Society (France)

COMMENT SURVIVRE EN TOUTES CIRCONSTAN­CES

Parce qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver

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1. SURVIVRE À UNE MORSURE DE SERPENT

Le 35e jour de son expédition Latitude 0°, un tour du monde de 40 000 kilomètres sur la ligne de l’équateur qui dura 17 mois entre juin 1999 et octobre 2000, Mike se fait mordre par un serpent venimeux en pleine nuit. Il ignore si le venin est mortel. Premier réflexe: entailler sa main autour de la morsure pour faire saigner et purger. “Contrairem­ent à ce que l’on voit dans les films, il est fortement déconseill­é de sucer le venin avec la bouche”, assure-t-il. Ensuite, pour maintenir la morsure plus bas que le coeur et empêcher le poison d’y arriver, il s’allonge sur son hamac, pratiqueme­nt aveugle. Son visage est presque paralysé, il transpire en permanence, perd kilo sur kilo et sa main ressemble à “un ballon

de football américain”. “Il ne faut pas dormir et boire de l’eau.” Autour de la morsure, il coupe les morceaux de chair morte qui pourrissen­t et partent en lambeaux. Les symptômes persistero­nt pendant cinq jours, avant qu’il puisse reprendre sa route. Mais il ne s’est jamais inquiété. “Je savais que le venin aurait une durée limitée. Tu l’ingères, mais au bout d’un moment, ça ne fait plus effet. C’est comme le viagra.”

2. TUER UN CAÏMAN SANS ARME À FEU

Précision: Mike ne s’amuse jamais à taquiner des monstres de cinq ou six mètres.

“L’objectif consiste à me nourrir, pas l’inverse”, sourit-il. Pour estimer la taille d’un caïman dont, de nuit, on ne distingue que le regard, une astuce très simple: évaluer la distance entre ses yeux. En toute logique, plus cette distance est courte, plus l’animal est petit. Ensuite, pour attirer la bête vers lui, Horn imite doucement son cri, avance silencieus­ement jusqu’au milieu de la rivière, de l’eau jusqu’à la taille, et l’aveugle avec sa lampe frontale. Puis il bloque sa respiratio­n, propulse son bras en avant et, d’un geste vif, attrape l’animal derrière la base du crâne pour lui planter son couteau dans la gorge. Et le risque de se faire attaquer par des piranhas? “Ce sont des conneries de cinéma: seules deux espèces de piranhas dans le monde sont carnivores.”

3. TENIR TÊTE À SON BOURREAU

Mike avoue craindre davantage l’homme que la faune. “Ils sont plus dangereux et

imprévisib­les quand ils sont armés.” En République démocratiq­ue du Congo, en plein pendant l’opération Latitude 0°, il se fait capturer par des rebelles qui le prennent pour un espion. Il se retrouve à 5h du matin devant un peloton d’exécution. Avant lui, des prisonnier­s sont fusillés. Pas de quoi l’effrayer. Mike refuse de mettre le bandeau que l’on tend sur ses yeux et défie l’officier qui le tient en joue. “J’ai pris le canon du fusil et je l’ai mis contre

ma tête. J’ai dit: ‘Tire pendant que je te regarde dans les yeux.’” Il profite du moment d’hésitation pour expliquer qu’il est simplement un homme qui suit l’équateur autour du monde. Finalement, on lui laisse la vie sauve. Comme quoi, l’homme a quand même un avantage: il sait parfois changer d’avis.

4. SURVIVRE À UNE SOIRÉE MONDAINE

2001, Mike Horn est nommé au Laureus World Sports Awards, les Oscars du sport, à Monaco. Mais il est au Groenland pour une expédition. Alors, l’organisati­on lui affrète

un hélicoptèr­e. Il est rapatrié en Islande et prend le premier vol. “Je me retrouve en business class pour la première fois de ma vie, en combinaiso­n polaire et chaussures de ski, le visage mangé par une barbe de dix jours. J’ai l’air d’un clochard affamé. Ma voisine, excédée, demande à changer de place.” En principaut­é, il se fait interpelle­r par les

journalist­es, qui crient “Mike!” et “Cathy!” –le nom de sa femme– sur le tapis rouge. “En fait, ils s’adressaien­t à Michael Douglas et Catherine Zeta-jones, qui étaient juste devant nous.” Plus tard, l’acteur américain insiste pour que Mike soit à sa table. “Devant ces stars internatio­nales, j’avais l’impression d’être devenu un griot, et pourtant je parlais de choses simples et vraies, que l’on rencontre dans la nature.”

5. SE COUPER UNE PHALANGE TOUT SEUL

C’est au cours de sa toute première expédition dans l’arctique que Mike se gèle les doigts. Bêtement: sous une températur­e de -70 degrés, il est contraint de retirer ses gants afin de faire ses lacets. Dès son retour au campement, il les trempe dans une casserole d’eau chaude mais, épuisé, finit par s’endormir les mains hors du récipient. “Ça a regelé. J’ai essayé de dégeler à nouveau, mais comme pour la viande, si tu dégèles une seconde fois, ça pourrit. Donc on est obligé d’amputer. Le sang? Ça gèle assez vite.” À l’aide de sa machette, Mike se coupe donc l’extrémité du majeur de la main droite, avant de le mettre dans sa poche! Histoire de glisser un fuck à la civilisati­on consuméris­te pour plus tard?

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