JURASSIC PARK
“C’est plus amusant de peindre un pénis en érection qu’au repos, non?” Saturés de symbolisme hermétique et d’étrangeté kitsch, les autoportraits de Glen Pudvine déploient un ensemble de motifs récurrents dont la finalité semble échapper même à son mystérieux créateur. “Je crois que mon travail tient simplement de la prophétie autoréalisatrice”, explique cet Anglais féru de peinture médiévale. Au programme de cette folie indicible, un Adam en chaussettes blanches et à la barbe taillée (l’artiste luimême), le sexe invariablement dressé, évoluant dans des paysages bibliques accompagné d’un dinosaure complice de rituels contre-nature, lequel se révèle en fait être également une émanation du peintre (“Il a toujours mes yeux, ainsi qu’un nombril”). Ces allégories cosmico-lubriques, cryptées à la façon d’un traité d’alchimie –les différentes directions des érections ayant par exemple leur importance–, convoquent à la fois Jérôme Bosch, Gregg Araki, pour l’intrusion surréaliste de la figure reptilienne (“J’ai le sentiment qu’on l’utilise pour des raisons similaires, même si je ne connais pas très bien ses films”), et plus généralement une représentation tourmentée de la masculinité. L’artiste au torse velu, homme moyen en perpétuelle interaction sexuelle avec son monstrueux double ancestral, évoque lui la piste de la fable existentielle: “Je crois que l’érection pourrait être synonyme de vie, et le dinosaure, en tant qu’espèce disparue, représente une bonne allégorie de la mort. Au fond, je pense que tout art a à voir avec la mort.” Et bonne année!