SÉCHAGE SAUVAGE
Explorateur quotidien des variations labyrinthiques de Hong Kong, le photographe Jimmi Ho s’est récemment choisi comme fil d’ariane le séchage de linge sauvage au sein de l’espace public. Cette appropriation domestique du paysage urbain répond à un phénomène grandissant: face à l’envolée spectaculaire des prix de l’immobilier, les habitants de la ville, retranchés dans des logements de plus en plus petits, n’ont plus la place d’étendre leur linge chez eux. “En classant mes photos il y a deux ans, j’ai remarqué sur un cliché qu’un homme en arrière-plan faisait sécher son linge dans un parc pour enfants, explique le tout jeune diplômé en photographie digitale. J’ai commencé à m’intéresser à cette pratique qui reflète la réalité urbaine de Hong Kong, où chaque mètre carré compte et doit être exploité au maximum, rendant ainsi l’espace collectif encore plus précieux.” Une impulsion pragmatique qui évoque autant la démarche du skateboarding qu’une forme de land art spontané, ces lignes de linge devenant des présences fantomatiques échappées de la sphère de l’intime pour aller flotter sur des rambardes d’escalier et dans les arbres. Pour Jimmi Ho, qui se considère comme “une sorte d’archéologue urbain”, ces installations ont complètement revitalisé les espaces publics: “En regardant ce linge sécher avec une perspective différente, on y voit des citoyens répondre à leurs besoins avec créativité, en utilisant un environnement qui leur appartient.”