LES GRIFFES DE LA NUIT
Évoquant autant le vaudou urbain que Wes Craven, les images capturées par l’objectif d’alexa Hoyer dans sa série Patas de gallo sont le fruit d’une plongée dans les cercles mexicains des combats de coqs. La particularité locale: équiper les gallinacés guerriers d’armes artisanales afin de faire monter d’un cran le spectacle sanglant inhérent à cette pratique, par ailleurs interdite dans la plupart des pays occidentaux. “J’ai découvert l’existence de ces éperons lors d’un séjour à Tijuana, et leur esthétique à la fois extraordinaire et dérangeante m’a immédiatement fascinée”, se remémore la photographe allemande, dont la passion pour les ready-mades et l’humour noir la prédestinait sans doute à cette rencontre. “Comme les objets m’intéressaient plus que les combats, j’ai décidé de me rendre dans les fermes où les coqs sont élevés et entraînés, avec l’idée de faire ces close-up un peu monstrueux.” Une tâche qui s’avéra difficile, les fermes étant souvent localisées dans des zones excentrées et dangereuses, et les galleros pas forcément les personnalités les plus promptes à la coopération (“J’ai gagné leur confiance en offrant de faire leurs portraits en échange”). Malgré un développement encore hétérogène (la capacité des fermes allant de quatre à 400 coqs) et la litanie de controverses, cette industrie de la cruauté est globalement florissante sur le territoire national, les éperons pour coqs de combat étant même disponibles à la vente chez les vétérinaires. La photographe, quant à elle, tient à confirmer qu’aucun animal n’a été blessé ou maltraité durant sa séance de travail.