Une fille, une histoire.
Elle espérait trouver l’âme soeur, mais les sites de rencontre ont failli la jeter dans les bras d’un braqueur de banques. Depuis, Julie Nashawaty se charge d’enquêter sur vos potentiels rencards.
Julie Nashawaty, la fille qui stalke ses rencards.
Un bon sens de l’humour, un amour sincère pour les chiens et un solide poste de recruteur dans une startup. À l’été 2016, Julie Nashawaty, 35 ans et divorcée, s’emballe pour un inconnu au profil d’“homme idéal” rencontré sur Okcupid, l’un des sites de rencontre américains les plus populaires. Très vite, ils s’ajoutent sur Snapchat, discutent de tout et de rien, puis conviennent d’un rendez-vous “dans la vraie vie”. Deux jours avant leur première rencontre, Julie commence à douter. Et si celui qui fait monter l’indicateur de compatibilité à 92% n’avait pas tout dit, comme ces rencards retirant systématiquement dix ans à leur âge réel? “Par précaution, j’ai fouillé sur Internet, rejoue la Bostonienne. Et là, je suis tombée sur un article datant de septembre 2015 avec une photo de lui en noir et blanc. Au-dessus, ce titre: ‘Le cambrioleur de la Brookline Bank arrêté’. En fait, il avait été capturé la veille de son mariage, puis avait fait un séjour en prison.” Julie annule le rendez-vous galant, avant de couper tout contact avec son flirt. Soulagée. “Si je n’avais pas pris mes précautions, j’aurais pu tomber amoureuse d’un braqueur...”
Depuis, pour prévenir ce genre de mauvaises rencontres, Julie Nashawaty, qui semble avoir une vision du monde où la deuxième chance n’est pas permise, a lancé le service Aste –“comme un astérisque, mais sans le ‘risque’”, insiste-t-elle. Un site dont la mission, moyennant contrepartie (30 dollars pour une vérification) consiste à enquêter sur le profil de vos rencards. La procédure est simple: il suffit de faire parvenir les informations de son “match” puis, dans les 24 heures, le site envoie une vérification des antécédents de l’inconnu. “On ne donne pas de feu vert ni de feu rouge, on laisse simplement un rapport avec des notes alertant sur certains points mais aussi des liens cliquables vers des comptes reliés à l’inconnu –Facebook, Linkedin, Instagram, Snapchat, Pinterest, Youtube, Flickr– et même sa liste d’envies sur Amazon.” Menées en quelques heures, les enquêtes sont basées sur des informations publiques, glanées sur le web. “Derrière Aste, il n’y a aucun algorithme, juste une vingtaine d’enquêteurs, tous travailleurs indépendants”, souligne Nashawaty. Comment cela marche-t-il? “On ne se contente pas de s’asseoir et de googler quelqu’un, indique mystérieusement la jeune femme. La plupart des gens vont s’arrêter à la première page Google, nous allons beaucoup plus loin.”
Arnaqueurs, mariés, avec enfants
Service d’utilité publique ou pure parano? Aux États-unis, 10% des personnes considérées comme délinquants sexuels sont inscrites sur des sites de rencontre, rétorque Nashawaty. “On trouve aussi des hommes mariés, des gens avec un casier judiciaire, d’autres qui ont des enfants mais ne le disent pas, poursuit-elle. Sans oublier les arnaqueurs: ces hommes prétendent être à l’étranger pour le boulot mais vous draguent par messagerie, jusqu’à vous demander de l’argent parce qu’ils ont soi-disant eu un problème durant leur voyage.” Des arrangements avec la réalité concernant aussi bien les hommes que les femmes, aux dires de Nashawaty. Néanmoins, 75% des clientes d’aste seraient des femmes, pour la plupart âgées de plus de 40 ans, détaille Julie. Avant de voir un jour son système greffé à une plateforme de dating, “comme un bouton pour voir qui se cache derrière un profil bullshit”, la célibataire recense les demandes sortant de l’ordinaire: “Des mères de famille me demandent d’enquêter sur le garçon avec qui flirte leur fille, d’autres voudraient en savoir plus sur la présence en ligne de leur enfant.” Et sinon? “Il y a aussi des hommes qui demandent à ce que l’on checke leur profil.”