Le territoire de l’auxerrois prend le virage de l’hydrogène vert
Dans la communauté d’agglomération de l’auxerrois, la transition énergétique avance au pas de charge. EDF, via sa filiale dédiée Hynamics, vient d’y installer une station de production et de distribution d’hydrogène décarboné, plus respectueux de l’environnement, pour alimenter sa flotte de bus et bientôt ses trains et camions. L’occasion de faire d’une pierre deux coups: développer la mobilité durable et verdir les usages industriels.
Depuis le début de l’année, quelque chose se trame dans la friche industrielle de la Turgotine, coincée au coeur du territoire de l’auxerrois, en Bourgogne-franche-comté. Le label de “Territoire hydrogène” qu’a obtenu la région en 2016 en dit long. À l’heure où le gouvernement français a décidé d’investir 7,2 milliards d’euros dans la production d’un hydrogène décarboné, la communauté d’agglomération de l’auxerrois s’est lancé un challenge de taille: faire d’auxerre l’un des tout premiers hubs et écosystèmes territoriaux de grande envergure à hydrogène vert. Tout simplement parce que la production d’hydrogène renouvelable par électrolyse de l’eau émet très peu de CO2, contrairement à son équivalent issu d’énergies fossiles et extrêmement polluant.
Mené en partenariat avec Hynamics, filiale du groupe EDF spécialisée dans l’hydrogène, et le groupe de transport Transdev, le projet, dont le coût des infrastructures s’élève à 8,5 millions d’euros, se veut durable et local. Dès cet automne, une nouvelle station de production et de distribution d’hydrogène vert alimentera en continu la flotte de bus du réseau de transport urbain en énergie renouvelable. Ou comment concilier efficacité et durabilité: après seulement douze minutes de charge, un bus à hydrogène pourra circuler de manière autonome sur pas moins de 300 kilomètres. Et pendant que les bus de la flotte effectueront leurs 250000 kilomètres chaque année, ce seront plus de 2200 tonnes d’émissions de CO2 qui seront évitées.
Un ratio plutôt prometteur!
En plus d’une production d’hydrogène entièrement décarbonée, la distribution sera assurée en circuit court. Situé à proximité du dépôt de bus de Transdev Auxerrois, de la gare d’auxerre Saint-gervais et de l’autoroute A6, axe routier majeur reliant Paris à Lyon, l’emplacement de la station est stratégique. Parce que les bus ne seront pas les seuls à profiter des 400 kilos d’hydrogène produits par jour. Après extension des capacités de la station, trains, camions, véhicules utilitaires, navigation fluviale, industrie et stationnaires viendront aussi s’y alimenter. Le tout créant un écosystème auxerrois dynamique et touchant à une multitude d’usages. “Notre stratégie ambitieuse est celle de créer autour d’une technologie tout un système transversal et intégrant la production, la distribution, la consommation, prémices d’une économie circulaire de l’énergie”, complète Crescent Marault, président de la communauté d’agglomération de l’auxerrois. Et le succès du projet 100% made in Bourgogne n’en est qu’à ses débuts. Gourmand en innovation comme en développement économique, l’auxerrois a récemment mobilisé plus d’une quarantaine d’entreprises locales, engagées à faire émerger de nouveaux projets industriels tournant à l’hydrogène vert.
En attendant, depuis cet automne, les 72000 habitants des 29 communes de l’auxerrois récoltent déjà les premiers fruits du projet: 20% de la flotte de bus du réseau de transport urbain, Leo, fonctionne désormais à l’hydrogène. Et d’ici 2023, la section Auxerre-laroche-migennes accueillera sur ses rails trois nouveaux trains à hydrogène. L’objectif d’ici 2025? Gonfler la capacité de production de la station d’un à trois mégawatts. De quoi démocratiser toujours plus les usages de l’hydrogène propre sur le territoire.