Society (France)

“le bar à céréales, ça ne peut pas marcher”

- Alexandre Marchon Chef

“Je suis en train de racheter un local rue Saint-maur, à Paris, pour ouvrir mon premier restaurant en début d’année prochaine. Après une école de commerce, j’ai travaillé dans la pub. J’ai toujours été passionné de cuisine, et mes frangins m’avaient inscrit à Un dîner presque parfait, que j’ai gagné. Après un double échec pro et perso, j’ai décidé de changer de voie. Je me suis demandé si je devais me reconverti­r en faisant un CAP, des stages, puis j’ai décidé de me lancer comme chef à domicile en me disant que je verrais si ça marche ou pas. C’était aussi une façon d’aller plus vite. J’ai trimballé mes casseroles pendant deux ans et demi partout dans Paris sur mon scooter, c’est mon CAP à moi. Donc ceux qui me disent que je ne suis pas légitime, je les emmerde. Je me suis vite rendu compte que le boulot, ce n’était pas que les réseaux sociaux et les collab’. Les émissions de télé et les réseaux sociaux sont des accélérate­urs, mais des gens comme Jean Imbert n’en seraient pas là s’ils n’avaient pas de talent et n’étaient pas bosseurs. Je ne connais pas un chef qui cartonne et est médiatisé sans le mériter. En revanche, les restaurant­s concepts, c’est éphémère. Le bar à céréales ou la ‘cidrerieve­ndeur de vinyles’, ça ne peut pas marcher. Comme les restos à foodies, où on se déplace juste parce que c’est le chef à la mode ou qu’on l’a vu sur Instagram. Mais bien sûr, on ne peut plus ouvrir un restaurant sans être sur les réseaux sociaux. Actuelleme­nt, je suis chef exécutif pour Polichinel­le, un restaurant de légumes qui vient d’ouvrir et dont Christophe Michalak s’occupe de la partie sucrée. Lors des réunions, l’attachée de presse nous disait qu’il fallait qu’on en parle sur nos comptes Instagram. Christophe m’a regardé: ‘Ah, tu as beaucoup de followers aussi? Tu en as combien?’ Bon, j’en ai 28 000 et lui 600 000, mais c’est déjà pas mal (il rit). J’ai l’impression que la prochaine étape, ce sera les producteur­s stars. Sylvain Erhardt, par exemple, c’est devenu la rock star de l’asperge.”

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