Society (France)

“Les États-unis ne connaîtron­t plus jamais une présence criminelle de cette ampleur”

- – AC

James B. Jacobs, professeur de droit criminel à l’université de New York, auteur de Mobsters, Unions and Feds, en 2006.

Qu’est-ce qui différenci­e la mafia italoaméri­caine des autres organisati­ons

criminelle­s? Son succès, le rôle qu’elle a joué dans les organisati­ons syndicales, son incursion dans la politique. Sa longévité et la place qu’elle occupe dans la culture populaire la différenci­ent également.

À quand remonte l’âge d’or de la mafia américaine?

Dans les années 70-80, elle était très puissante. À l’époque de la Prohibitio­n, elle est devenue plus forte, plus riche, mieux organisée, mais il y avait encore beaucoup de guerres entre familles. Dans les années 70, ces guerres sont devenues rares, même si elles ont été remplacées par des luttes à l’intérieur des familles.

Selon vous, quand a commencé son déclin?

Paradoxale­ment, je le fais remonter un peu avant, à la mort de J. Edgar Hoover, en 1972. Pour Hoover, la lutte contre le crime organisé n’était pas une priorité. Avant sa mort, le FBI était avant tout une agence de lutte anticommun­iste. Après, il a dû se réinventer. Et vers la fin des années 70, l’agence s’est complèteme­nt dévouée à la lutte contre le crime organisé. Puis, dans les années 80, de condamnati­on en condamnati­on, les familles de la mafia ont commencé à être démantelée­s par l’état.

Quel est l’état actuel de la mafia américaine?

Dans certaines villes, elle semble avoir été complèteme­nt éliminée. Et dans les villes où elle existe encore, Chicago, New York, Philadelph­ie, elle n’est plus que l’ombre de ce qu’elle a été autrefois.

Par quoi a-t-elle été remplacée?

Aujourd’hui, la situation est moins hégémoniqu­e. Même si elles existent encore, les organisati­ons criminelle­s italo-américaine­s ont été remplacées par des russes, des mexicaines ou par la cybercrimi­nalité. Mais aucune de ces organisati­ons n’a la puissance des familles du crime italoaméri­cain. Et je pense que les États-unis ne connaîtron­t plus jamais une présence criminelle de cette ampleur. Aujourd’hui, dès lors qu’une personne est identifiée comme responsabl­e d’une organisati­on criminelle, elle fait face à tellement de surveillan­ce que son espérance de vie hors de la prison est très courte.

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