Society (France)

François Fillon - Tinder - Victoria Beckham - Ross Ulbricht… Cinq ans après, que deviennent-ils?

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C’était il y a cinq ans jour pour jour. Ils étaient dans le premier numéro de Society. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Et aussi des cagades, des procès, des drames. La preuve.

Ross Ulbricht

Sur le site Freeross.org, un tableau égrène les différente­s peines de prison prononcées contre ceux qui ont participé à la vente de produits illégaux sur le dark Web. “Jon Slomp, plus gros vendeur de drogue sur Silk Road, 10 ans”; “Thomas White, créateur de Silk Road 2.0, 5 ans et 4 mois” ; “Blake Benthall, administra­teur de Silk Road 2.0, relâché sans condamnati­on”. La justice américaine a été moins clémente avec Ross Ulbricht, le créateur de Silk Road aux airs de gendre idéal, que Society avait qualifié d’“ennemi public 2.0”. Le 29 mai 2015, à 31 ans, il était condamné à deux peines de prison à vie dont 40 années incompress­ibles. Depuis, Ross passe le temps en tweetant deux fois par semaine depuis sa cellule. Allure toujours juvénile malgré l’enfermemen­t, il poste des poèmes ou des photos de lui avec ses codétenus, des malabars à tatouages. Il tente aussi de rester optimiste. “Un autre jour qui me rapproche de la liberté”, écrivait-il le 19 février. Pour le soutenir moralement, sa mère a déménagé en Arizona, où se trouve son pénitencie­r. “Ross n’a pas beaucoup de visites parce qu’on ne peut pas aller le voir si on ne le connaissai­t pas avant son enfermemen­t, pour une raison que j’ignore”, mord Lyn Ulbricht. Alors qu’elle tente depuis cinq ans de présenter son fils comme un idéaliste naïf, la maman vengeresse est devenue l’icône des libertarie­ns et de tous les défenseurs d’un Internet sans limites. La pétition qu’elle a lancée pour appeler à la libération de Ross flirte avec les 270000 signataire­s, et Lyn a un nouvel objectif en tête: convaincre Donald Trump d’accorder une grâce présidenti­elle à son fils.

My Way Killings

Il y a cinq ans, Society s’interrogea­it sur les “My Way Killings” philippins: pourquoi des dizaines de chanteurs amateurs étaient abattus dans les karaokés de Manille et d’ailleurs? Et pourquoi agonisaien­t-ils si souvent avec Frank Sinatra en fond sonore? Réponse: les armes, l’alcool, un amour trop prononcé pour le karaoké et une pauvreté endémique (20% de la population vit sous le seuil de pauvreté). L’année suivante, le très autoritair­e et très populiste Rodrigo Duterte était élu président grâce à la promesse de mettre fin à la corruption et à la criminalit­é. Sa méthode? Couvre-feu, intimidati­on des journalist­es et déclaratio­n de guerre aux trafiquant­s de drogue (et à ses opposants politiques). “Mon ordre est de tirer pour tuer. Je n’ai rien à faire des droits humains, vous feriez mieux de me croire”, déclarait-il en conférence de presse. Effectivem­ent, il fallait le croire. Après trois ans et huit mois au pouvoir, la “guerre contre la drogue” de Rodrigo Duterte aurait fait, selon les autorités, entre 5552 et 6600 morts. Mais la Commission philippine des droits humains et différente­s associatio­ns estiment plutôt le bilan à 27 000 victimes. Drôle de musique.

Victoria Beckham

Cinq ans ont passé depuis son titre “d’entreprene­use de l’année” outre-manche et l’ouverture en grande pompe de son magasin londonien, et Victoria Beckham est toujours à la mode. Ou plutôt toujours dans la mode. Car les choses évoluent très vite dans ce petit monde, et si l’anglaise ne fait plus véritablem­ent frémir les magazines et les réseaux sociaux, elle continue tranquille­ment de faire tourner la boutique. Elle vient ainsi de lancer une ligne de cosmétique­s, et travaille sur son premier parfum, ce qui indique clairement que le souci n’est plus celui de la créativité, mais celui de la rentabilit­é. Le reste? Un mari, David, qui s’évertue à créer son club de foot à Miami, et des posts Instagram en pagaille (27,9 millions d’abonnés). Notons au passage que Victoria a refusé l’an dernier de participer à la tournée de reformatio­n des Spice Girls. Ce qui, évidemment, l’honore.

Tinder

“J’ai eu l’idée au restaurant avec des potes. Ils étaient tous célibatair­es et chacun était fixé sur son

téléphone en train d’écrire à une fille. Ça a fait tilt.” Voici comment Sean Rad, son créateur, nous racontait à l’époque la naissance de Tinder, l’appli qui allait révolution­ner ce que l’on appelle désormais le dating. Et cinq ans plus tard? Changement de cap. Dépassée par d’autres applis toujours plus ciblées, concurrenc­ée par l’instantané­ité des stories, Tinder s’est institutio­nnalisée. En 2020, la firme de Sean Rad, ce n’est plus pour de rire, mais pour la vie. Pour le prouver, le hashtag #Tinderwedd­ing a même vu le jour sur Instagram, regroupant les photos de mariage d’utilisateu­rs qui se sont rencontrés sur la plateforme en ligne. Rien d’étonnant là-dedans, si l’on considère cette étude du MIT qui montre que les applicatio­ns de rencontre ont permis des unions plus stables et des mariages plus solides. Quant à Sean Rad, il a un chiffre clé tout trouvé pour montrer son impact sur le monde: depuis sa création, Tinder a comptabili­sé plus de 30 milliards de “matchs”. Quand même, oui.

François Fillon

“Regarde, regarde, il arrive!” s’exclament des adolescent­s armés de leur téléphone et visiblemen­t pressés d’alimenter leur compte Snapchat. Au milieu des journalist­es qui se bousculent, caméras allumées et micros prêts à enregistre­r, une horde de curieux de tous âges se sont rassemblés devant la salle 2.13 du tribunal de Paris, ce mercredi 26 février 2020. Dans la salle, François Fillon est assis au premier rang aux côtés de sa femme, Pénélope Fillon. Le visage fermé dans son costume bleu, l’ancien candidat à la présidenti­elle écoute sans sourciller le rappel des faits pour lesquels il est jugé: détourneme­nt de fonds publics et abus de biens sociaux dans l’affaire de soupçons d’emplois fictifs de sa compagne. Il risque jusqu’à dix ans de prison, 150 000 euros d’amende et des peines d’inéligibil­ité. Pour ce dernier point, Fillon s’en fout sans doute. En tout cas si l’on se réfère à ce qu’il disait dans le premier numéro de Society, dans lequel il déclarait alors –c’était bien avant d’être le favori de

la présidenti­elle: “Je n’ai pas l’intention de rester dans la vie politique si je ne réussissai­s pas à me faire élire en 2017.” En même temps, relativiso­ns. Après tout, le même homme y disait aussi: “Les gens ont une vie difficile, ils n’ont pas très envie de voir leurs hommes politiques faire les guignols à la télé.”

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