Society (France)

Selim Fourniret

Oli Porri Santoro vient de publier Le Fils de l’ogre, un livre écrit en collaborat­ion avec Selim Fourniret, le fils de Michel Fourniret et Monique Olivier. Il raconte ce qu’il a appris.

- – WILLIAM THORP

Le journalist­e Oli Porri Santoro vient de publier Le Fils de l’ogre, un livre écrit en collaborat­ion avec Selim Fourniret, le fils de Michel Fourniret et Monique Olivier. Qu’a-t-il appris?

Comment Selim Fourniret vous a-t-il décrit son enfance? Selim n’a pas eu une enfance extraordin­aire, mais pas horrible pour autant. Son père n’était pas quelqu’un d’aimant, c’était quelqu’un qui était là pour gronder, mais jamais violent. Pour Selim, Michel Fourniret était juste un père pas cool, quoi. Il pensait qu’il trempait dans des affaires bizarres, un peu comme un gangster, mais il n’avait pas imaginé une seconde ce qu’il était en réalité. Pour sa mère, c’est plus compliqué. Elle reste sa mère. Il l’aimait vraiment et a vécu ça comme une trahison. Bébé, il avait tout de même été utilisé comme appât pour l’une de leurs victimes (Élisabeth Brichet, en 1989, ndlr)…

Comment vit-il aujourd’hui le fait d’être le fils de ces parents-là? Il a cette phrase terrible: ‘Je ne dois ma survie qu’à ma lâcheté.’ Il considère que s’il avait été courageux, il se serait donné la mort. Si Selim a participé à ce livre, c’est aussi pour dire aux gens qu’il est une victime collatéral­e de Michel Fourniret. Il y a encore aujourd’hui des gens qui le menacent, des personnes haineuses qui disent qu’il peut crever parce que, de toute façon, c’est dans son ADN. Vous voyez le niveau… Pourtant, contrairem­ent à ce qu’il pense, je dirais qu’il a beaucoup de courage de vivre ainsi. Il en faut pour être prêt à confronter son père comme il l’a fait et vouloir lui faire avouer ses autres meurtres. Peu de ‘fils de monstre’ l’auraient fait.

Vous avez rencontré Michel Fourniret en prison, avec Selim, en 2016. Comment était-il? Je m’attendais à voir un ‘ogre’, et je me suis retrouvé devant un homme de petite taille –‘un mètre 67,5’, comme il tient à le préciser–, mais avec des mains disproport­ionnées par rapport à son corps. Quand il vous mime la façon dont il étranglait ses victimes, avec un large sourire, c’est impression­nant. Mais ce qui m’a le plus étonné, c’est sa peau. Il n’a pas la peau d’un homme qui a souffert de l’incarcérat­ion ou du travail. Il a 76 ans, et je connais des personnes de 40 ans qui donnent l’impression d’avoir beaucoup plus souffert de la vie que lui. Il passe son temps libre à écrire. Il jouait aux échecs avec d’autres détenus avant, mais il s’est lassé de leur niveau ‘exécrable’.

Fourniret vient d’écoper d’une nouvelle condamnati­on à perpétuité pour le meurtre de Farida Hammiche. Qu’avez-vous pensé de ce procès? Ce qui m’a gêné dans ce procès, c’est la manipulati­on du public par Michel Fourniret. Il fait croire à tout le monde qu’il a des problèmes de mémoire, et que c’est un vieux papy maintenant, un peu fatigué. Mais c’est faux. Sa mémoire est intacte, ses souvenirs sont vifs. Il se rappelle tous les prénoms de ses victimes, des proches de ces dernières, des adresses. Il sait tout. Et malheureus­ement, contrairem­ent à nous, il sait combien de personnes il a tuées. Une trentaine D’ADN non identifiés ont été prélevés dans sa fourgonnet­te. Reste à trouver à qui ils appartienn­ent, maintenant.

Lire: Le Fils de l’ogre, d’oli Porri Santoro (Max Milo Éditions)

 ??  ?? Le château de Sautou, résidence du couple Fourniret de 1989 à 1992.
Le château de Sautou, résidence du couple Fourniret de 1989 à 1992.

Newspapers in French

Newspapers from France