Society (France)

Laurent Lafitte, bon cru

SERIAL KILLER"

- PAR MAXIME CHAMOUX ET THOMAS PITREL

En plein montage de son premier film en tant que réalisateu­r, Laurent Lafitte parle de Premiers Baisers et de ses dernières aventures, du stand-up et de François Mitterrand, de dissection d’animaux et d’autres choses qui vont vous étonner.

En plein montage de son premier film en tant que réalisateu­r, Laurent Lafitte parle de Premiers Baisers et de ses dernières aventures, du stand-up et de François Mitterrand, de dissection d’animaux et d’autres choses étranges. Attention! ce qui se dit dans cet entretien va vous surprendre.

Vous avez choisi d’adapter L’origine du monde, une pièce de Sébastien Thiéry, pour votre premier film en tant que réalisateu­r. Qu’est-ce qui fait que l’on a envie de réaliser un film quand on est acteur? J’y ai toujours pensé. Déjà ado, quand j’aimais un film, je le revoyais, j’essayais de comprendre le montage, le découpage, pourquoi telle scène était filmée de telle façon. À 17 ans, j’ai dévoré le livre d’entretiens Hitchcock/truffaut. J’ai toujours eu le désir d’explorer les différente­s manières de raconter des histoires, que ce soit au cinéma, au théâtre ou à la radio. Là, c’est la première fois que j’ai l’impression de faire du cinéma, au sens propre. Quand j’étais gamin et que je regardais Indiana Jones, j’avais l’impression qu’il fallait être acteur pour vivre les aventures du personnage. Alors que ce plaisir-là –je m’en rends compte aujourd’hui– est plus du côté du réalisateu­r.

Vos parents étaient cinéphiles? Pas particuliè­rement, on regardait principale­ment les films à la télé. Mes parents étaient dans l’immobilier. Mon père était marchand de biens. C’est quelqu’un qui achète un bien immobilier en mauvais état, le rénove et le revend avec une marge. Il avait vraiment le sens du détail, une vraie sensibilit­é au beau. Il enlevait les cloisons, les faux plafonds, il voulait retrouver les poutres, les colombages, les pierres apparentes, il récupérait des vieilles tomettes. Parfois, il me disait: ‘Là, on a mis des cache-gonds, parce que les gonds des fenêtres, c’est pas joli.’

Une enfance bourgeoise, donc. Vous aviez 8 ans quand Mitterrand est arrivé au pouvoir, en mai 1981. Je m’en souviens très bien. Je voyais tous ces gens s’amuser, j’avais envie d’être à la Bastille, ça avait l’air d’être la fête. Je me disais: ‘Comment on peut être aussi heureux d’un côté et faire la gueule de l’autre?’ Dans le XVIE arrondisse­ment, où j’habitais, c’était calme plat, il n’y avait pas un bruit. Tristoune. Je me souviens encore du visage de Mitterrand qui apparaissa­it barre par barre sur l’écran de la télé, et mon père qui était là: ‘Oh non! Oh non! Oh là là… Eh bah voilà, eh bah bravo, vous l’avez voulu, vous l’avez!’

Les ‘chars soviétique­s’? Ah bah ouais. Au pire, si c’était la merde, on pensait s’installer en Espagne, on aimait bien. C’est à la suite de ça que j’ai voulu aller voir comment on pensait ailleurs que chez moi. Donc j’ai commencé à lire les journaux qu’on ne lisait pas à la maison, comme Libé. J’ai découvert plein de trucs, notamment par rapport à la culture. Après, je suis allé au cours Florent, dans le XIXE arrondisse­ment. Ça paraît très con, mais c’est par ça que je me suis ouvert.

Vos parents vous ont encouragé quand vous avez postulé pour votre premier rôle dans un téléfilm sur FR3 (L’enfant et le Président, de Régis Milcent, en 1988, ndlr)? Ils étaient surpris, je ne leur en avais pas parlé! J’avais répondu à une petite annonce et j’avais envoyé un cliché de Photomaton. Non seulement je leur avais caché que j’avais passé ce casting, mais même que je voulais jouer dans un film. Pour moi, c’était honteux à avouer, c’était tellement impossible! C’est comme si j’avais dit que je voulais être astronaute. Il fallait signer un papier pour que j’aie l’autorisati­on de tourner, c’est comme ça qu’ils l’ont su. Après ça, j’ai eu du mal à retourner en cours. J’ai développé une phobie scolaire. J’étais obsédé par l’idée de recommence­r à tourner. J’ai arrêté au milieu de ma seconde. Mes parents ont été mis devant le fait accompli. De toute façon, je n’ai jamais été bon à l’école.

C’est étonnant, vous avez plutôt une tête de bon élève. Parce que j’ai la raie sur le côté? Non, non. Je suis poli, mais bon élève, non.

Vous n’avez donc pas le bac. Ça a été lourd à porter? Sur le moment, non. C’est quand j’ai commencé à m’intéresser à la philo, n’en ayant pas fait au lycée, que ça m’a manqué. Pour la littératur­e aussi. J’ai donc essayé de rattraper mon retard. Ça préoccupai­t mes parents mais, au fond, ils sentaient que je me serais toujours démerdé. J’étais un ado joyeux, optimiste, hyper-débrouilla­rd, indépendan­t très jeune. Surtout, ils ont senti que cette passion était très sincère.

Et en effet, vous avez eu des petits rôles assez vite. Mais c’étaient jamais vraiment des rôles que j’avais envie de faire. J’ai mis du temps à me sentir heureux dans mon métier. J’ai vraiment commencé à travailler comme je voulais à 35 ans.

Entre les deux, on vous a vu dans Classe mannequin et Premiers baisers. C’était comment? Bah c’était surtout un moyen d’avoir du boulot. Quand on a terminé la première saison de Classe mannequin, je savais déjà que ce n’était pas ce que je voulais faire et que si je continuais làdedans, j’allais me bloquer. Donc j’ai arrêté. Mais c’est dur: quand t’es jeune comédien, c’est peut-être pas ce que tu aimes faire, mais c’est de l’argent quand même. Et je n’avais pas de propositio­ns ailleurs. Zéro. J’étais en galère, je n’avais pas de chéquier, j’étais parfois interdit bancaire. Je me souviens, rue des Archives, il y avait la seule agence France Télécom de Paris où tu pouvais payer les factures de téléphone en espèces. Je faisais des petits boulots ; à un moment, j’ai bossé dans un restau. C’était assez dur parce que comme j’avais tourné la série, on me reconnaiss­ait. Sauf que j’étais en noeud pap’ et que je servais du kir royal.

Si vous étiez venu d’un milieu un peu moins aisé, vous auriez réfléchi à deux fois avant de dire non à des choses qui ne vous plaisaient pas mais qui rapportaie­nt de l’argent? C’est une très bonne question. C’est vraiment un métier de bourges, le cinéma! Moins rock’n’roll que ce que je croyais. Même si je ne profitais pas de l’argent de mes parents, j’avais effectivem­ent ce filet de sécurité qui me permettait de me dire que si j’avais été dans la vraie merde, la merde sérieuse, je serais revenu chez eux. Quand il y a cette notion-là, évidemment, on est un peu plus détendu.

Il n’y a jamais eu de moment où vous avez failli jeter l’éponge? Si, après le Conservato­ire, en 2000. Je ne décrochais pas de boulot. J’ai peut-être eu trois jours de tournage en deux ans. Pour passer le temps, j’ai commencé à écrire. Puis des amis ont monté une pièce au Mélo d’amélie, un petit théâtre comique de Montorguei­l. Au début, ça me foutait le cafard. Je me disais: ‘Putain, je sors du Conservato­ire, j’ai un pote de promo qui joue au théâtre de la Ville, l’autre qui vient de rentrer à la Comédie-française, et moi je joue au Mélo d’amélie, ça fait chier…’ J’y suis allé avec des pieds de plomb et un peu de défiance, de snobisme. Finalement, ça s’est très bien passé, la salle était par terre de rire. On est allés jouer au Splendid et j’ai repris du plaisir. Et comme par hasard, j’ai été pris aux auditions que j’ai passées ensuite. Je ne dégageais plus la même énergie.

C’est dans ce contexte-là que vous écrivez votre one-man-show (Laurent Lafitte, comme son nom l’indique, en 2008, ndlr). Il a marché tout de suite? Non, le premier mois, c’était horrible. J’étais seul pendant une heure et demie devant dix personnes qui étaient venues parce qu’il y avait des places à cinq balles sur Billetredu­c et qui ne comprenaie­nt pas ce qui se passait. Mais un jour, j’ai eu un papier dans Télérama. C’était pile l’endroit et la manière dont il fallait parler de mon spectacle. D’autres journalist­es sont venus par la suite et ça a fait boule de neige: je suis passé dans la grande salle du théâtre de la Gaîté et Valérie Lemercier m’a invité à faire son Vivement dimanche. C’était horrible.

Pourquoi horrible? Parce que Drucker ne veut pas qu’on fasse des sketches, il préfère qu’on intègre des extraits dans la conversati­on. Sauf que moi, je ne fais pas de stand-up, j’incarne des personnage­s. Je me retrouvais à faire des morceaux de personnage, j’avais un trac de folie, le public ne comprenait pas trop, c’était dur. Mais le lendemain, la salle était pleine.

Vous semblez d’ailleurs avoir un peu de défiance vis-à-vis du stand-up en général. Dans votre spectacle, il y a un sketch en forme de charge claire contre cette mode. Du moment que la pensée est brillante et qu’elle me fait marrer, ça ne me dérange pas. Ce qui m’agaçait un petit peu, c’était que le stand-up français reprenait les codes et l’esthétique du stand-up anglosaxon en beaucoup moins bien. Que des trucs sur les rapports hommes-femmes, les choses du quotidien, ‘j’ai fait la queue chez IKEA’, etc. Donc je me suis amusé en campant un mec qui fait du mauvais stand-up. C’était assez jouissif, surtout quand les gens pensaient vraiment que c’était ça, le spectacle. Il y a aussi des personnes qui ne riaient qu’à ce sketch, au premier degré. Je pensais à tous les sketches qu’il y avait après, à celui sur le fist, et je me disais: ‘Merde, ils vont passer un sale moment.’

Pourquoi ne pas avoir fait de tournée avec ce one-man-show? Parce que je l’avais déjà joué 350 fois, que je bossais à ce momentlà et puis, je ne sais pas, je me disais que c’était un spectacle un peu ‘grandes villes’. Centre-ville, même. À la limite, j’aurais pu tourner sur les terres des serial killers, genre l’yonne. Ou l’oise.

Pourquoi l’oise? À cause du tueur de l’oise. Ça a traumatisé mon enfance, dans les années 70. C’était un tueur en série qui rôdait dans la région à l’époque où j’y allais gamin (entre 1978 et 1979, un homme a tué une auto-stoppeuse par balles et blessé cinq autres personnes en leur tirant dessus ou en utilisant des voitures piégées ; il s’avérera que l’agresseur était Alain Lamare, un gendarme ayant participé à l’enquête, ndlr).

Vous avez la passion des faits divers? Je voulais être médecin légiste quand j’étais très jeune.

Mais pourquoi? Eh bien il faudrait interroger la place de l’inné et de l’acquis, mais je pense que je suis passé pas loin du serial killer. J’aimais bien disséquer les animaux, par exemple. Vers 12 ans, je m’étais organisé un petit labo. J’allais chez le boucher, j’achetais des animaux, je lui demandais de ne pas les vider. Je demandais surtout des cailles, pour faire des autopsies. Ouvrir et comprendre comment ça marche, avoir la clé d’une vérité et éventuelle­ment réparer une injustice, ça m’a toujours passionné. Après, je n’aurais jamais pu tuer un animal! Quand on prend du plaisir à tuer un animal, on est dans la merde.

Mais quand on vous demandait ce que vous vouliez faire plus tard… (Il coupe) Je mentais. Je disais que je voulais être pompier ou un truc qui me laissait tranquille. Mais disséquer un oeil de boeuf, c’était génial! Vous n’avez jamais disséqué d’oeil de boeuf en classe, vous?

Plutôt des grenouille­s... C’est une passion qui vous est restée, par la suite? On est tous fascinés par le mal. Et par le pire. Psychologi­quement, on est tous beaucoup plus proche de ça qu’on ne le pense. Ça se joue à quelques rencontres, quelques événements. Je ne crois pas du tout à l’idée du monstre. Ce serait une manière de se déresponsa­biliser de tout.

Vous avez joué un personnage inspiré de Xavier Dupont de Ligonnès dans Paul Sanchez est revenu!, de Patricia Mazuy

(2018). Lui ou quelqu’un comme Jeanclaude Romand, ce sont des rôles rêvés pour vous? Ah oui, c’est génial: il n’y a rien à faire. Tout est dans la dissimulat­ion, donc il ne faut être que dans la normalité. Il ne faut absolument pas prendre en charge les événements. En général, en tant que comédien, je pense qu’il ne faut jamais prendre en charge la comédie ou le drame. Ce sont les situations qui font le job et on doit juste les incarner. Quand on commence à vouloir être drôle, ou pathétique, ça se pète la gueule.

Il y avait d’ailleurs du Jean-claude Romand dans le personnage que vous interpréti­ez dans À votre écoute coûte que coûte sur France Inter (une parodie d’émission médicale dans laquelle Laurent Lafitte et Zabou Breitman se faisaient passer pour un couple de médecins bourgeois donnant des conseils absurdes aux faux auditeurs qui appelaient, ndlr). Une émission qui vous a valu quelques plaintes... ‘Quelques plaintes’? On recevait des tonnes de mails tous les jours! Même une fois le pot aux roses révélé. On a tout eu: les associatio­ns anti-homophobie, le Crif, l’ordre des médecins…

L’ordre des médecins? Oui, parce que je disais qu’il fallait mettre de la cortisone sur l’herpès (rires). Alors que c’est pile ce qu’il ne faut pas faire. Ils disaient: ‘Mais vous ne vous rendez pas compte, si quelqu’un tombe sur votre émission par hasard et ne sait pas que c’est une parodie?’ En même temps, il se rendra très vite compte qu’il faut changer de tactique (rires). Je ne leur ai pas dit: ‘Arrêtez la chimio et buvez de la tisane.’ Encore que…

Au sein de la direction de France Inter, vous aviez droit à des regards un peu noirs? Je ne sais pas, on enregistra­it en cachette dans un studio. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’au début, France Inter croyait vraiment lancer une nouvelle émission de service! Seuls Philippe Val, Laurence Bloch et le réalisateu­r, Yann Chouquet, étaient au courant du truc. Dans le premier épisode, Omar Sy nous appelait, il prenait l’accent africain, nous expliquait qu’il vivait à

“L’acteur qui dit ‘je vote pour untel’, on s’en fout. Ce qui est important, c’est la dimension politique dans son travail”

l’hôtel chez un marchand de sommeil avec sa famille, et Zabou répondait: ‘C’est sympa, c’est un peu tous les jours les vacances!’ avec sa petite voix de connasse. Là, ils ont dû se demander ce qu’ils écoutaient. Le secret a tenu quinze jours, trois semaines. Ensuite, on en a fait 120 épisodes.

Il y a quelque chose qui saute aux yeux, c’est le décalage entre l’aspect trash de ce que vous créez et l’image de gentil garçon parfois un peu lisse que vous renvoyez… J’ai l’impression d’exprimer suffisamme­nt ma ‘punkitude’ dans ces moments-là. Je ne vais pas faire croire que je suis quelqu’un d’autre. Je suis poli, bien élevé, mais je laisse filtrer ce qui me choque ou m’émeut dans mon travail. Dans les 120 épisodes d’à votre écoute coûte que coûte, il y a 120 sujets qui me choquent.

C’était une émission politique, en fait? À partir du moment où on joue deux salopards, tout ce qui sort de leur bouche est l’inverse de ce qu’on pense. Pour moi, on s’est exprimé politiquem­ent en faisant ça. Qu’est-ce que je peux ajouter de plus sur mes opinions? L’acteur qui dit ‘je vote pour untel’, on s’en fout. Ce qui est important, c’est la dimension politique dans son travail. C’est ça qu’il apporte à la société. Quand je préfère être à la Comédie-française ou sur Inter plutôt que sur une radio privée, ça fait aussi partie de mon engagement. Il n’y a pas besoin de dire en plus: ‘Je vote à gauche.’

Cette ‘punkitude’ dont vous parlez, vous l’avez mise en pratique au festival de Cannes.

Présentate­ur de la cérémonie d’ouverture en 2016, vous avez déclaré en vous adressant à Woody Allen, présent dans la salle: ‘C’est sympa de tourner en Europe alors que vous n’êtes même pas condamné pour viol.’ Oui, les anti-woody Allen m’ont pris pour un héros. Mais ça a duré cinq minutes. Après, j’ai dit que c’était une blague sur le puritanism­e américain et ils me sont tous tombés dessus: ‘Hooouuu, parce que être contre le viol, c’est être puritain?’ À la base, c’était une vanne sur Polanski, mais le jour de la cérémonie, le fils de Woody Allen avait publié des trucs sur son père. Être récupéré comme un lanceur d’alerte, ça m’énervait vachement. Je n’ai fait que rebondir sur des faits connus.

Vous avez présenté pas mal de cérémonies. C’est un exercice que vous aimez bien? Ce que j’aime bien dans les cérémonies, c’est que c’est très codifié, protocolai­re, très bourgeois en fait. Rentrer là-dedans en ayant tous les codes et s’amuser à ne pas aller là où il faudrait, ça me fait marrer. Plus c’est codifié, plus c’est drôle… Mais là, ça suffit. En tant que comédien, ça peut être contre-productif. Ça me met dans une dimension d’amuseur de la corporatio­n, et pas forcément de membre à part entière. Donc je ne pense pas que je le referais. Maintenant, je vais aller chercher les prix (rires).

En 2012, on vous avait même proposé d’être le MC de la fête de victoire de François Hollande à la présidenti­elle. Pourquoi vous? Je ne sais pas… En tout cas, j’ai refusé. Ce n’était pas contre Hollande, mais je ne me serais pas senti à ma place. J’aurais peut-être chanté une chanson de Faudel.

Voir: L’heureux Stratagème, de Marivaux mis en scène par Emmanuel Daumas, à la Comédie-française jusqu’au 31 décembre

“Vers 12 ans, je m’étais organisé un petit labo. J’allais chez le boucher, j’achetais des animaux, je lui demandais de ne pas les vider. Je demandais surtout des cailles, pour faire des autopsies”

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Dans un remake de Shining.
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PHOTOS: FRANKIE & NIKKI POUR SOCIETY
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Dans un remake de Fantômas.
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