Il faut faire vite. L’excavation d’un dinosaure peut prendre des mois, et la météo ne permettra bientôt plus de creuser
À 500 kilomètres de là, toujours dans le Montana, sur le ranch du vieux Don Wyrick, Peter Larson, 66 ans, vient de trouver un tricératops au flanc d’une crête rocheuse. D’un coup de crayon, il note l’emplacement du fossile, puis rejoint Don, parti s’abriter du soleil dans son pick-up au bas de la côte. L’amitié entre Don Wyrick et Peter Larson a débuté en 2003, quand le premier est venu sonner à la porte du Black Hills Institute of Geological Research (BHI), la société de paléontologie du second, les bras chargés d’un os gigantesque trouvé sur son ranch. Il ne fallut alors que quelques secondes à Peter pour reconnaître le “T. rex”. Quelques jours plus tard, il débarquait chez les Wyrick, accompagné d’une dizaine d’employés du BHI et d’équipement lourd. Le squelette était extrait en deux semaines et vendu un an plus tard au musée des Sciences naturelles de Houston pour plusieurs millions de dollars. La vente permit à Don de sauver son ranch en difficulté. Tandis que Mike Triebold est le spécialiste des fossiles marins, Peter Larson domine le marché mondial des dinosaures terrestres. Depuis qu’il a fondé le BHI en 1974 à seulement 21 ans, lui et ses employés ont déterré pas moins de dix tyrannosaures. Personne n’a fait mieux. “J’ai vendu des dinosaures aux musées de Los Angeles, de Denver, d’indianapolis, de Philadelphie, au Smithsonian de Washington et à l’american Museum of Natural History de New York, pour ne citer qu’eux”, énumère-t-il de retour dans son bureau de Hill City, dans le Dakota du Sud. Il faut se promener ici, dans les entrepôts du BHI, pour mesurer la taille du marché des fossiles. Sur des centaines de mètres de rayonnages industriels, des dinosaures attendent un acheteur. Dans un autre hangar construit sur deux niveaux, des baleines du Pérou côtoient trois tricératops, dix hadrosaures et deux thescelosaurus. Ailleurs, dans la “section des références”, des universitaires viennent de tout le pays étudier les spécimens rares que Peter a décidé de ne jamais vendre. Combien d’ossements trouve-t-on dans ces bureaux? Il n’en a sincèrement aucune idée. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il y a ici plus de dinosaures au mètre carré que dans n’importe quel musée au monde. “On vend tellement que j’envisage de doubler la taille de nos locaux”, déclare Peter dans l’atelier où ses employés fabriquent des reproductions grandeur nature de ses fossiles les plus célèbres. À raison de 100 000 dollars par T. rex, ces sculptures de résine fournissent 50% des revenus du BHI, car la plupart des musées n’ont pas les moyens d’en acheter un vrai. “Ce lot part pour celui de Zhejiang”, détaille-t-il devant une feuille listant une dizaine de dinosaures. Depuis quelques années, le gouvernement chinois a fait de la paléontologie une affaire d’état, et les commandes de fossiles et répliques affluent pour meubler les musées anciens et nouveaux. Cerise sur le gâteau, les musées américains et européens recommencent à acheter, après dix ans d’austérité post-subprimes. Dernier T. rex en date, “Trix” a été vendu en 2016 au centre de biodiversité Naturalis de Leyde, aux Pays-bas, pour un montant de cinq millions d’euros.
Dans le monde de la paléontologie commerciale, Peter Larson est un père fondateur, celui qui, à peine majeur, a
mis le doigt sur le potentiel mercantile des fossiles. “Quand j’ai commencé, le business n’existait pas. Seuls quelques types vendaient des ossements à l’unité sur les foires, personne ne proposait de squelette complet, raconte-t-il. J’ai innové en présentant les fossiles non plus comme des objets de curiosité, mais comme quelque chose de beau, comme des objets d’art.”
Rapidement, il s’impose comme le leader du marché qu’il a grandement contribué à créer, mais le succès est stoppé net en 1992, quand le FBI vient saisir dans les locaux de la BHI le gigantesque squelette de “Sue”, le plus grand tyrannosaure jamais découvert. Successivement accusé d’avoir volé le fossile sur une propriété fédérale, puis épinglé pour une infraction douanière, Peter Larson est condamné à 18 mois de prison en 1995. C’est en détention qu’il suit la vente aux enchères de Sue, en 1997. Vendu 8,3 millions de dollars au musée Field de Chicago, il reste à ce jour le dinosaure le plus cher de tous les temps. Peter Larson n’en touchera pas un centime, mais l’affaire connaît un retentissement planétaire. “Comme on dit, il n’y a pas de mauvaise publicité tant que l’on écrit ton nom correctement, énonce celui qui clame encore son innocence. En très peu de
temps, les commandes ont afflué du monde entier.” Aujourd’hui, Peter Larson traite principalement avec des musées, mais ne voit aucun problème à vendre des fossiles à de riches individus. Ses clients incluent même plusieurs célébrités, dont Leonardo Dicaprio, chez qui il a personnellement installé “un fossile très, très cool”.
“Ni des trafiquants ni des amateurs”
Clayton Phipps, lui, ne côtoie pas le grand monde. Aujourd’hui âgé de 45 ans, cet enfant du Montana a attrapé le virus des dinosaures il y a 20 ans, quand un chercheur de fossiles est venu frapper à la porte de ses parents pour demander l’autorisation d’explorer leur propriété. Au bout de quelques heures, l’homme revient, tenant dans sa main un os de tricératops. “Ce morceau
vaut 500 dollars”, dit-il au jeune cow-boy fasciné. Après cette rencontre, chaque fois qu’il n’est pas occupé à travailler sur le ranch, Clayton Phipps s’en va explorer les alentours, à la recherche de trésors à déterrer. Jusqu’à ce qu’à l’été 2006,
il fasse la découverte de sa vie: pas un, mais deux monstres gigantesques, enlacés. Un cératopsien et un théropode, enfouis ensemble au terme du combat féroce qui leur coûta la vie, si exceptionnellement préservés que des tissus de peau apparaissent encore sur leurs os. Clayton est persuadé qu’il tient la plus importante découverte paléontologique de la décennie. “J’étais convaincu d’avoir entre mes mains le spécimen qui allait réconcilier les paléontologies universitaire et commerciale,
confie-t-il d’une voix amère. Ces fossiles étaient trop importants pour être ignorés, les scientifiques allaient devoir admettre que nous sommes de vrais professionnels.” L’excavation terminée, Clayton se met à contacter les musées américains. “Et là, je me suis pris un mur.” Les uns après les autres, ils lui tournent le dos. Certains chercheurs accusent Clayton d’avoir bâclé le travail d’extraction, ôtant ainsi toute valeur scientifique aux fossiles. Malgré le soutien de grands noms de la paléontologie, les “Dueling Dinosaurs” ne trouvent pas preneur. “Je pense que c’est de la jalousie et de la malveillance, s’indigne-t-il. Ces dinosaures seraient la pièce maîtresse de n’importe quelle institution dans le monde.”
Avec le temps, les Dueling Dinosaurs en sont venus à symboliser la controverse qui oppose depuis ses débuts la paléontologie commerciale à une partie du monde universitaire, et dont l’accusation d’incompétence n’est qu’une des facettes. “Le fait que les paléontologues commerciaux vendent des spécimens importants à des particuliers est notre premier sujet d’inquiétude”,
affirme P. David Polly, président de la Society of Vertebrate Paleontology. Il reproche également au développement récent des ventes aux enchères de pousser les prix à la hausse, rendant les acquisitions toujours plus difficiles pour les musées. D’autres scientifiques comme Mark Norell tiennent cependant à souligner la contribution des paléontologues commerciaux à leur champ d’étude. “Ce ne sont ni des trafiquants ni des amateurs, et le marché privé n’est pas le trou noir que l’on décrit, beaucoup de collections particulières sont mises à la disposition des scientifiques, affirme le président du département de paléontologie de l’american Museum of Natural History de New York. “La majorité d’entre eux sont des gens ultracompétents, et ils sont même souvent meilleurs sur le terrain que les universitaires”, complète Philip Currie, 69 ans, légende canadienne de la paléontologie et inspirateur du personnage principal de Jurassic Park. Tous tombent néanmoins d’accord sur le fait que les entrepreneurs en paléontologie font partie d’un système qui crée des incitations au marché noir. Philip Currie a ainsi pu constater de ses yeux les ravages du trafic quand, au cours d’une expédition scientifique en Mongolie, il a découvert des squelettes réduits en poussière par des braconniers que seuls les crânes intéressaient. Plus sophistiqués, certains criminels chinois vont jusqu’à broyer les ossements pour en faire une pâte qu’ils modèleront afin d’en sculpter de nouveaux. Et la contrebande ne concerne pas que l’asie. Plus de 800 cas individuels de vol de fossiles auraient été recensés dans les parcs nationaux américains depuis 2008, selon Vincent Santucci, paléontologue en chef du National Park Service. “On continue
d’avoir des vols chaque année, confie-t-il. Avec les ventes aux enchères, les gens ont compris qu’un fossile pouvait rapporter des millions.” Clayton Phipps sait tout cela, mais l’éthique ne paie pas les factures. Ruiné par l’affaire des Dueling Dinosaurs, il est contacté en 2013 par un courtier de Bonhams, l’une des plus grandes maisons de ventes américaines, qui lui propose ses services pour les deux fossiles. “Cette solution ne me plaisait pas, ça signifiait qu’ils finiraient peut-être dans une collection privée, mais je n’avais plus le choix, explique-t-il. Il fallait que je nourrisse mes enfants, alors j’ai accepté.” Estimés entre sept et neuf millions de dollars, les Dueling Dinosaurs sont mis en vente le 19 novembre 2013 à New York. Hélas pour lui, ils ne trouveront pas d’acquéreur. À 5,5 millions de dollars, la plus haute enchère n’atteint pas le prix de réserve. Trop chers pour les musées, pas assez sensationnels pour les collectionneurs privés, les deux dinosaures sont remisés dans un emplacement tenu secret, où ils se trouvent encore aujourd’hui, à l’abri de l’humidité et des yeux du public.
L’effet Jurassic Park
Plusieurs observateurs, à la suite de cette vente avortée, se sont empressés d’affirmer que la “bulle des dinosaures” avait éclaté. “Il faut arrêter de dire des conneries, c’est tout le contraire”,
contredit David Herskowitz. À 60 ans, ce courtier volubile aime se présenter comme le précurseur des ventes aux enchères de dinosaures aux États-unis, au début des années 90. À l’époque, l’industrie du fossile se cantonne encore à d’épisodiques acquisitions de musées et aux foires internationales comme celle de Tucson, dans l’arizona, la plus importante de toutes, où Herskowitz revend des morceaux d’ambre une centaine de dollars l’unité, jusqu’à ce qu’en 1993, il en propose à la maison Bonhams, qui organise une vente aux enchères d’objets d’histoire naturelle à Londres. “Jurassic Park venait de sortir,
les gens ne parlaient que de dinosaures, se souvient-il. La sortie du film a tout changé pour nous, c’est l’acte de naissance du
marché des fossiles.” Aux enchères, son ambre s’arrache pour 70 fois le prix de mise en vente. David Herskowitz comprend qu’il y a un coup à jouer en proposant des fossiles aux enchères. Riche de ses contacts dans la paléontologie commerciale, il va organiser les premières ventes de maisons aussi prestigieuses que Phillips, Chait ou Heritage. “Le marché privé est en plein boom, et les ventes aux enchères ne représentent qu’une fraction de ce qui se vend”, assure-t-il. Bien meilleurs indicateurs d’après lui, les foires internationales de Tucson et de Denver connaissent un succès sans précédent. “J’ai beau connaître tous les fournisseurs de l’industrie, la demande est tellement forte que j’ai du mal à m’approvisionner, s’exclame-t-il. En ce moment, j’ai deux gros clients qui tueraient père et mère pour un crâne de dinosaure carnivore!”
Difficile de cerner les raisons d’un tel engouement chez les collectionneurs. Et pour cause, le nombre potentiel d’acheteurs de squelettes est si restreint qu’il suffit parfois d’un seul riche
passionné pour provoquer une bulle. “Au début des années 2000, le cheikh qatari Saud bin Mohammed Al-thani achetait tellement
de dinosaures qu’il drivait le marché à lui tout seul”, se souvient Nathaniel “Sandy” Ludlum, 76 ans, expert et mémoire vivante du secteur. Mais la situation actuelle est différente, car outre les biens d’exception, c’est l’ensemble du marché qui explose depuis deux ans, des dents de T. rex à 5 000 euros aux diplodocus complets à un million, en passant par le “milieu de gamme”, crânes de tricératops et autres belles pièces à moins de 200 000 euros. D’un bout à l’autre des États-unis, jamais autant de fossiles de dinosaure n’ont été extraits, préparés et vendus à des particuliers. Plus encore que la reprise économique mondiale, c’est l’évolution du marché de l’art qui est le moteur de cet emballement. “Les objets d’histoire naturelle sont devenus des éléments de design ces dernières années, explique à New York Dennis Tanjeloff, directeur d’astro Gallery, le plus grand magasin de gemmes et de fossiles au monde. Ouvrez un magazine de décoration, il y a une chance sur deux pour que vous y voyiez un fossile trôner dans le salon. Les nouveaux clients
ne sont pas des passionnés mais des personnes qui cherchent seulement quelque chose de naturel, d’un peu feng shui et surtout d’unique pour embellir leur intérieur.” Avec en bonus, dans le cas
des dinosaures, un facteur “cool” qui joue à plein. “Mes clients sont des Russes, des Chinois et des Européens fortunés qui veulent seulement une grosse bestiole avec des dents énormes, abonde
David Herskowitz. Imaginez quelqu’un comme Donald Trump: pensez-vous vraiment qu’il ait quoi que ce soit à faire de la valeur scientifique d’un gros tas d’os?” Le franc-parler en moins, la rhétorique de Claude Aguttes est la même. “Vous préférez ça ou un portrait d’homme en perruque du xviie siècle? demandaitil au matin du 2 juin, lors du montage du théropode inconnu dans la salle des ventes de la tour Eiffel. Avouez, c’est quand même plus excitant qu’une commode Louis XV ou qu’un fauteuil à dossier plat!”
Pas sûr que tout cela enchante Ronan Allain, installé dans son bureau chargé de fossiles dans la galerie de paléontologie du Jardin des plantes, à Paris. C’est lui qui a supervisé tout l’été l’exposition de Trix, le dernier tyrannosaure extrait par Peter Larson, que le Muséum d’histoire naturelle de Paris a emprunté au musée Naturalis, moyennant un demi-million d’euros. “Chez Black Hills, ils ont une expérience immense, ils font un travail remarquable, affirme le chercheur, qui dit ne pas
être un opposant farouche à la paléontologie commerciale. Je ne suis pas un extrémiste du patrimoine, je ne vais pas empêcher les gens de faire des colliers de coquillages pour leur maman. Mais dans les ventes aux enchères, il se passe des trucs vraiment
limite...” Cela ne fait que dix ans que celles de dinosaures ont débuté en France, et il semble que les maisons de ventes soient encore en train d’apprendre, à tâtons, les règles de ce jeu si peu normé. En mars 2017, la société Binoche et Giquello a ainsi été contrainte d’annuler la vente à Drouot d’un plésiosaure marin estimé à 450 000 euros, et qui avait été exporté illégalement du Maroc. Cette mauvaise publicité ne l’a pas empêchée de proposer en avril 2018 deux nouveaux fossiles, un allosaure et un diplodocus, avec les mêmes experts à la manoeuvre. La paire de dinosaures est partie pour 2,8 millions d’euros, bien au-delà de son estimation initiale. “Ça fait cher pour du plâtre, tacle Pascal Godefroit, paléontologue à l’institut royal des sciences naturelles de Belgique. Dans le jargon, c’est ce que l’on appelle un dinosaure gonflable: 10% d’os, 90% de plâtre et un million de
dollars. Vous me pardonnerez l’expression, mais l’acheteur de ces deux dinosaures s’est fait enculer à sec.” Il faut dire que Pascal Godefroit a une dent contre les enchères. Plusieurs mois avant la vente spectaculaire du 4 juin sur la tour Eiffel, c’est à lui qu’un intermédiaire en charge de la préparation des fossiles a confié le “théropode inconnu” afin qu’il en fasse
une étude aussi complète que possible. “Je ne l’aurais pas faite si j’avais su que ce dinosaure allait être vendu aux enchères,
affirme-t-il aujourd’hui. Aguttes a présenté ce théropode comme une ‘espèce inconnue’ pour faire monter les prix, mais rien ne permet de dire avec certitude que c’est une nouvelle espèce, on ne m’a pas laissé étudier le fossile suffisamment longtemps pour l’établir!” “Ce sont ces courtiers et ces soi-disant experts qui posent le plus gros problème”, affirme Ronan Allain, qui dénonce dans les ventes aux enchères un système où tous ont intérêt, du fait de leurs commissions, à voir s’envoler les prix. De son côté, Éric Mickeler, l’expert de la vente, admet à demi-mot que le caractère inconnu du dinosaure n’a jamais été vraiment démontré. Mais il s’insurge malgré tout contre le conservatisme “sclérosé” des paléontologues français. “Il n’y a rien à faire, ils n’ont jamais accepté que ce marché existe en France”, répond-il à ceux qui mettent en doute sa capacité d’expertise. Précurseur des ventes de fossiles aux enchères en France, Éric Mickeler est en effet consulté pour ses connaissances par les plus grandes maisons de ventes depuis 2008. Comme lui, nombre d’experts du marché de l’art sont des autodidactes érudits. Mais peut-on vraiment expertiser un dinosaure comme un vase ancien? Éric Mickeler a beau maintenir qu’il est compétent, ses longues années d’expertise n’effacent pas, aux yeux des scientifiques, le fait que son seul diplôme soit un BTS. “Ils peuvent présenter ce dinosaure comme ils veulent, personne n’a vraiment fait
d’expertise, assène Pascal Godefroit. C’est sûrement juste un
allosaure, je vous en trouve un pour 500 000 euros.” C’était il y a quelques mois. Ce n’est déjà plus vrai. Le 21 novembre, à l’hôtel des ventes parisien d’artcurial, où deux squelettes étaient mis en vente, les enchères ont atteint 580 000 euros pour un allosaure et 480 000 euros pour un camptosaure. Jugeant les montants trop faibles, le vendeur a refusé de les laisser partir. Moins d’un an plus tôt, à Los Angeles, le même camptosaure avait déjà été proposé par la maison Bonhams pour la moitié de ce prix. Personne n’en avait voulu.
“Je ne suis pas un extrémiste du patrimoine mais dans les ventes, il se passe des trucs vraiment limite” Ronan Allain, du Muséum d’histoire naturelle de Paris