“Nos concurrents, c’est Deliveroo et Uber Eats”

Lorsque Nicolas Bergerault crée L’atelier des Chefs en 2004, il sait que son storytelling est rodé: “Il y avait moi, un marketeur fan de cuisine amateur, mon frère François, un entrepreneur qui ne sait pas se faire cuire un oeuf, et Jean-sébastien Bompoil, chef au Ritz.” Avec ses ateliers où le team building côtoie les cours de cuisine express à l’heure du déjeuner, le triumvirat est aussi persuadé d’aller dans le sens de l’histoire. “Jusqu’au début des années 70, c’étaient les femmes qui cuisinaient, puis passaient leurs recettes à leurs filles. Quand elles ont commencé à bosser, il y a eu un arrêt net de la transmission. En 2000, le site Marmiton a réinventé à sa façon la transmission de recettes familiales et a relancé la cuisine à domicile. On est arrivés juste après en disant: ‘C’est bien joli d’avoir une recette, mais quand il y a marqué ‘réduire la consistance’ ou ‘faire une pâte à choux’, les gens ne savent plus faire.’” Avec le bouche-à-oreille, l’affaire roule vite, jusqu’à revendiquer 200 000 amateurs de cuisine chaque année dans ses onze ateliers. Mais l’engouement pour la bouffe n’a pas traîné que des bonnes nouvelles dans son sillon. “Quand on s’est lancés, nos concurrents étaient Fleury Michon et les plats cuisinés Marie, analyse Bergerault. Aujourd’hui, c’est Deliveroo et Uber Eats, qui disent aux gens: ‘Ne vous emmerdez pas à cuisiner, on vous livre.’” Pour lui, “ce n’est pas cuisiner qui emmerde les gens, c’est trouver quoi faire. Le salut viendra de celui ou celle qui réussira à créer une appli qui propose chaque jour un nouveau plat et vous livre les ingrédients au bureau”. Simple comme bonjour.