Boris Johnson, le Brexit et le Covid-19
Deuxième pays le plus meurtri du monde par le virus, le Royaume-uni a-t-il notamment péché par euroscepticisme? La preuve par les respirateurs... et les aspirateurs.
Depuis le début de la pandémie, le gouvernement britannique a été accusé de nonchalance, de complaisance, d’incompétence, d’arrogance et, plus globalement, de privilégier le Brexit à la santé publique. Conséquence de cette gestion: une pénurie de respirateurs. Que l’état a décidé de régler, entre autres, en confiant leur fabrication au vendeur d’aspirateurs Dyson.
La docteure Philippa Whitford n’a plus vu les bancs verts de la Chambre des communes depuis la mi-mars. Porte-parole détachée aux questions de santé du Scottish National Party, la sexagénaire vit un confinement bucolique dans la ville côtière de Troon, au sud-ouest de l’écosse. Une fois par jour, elle grimpe sur son vélo pour longer la promenade qui offre une large vue du Firth of Clyde, vaste étendue d’eau abritée de l’atlantique par la péninsule de Kintyre. Le 26 avril, elle ajoutait à son exercice quotidien quelques mouvements de brasse dans des vagues à 9°C avec, pour seule combinaison, un costume de lapin blanc et rose. Un pari qui lui a permis de lever quelque 2 000 livres sterling pour le centre de soins palliatifs du coin, mais pas d’oublier ses dernières semaines à Westminster ni l’arrivée de la crise du Covid-19 au Royaumeuni. “Il y avait une forme de nonchalance et d’arrogance à l’égard des autres pays, témoigne-t-elle. Quand on demandait pourquoi on ne suivait pas les conseils de L’OMS, on nous répondait que ça, c’était pour les autres. Si des pays étaient empêtrés là‑dedans, c’était parce qu’ils n’avaient pas été à la hauteur, que le service de santé italien était inférieur. Le problème était balayé d’un revers de la main. Alors qu’on aurait pu, par exemple, commander des respirateurs dès la fin janvier.”