CHATS FOUS
Objet de fascination tant sacré (l’égypte antique) et poétique (Baudelaire) que régressif (Youtube), le chat serait, selon un dénommé Danial Ryan, tout simplement “ce qu’il y a de plus proche des humains au niveau émotionnel car hostile, joueur, paresseux et égoïste”. Ce peintre de Tampa, Floride –ville tombeau pour les retraités américains et berceau historique du death metal–, a fait du meilleur ennemi de l’homme son sujet pictural de prédilection, proposant une alternative outsider art rafraîchissante face à l’épidémie “lolcat” actuelle. “J’ai le sentiment que la domestication des chats est en fait un phénomène assez récent, avance Danial. Quand j’étais petit, les seules personnes qui avaient des chats étaient les stéréotypes de la vieille dame folle et de ces maîtres qui laissent tout le temps leur chat dehors. Maintenant, c’est comme s’ils étaient littéralement partout.” Une prolifération féline catapultée dans les confins de l’étrange chez l’artiste fou: ici, les matous se lovent dans un avocat ou sous une aisselle, sortent d’un tube de dentifrice, d’un lance-flammes ou d’un donut, et finissent en crème chantilly sur une fraise. Les titres des tableaux tranchent avec la fantaisie naïve des images (les explicites Cursed, I Will Still Hate You Tomorrow, The Seeds of Catatonic Depression and Soul-crushing Despair) et donnent à l’ensemble du projet une dimension inquiétante qui n’est pas sans rappeler les délires de serial killers. “Je me sers des chats comme véhicules pour exprimer mes propres émotions. Leur comportement sociopathe est parfait pour moi.” Danial Ryan réalise également des tableaux de commande, se pliant aux désirs les plus personnels de ses clients avec un plaisir non dissimulé: “J’ai bien aimé peindre Bill Cosby faisant un 69 avec James Quall, et aussi l’affiche de La Fièvre du samedi soir avec un burrito à la place de John Travolta.” L’effet Tampa?