. Celui-là a été saisi chez un collectionneur d’armes de guerre, sur dénonciation d’un voisin craintif. Pour Jean-pierre Duriez, pourtant, les collectionneurs sont des gens “responsables et sérieux, qui connaissent les lois. Mais c’est vrai qu’être obligé de neutraliser une arme de guerre pour pouvoir la conserver chez soi comme un simple objet, c’est un peu comme acquérir une voiture de prestige… sans moteur”. Impensable pour certains, qui préfèrent la clandestinité, quitte à risquer la prison. Jacques Mayeur est trésorier des Dragons du Nord, une association de collectionneurs d’armes anciennes. Chaque année depuis 30 ans, leurs membres organisent une grande bourse aux armes de guerre, où l’on échange un Sten contre un mauser, une grenade à manche contre un casque à pointe. Les perquisitions sont leur hantise. “La police ramasse tout ce qu’elle veut, même ce qui ne tire pas, même ce qui est démilitarisé et considéré comme une arme de collection. Puis, elle envoie ça à la ferraille”, regrette-t-il. En septembre 2016, les gendarmes font main basse sur les armes d’une quinzaine de collectionneurs. Trois sont poursuivis, dont un vieillard de 85 ans, connu pour vendre des armes et des uniformes dans les brocantes. Le procureur dénoncera “la porosité entre le milieu de la collection et le marché noir des délinquants”, mais les vendeurs à la petite semaine n’écoperont que de sursis. Jean-pierre Duriez présente une carabine allemande sculptée de fleurs. Le mauser G98 porte l’inscription “Bataille de la Somme”. “On pense qu’il a été récupéré par un poilu, c’est de l’art de tranchée. J’espère que cette arme terminera dans un musée.”