LES LOIS DE L’ÉTRANGE
Le Nouveau Monde a-t-il été bâti sous psychotropes? C’est ce que pourrait laisser penser à première vue le projet I Fought the Law de la jeune photographe américaine Olivia Locher, qui s’est attelée à exhumer les lois les plus loufoques de son pays et à les mettre en scène dans une série de clichés friandises dont le surréalisme pastel évoque autant une version édulcorée de Jodorowsky qu’un Kenneth Anger débarqué chez Benetton. “C’est en fait un mélange de lois toujours en vigueur, de lois abolies et de quelques légendes urbaines”, explique l’artiste qui, bien qu’elle ait travaillé avec un fact-checker, cultive l’ambiguïté en laissant le spectateur seul juge face à ces aberrations législatives. Si certaines lois comme l’interdiction de peindre un moineau dans le but de le revendre en tant que perruche pourraient renvoyer à la simple névrose d’un homme de pouvoir ou encore à un conflit personnel, d’autres comme celle interdisant le port de pièces de monnaie dans l’oreille à Hawaï, résultent d’une initiative a priori sensée: “En faisant des recherches sur Hawaï, je me suis rendu compte que les dealers plaçaient une pièce dans leur oreille afin que les acheteurs puissent les reconnaître dans la rue, donc cette loi était clairement une tentative d’enrayer le trafic de drogue.” Olivia Locher dit vouloir s’inscrire dans une longue histoire de l’imagerie Americana, avoue n’avoir pas réussi à illustrer une loi qui interdit de peindre des graffitis sur une vache (“Je suis végétarienne”) et confie que son décret idéal serait “l’interdiction de commencer le travail avant 10h, car tout le monde irait mieux avec un peu de sommeil supplémentaire”. La loi Locher?