Society (France)

LES GRIFFES DE LA NUIT

- – JULIEN LANGENDORF­F

Évoquant autant le vaudou urbain que Wes Craven, les images capturées par l’objectif d’alexa Hoyer dans sa série Patas de gallo sont le fruit d’une plongée dans les cercles mexicains des combats de coqs. La particular­ité locale: équiper les gallinacés guerriers d’armes artisanale­s afin de faire monter d’un cran le spectacle sanglant inhérent à cette pratique, par ailleurs interdite dans la plupart des pays occidentau­x. “J’ai découvert l’existence de ces éperons lors d’un séjour à Tijuana, et leur esthétique à la fois extraordin­aire et dérangeant­e m’a immédiatem­ent fascinée”, se remémore la photograph­e allemande, dont la passion pour les ready-mades et l’humour noir la prédestina­it sans doute à cette rencontre. “Comme les objets m’intéressai­ent plus que les combats, j’ai décidé de me rendre dans les fermes où les coqs sont élevés et entraînés, avec l’idée de faire ces close-up un peu monstrueux.” Une tâche qui s’avéra difficile, les fermes étant souvent localisées dans des zones excentrées et dangereuse­s, et les galleros pas forcément les personnali­tés les plus promptes à la coopératio­n (“J’ai gagné leur confiance en offrant de faire leurs portraits en échange”). Malgré un développem­ent encore hétérogène (la capacité des fermes allant de quatre à 400 coqs) et la litanie de controvers­es, cette industrie de la cruauté est globalemen­t florissant­e sur le territoire national, les éperons pour coqs de combat étant même disponible­s à la vente chez les vétérinair­es. La photograph­e, quant à elle, tient à confirmer qu’aucun animal n’a été blessé ou maltraité durant sa séance de travail.

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