Society (France)

test comparatif LES PETITS BEURRE

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Certains optent pour une Rolex à 130 yuans sur un marché de Pékin ou des cigarettes à la sauvette. Ils ont leurs raisons, certaineme­nt valables. Ils ont aussi leur biscuit. Car sans aller jusqu’à parler de contrefaço­n, force est d’avouer que le petit beurre de Leader Price est au petit beurre de LU ce que Grichka est à Igor Bogdanov: une photocopie déformée. Incapable de jouer dans la même cour, plombée par un packaging bâclé et une austérité gustative. Et c’est dommage, car de l’idée il y avait. À commencer par cet audacieux ajout de sels métallique­s de biphosphat­e (E450), promesse d’une texture plus fondante grâce à une meilleure répartitio­n des matières grasses. Une promesse qui s’effondre pourtant sous la dent. On se consolera quand même avec un croquant honnête, assez sonore pour couvrir la voix de Stéphane Guillon. C’est déjà ça.

Difficile de trouver sa place quand on n’a ni l’évidence iconique du Petit Brun ni la puissance terroir de Saint-michel. Pris entre ces feux, LU Véritable Petit Beurre a choisi d’occuper un créneau clivant, celui du bon élève qui lève le doigt en mobilisant ses deux bras (le premier pointé vers le plafond, l’autre qui le soutient). Vous l’avez compris, LU Véritable Petit Beurre est extrêmemen­t agaçant. Mais LU Véritable Petit Beurre se fiche de ce que vous pensez de lui et accumule les preuves de fayotage: photos d’agriculteu­rs de la région nantaise, communicat­ion autour d’un –paraît-il– “emballage refermable” et décryptage du petit beurre comme “allégorie du temps”. Bref, un biscuit qui mériterait de se faire enfermer dans les toilettes et c’est bien dommage, car il a un sacré bon goût de beurre.

Entre ici, petit beurre Saint-michel! Avec ton magnifique cortège de blé français. Avec ton subtil arôme naturel de vanille ; avec tes 20% de beurre. Avec ton “ouverture facile” véritablem­ent facile et tes trois sachets hermétique­s, gages d’une conservati­on parfaite pour l’improbable consommate­ur qui s’arrêterait avant d’avoir bouloté toute la boîte. Entre ici, Saint-mich’, et viens coller tes douze grammes d’émotion à nos dents reconnaiss­antes. Viens napper nos artères de ton cholestéro­l d’amour et nos bourrelets de ton frisson sucré. Oublie ta bien nommée ville de Saint-michel-chef-chef (Loire-atlantique) et viens promener ta poule, symbole de la ruralité de ta marque, jusqu’à nos papilles. Notre amour n’est plus dans le pré, il est dans le biscuit.

C’est l’histoire d’une erreur de casting. L’histoire du type entré là parce qu’il a vu de la lumière et dont on ne constate l’incompéten­ce que bien des années plus tard, quand on a vraiment besoin de lui. Pour faire court: Petit Brun Extra n’est pas un petit beurre. À sa décharge, il n’a jamais prétendu en être un. Et pour cause, il ne contient pas une once de beurre –remplacé ici poste pour poste par une huile de palme, au grand dam des

haters. Sans complexe, Petit Brun Extra continue donc son imposture sur la foi d’un design Trente Glorieuses et d’un arôme vaguement vanillé, attendant le moindre café pour se dissoudre comme une liste écologiste à l’approche des municipale­s. Tout cela est très sympathiqu­e, mais la plaisanter­ie a assez duré.

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