Être un gangster en Chine
Qu’est-ce qui fait courir les gangsters chinois? Et qu’est-ce qui les attend, dans une société de plus en plus surveillée? Les réponses sont dans Le Lac aux oies sauvages, le nouveau film de Diao Yinan, ancien vainqueur de l’ours d’or à Berlin.
Qu’est-ce qui fait courir les gangsters chinois? Et qu’est-ce qui les attend, dans une société de plus en plus surveillée? Les réponses sont dans Le Lac aux oies sauvages, le nouveau film de Diao Yinan, ancien vainqueur de l’ours d’or à Berlin.
Votre film s’intéresse au monde de la pègre chinois. Qu’est-ce qui vous attire làdedans? Le milieu mafieux chinois a un nom: le ‘jianghu’. C’est une société parallèle, marginalisée. Ces gangsters forment un groupe dans lequel il y a une hiérarchie forte, des règles claires, une discipline stricte et une très grande solidarité. Certes, ils sont en opposition avec la société et s’adonnent à des activités criminelles, mais certains font preuve d’une haute valeur morale. Je pense que les voyous offrent une autre vision de la société. Ils brillent d’une lumière qui leur est propre, leurs valeurs ne sont pas inférieures à celles des gens honnêtes. Ils sont parfois bien plus admirables que les personnes ordinaires.
Ce n’est pas une vision un peu romantique? Justement, ce que j’aime chez les gangsters, c’est le romanesque de leur existence. Quand j’étais enfant, il y avait eu l’histoire célèbre d’un prisonnier condamné à mort qui s’était échappé. La police l’a recherché pendant des semaines avant de l’arrêter dans le zoo de la ville de Xi’an. Il était resté caché dans l’enclos des éléphants pendant quinze jours. Pour moi, c’était un héros. Il avait réussi à s’extirper des griffes de la police et l’image de cet homme traqué, pourchassé comme un animal, qui se réfugie auprès des animaux, me semblait tellement poétique!
Le mafieux italien, russe, japonais ou hongkongais est facilement identifiable dans l’imaginaire collectif. Mais à quoi reconnaît-on visuellement un gangster chinois? Un jour, quand j’étais lycéen, dans les années 80, je suis allé retrouver un ami dans une salle de billard. Il venait de rejoindre un gang. Il portait une écharpe blanche extrêmement longue qui lui arrivait jusqu’aux genoux. J’ai trouvé qu’il avait une classe folle! En général, les voyous chinois veulent imiter le style des triades, les mafias hongkongaises, avec des costumes de luxe. Dans mon film, ils ont une allure différente. Je voulais tourner en été pour qu’on sente la chaleur et l’humidité. Hélas, l’été est une tragédie pour le style. Il fait tellement chaud que les voyous, comme tout le monde, transpirent et portent des sandalettes et des pantacourts. Si on avait tourné en hiver, ils auraient été mieux habillés.
La Chine a bien changé depuis les années 80. Aujourd’hui, Pékin a mis en place un système de surveillance orwellien où rien ne semble échapper à la police. Est-ce la fin des gangsters? Ce système de surveillance à grande échelle, baptisé Skynet, n’est pas encore installé partout. Dans des petites villes et à la campagne, il reste des poches non surveillées par la technologie. Mais effectivement, ces histoires criminelles vont disparaître. Le métier de voleur est déjà disrupté. Il y a de moins en moins de pickpockets, par exemple. Aujourd’hui, en Chine, les gens payent tout avec leur téléphone portable, on n’utilise presque plus d’argent liquide. À quoi bon dérober un portefeuille? Et voler un téléphone portable n’est pas un bon calcul non plus: ils sont tous géolocalisés, alors les voleurs se font immédiatement repérer. Ces vies aventureuses vont disparaître.
Pouvez-vous nous expliquer comment fonctionnent ‘les baigneuses’, ce mode de prostitution typiquement chinois qui occupe une place importante dans le film? C’est une technique simple. Ces femmes s’installent au bord d’un lac ou de la mer, elles sont en maillot de bain et marchent sur le sable pour attirer le chaland, souvent des touristes. Ensuite, elles font leur affaire sur la plage, dans un coin à l’écart, ou dans l’eau, ou bien encore sur une barque au large, loin du reste des baigneurs. Ce sont des lieux qui ne leur coûtent pas cher puisqu’elles n’ont pas besoin de louer une chambre. Littéralement, on les appelle ‘les femmes qui accompagnent pour aller se baigner’. C’est une pratique très courante dans le Sud de la Chine.
Dans votre film, les femmes n’occupent pas de place enviable. Vous filmez des prostituées violentées et violées. Où en est le mouvement #Metoo en Chine? Comme partout ailleurs dans le monde, il y a eu un certain soutien au mouvement. Mais pas de façon aussi importante qu’en Europe ou aux États-unis. Je dirais que #Metoo, en Chine, a trouvé un écho seulement dans les élites. Dans la société au sens large, il n’y a pas eu de changement en profondeur. Il y a encore beaucoup de discriminations. C’est un problème tenace.
Voir: Le Lac aux oies sauvages, de Diao Yinan, en salle le 25 décembre
Télex. … Le fait est que Vivien Rio a investi dans un bâtiment de 12 000 poules pondeuses bio avec deux jardins d’hiver … et un plafond isolant de couleur anthracite, à Plélauff, dans les Côtes-d’armor. La saison des glands a commencé, pour le plus grand bonheur des cochons ibériques. Le toboggan d’évacuation d’un avion de la compagnie américaine Delta Air Lines a atterri dans le jardin d’un habitant du Massachussetts.