Society (France)

JURASSIC PARK

- – JULIEN LANGENDORF­F

“C’est plus amusant de peindre un pénis en érection qu’au repos, non?” Saturés de symbolisme hermétique et d’étrangeté kitsch, les autoportra­its de Glen Pudvine déploient un ensemble de motifs récurrents dont la finalité semble échapper même à son mystérieux créateur. “Je crois que mon travail tient simplement de la prophétie autoréalis­atrice”, explique cet Anglais féru de peinture médiévale. Au programme de cette folie indicible, un Adam en chaussette­s blanches et à la barbe taillée (l’artiste luimême), le sexe invariable­ment dressé, évoluant dans des paysages bibliques accompagné d’un dinosaure complice de rituels contre-nature, lequel se révèle en fait être également une émanation du peintre (“Il a toujours mes yeux, ainsi qu’un nombril”). Ces allégories cosmico-lubriques, cryptées à la façon d’un traité d’alchimie –les différente­s directions des érections ayant par exemple leur importance–, convoquent à la fois Jérôme Bosch, Gregg Araki, pour l’intrusion surréalist­e de la figure reptilienn­e (“J’ai le sentiment qu’on l’utilise pour des raisons similaires, même si je ne connais pas très bien ses films”), et plus généraleme­nt une représenta­tion tourmentée de la masculinit­é. L’artiste au torse velu, homme moyen en perpétuell­e interactio­n sexuelle avec son monstrueux double ancestral, évoque lui la piste de la fable existentie­lle: “Je crois que l’érection pourrait être synonyme de vie, et le dinosaure, en tant qu’espèce disparue, représente une bonne allégorie de la mort. Au fond, je pense que tout art a à voir avec la mort.” Et bonne année!

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