LES ENTRÉES DE NOËL
Test comparatif
LES HUÎTRES
Praticité: ✩✩✩✩✩ Importance dans la pop culture: ★★★★✩ Apport calorique: ✩✩✩✩
LE FOIE GRAS
Praticité: ★★★★★ Importance dans la pop culture: ★★ ✩✩ Apport calorique: ★★★★★
LE SAUMON FUMÉ
Praticité: ★★★★★ Importance dans la pop culture: ★★★✩✩ Apport calorique: ★★★✩✩
LES COQUILLES SAINT-JACQUES
Praticité: ★ ✩✩✩ Importance dans la pop culture: ★✩✩✩✩ Apport calorique: ★★✩✩✩
Il en aura fallu, des étapes, pour que l’élégant sapiens que nous sommes sorte sa carte (Gold, mais c’est pas un concours) et claque 36 euros pour douze Gillardeau aux subtiles notes d’iode et de noisette. Il aura fallu qu’un jour, un primate qui traînait son oeil torve en bord de mer se dise: “Dis donc, je me boulotterais pas les cailloux accrochés au rocher, moi?”
Que, comme tout éclaireur (Galilée, Tesla, Raoult), il résiste à la pression crasse de ses congénères (“L’autre zinzin veut nous faire bouffer du rocher, tuons-le, gruütt!”). Qu’il les ouvre, les satanés cailloux. Les goûte –sans la petite sauce à l’échalote. Aime ça. Ne soit pas allergique. Et que des milliers de générations aux intestins solides se transmettent le tip. Il en aura fallu, des étapes, pour qu’on ait la chance de finir aux urgences avec six points de suture un soir de réveillon. Team saumon, désormais.
Ne comptez pas sur nous pour faire le jeu d’une époque où la nuance est désormais plus rare qu’un électeur du PS. Nous n’alimenterons pas les polémiques. D’autres, moins objectifs et indépendants que nous, se chargeront bien de déterminer qui a tort ou raison, entre les défenseurs de cet art millénaire qu’est l’engraissage non douloureux de foie d’heureux volatiles et les écoterroristes de L814 qui jugent que nourrir en portions suffisantes ses animaux relève de la torture. La vérité, comme souvent, est plus subtile. D’un côté, il y a ce produit merveilleux, délicat, à la saveur douce, qui se laisse facilement séduire par son onctuosité, son goût prononcé aux saveurs du terroir et tapissera de tradition les papilles les plus exigeantes.
De l’autre, une association déterminée à ostraciser les fournisseurs de ce produit merveilleux. Difficile de trancher (contrairement au foie gras).
À l’instar du saumon, le testeur de saumon doit nager à contre-courant. Il a bien écouté la litanie des born again du réveillon, ceux qui ont mis 30 ans à toucher leur première huître et qui, couteau en main, arborant l’air virilement satisfait de ceux qui viennent de changer un carburateur, ne jurent désormais que par la fraîcheur (de l’huître, pas du carburateur). Il a bien pris note de leurs doléances au sujet du “sempiternel” saumon fumé jugé “trop gras”. Il sait. Mais en décembre 2021, le testeur est fatigué. Il voudrait simplement fermer les yeux et rêver –pour la première et dernière fois de sa vie– à la Norvège ou à l’écosse. Les experts du monde entier se sont réunis, ils lui ont remis un rapport, et ce rapport est le suivant: “De tout temps, le saumon fumé a toujours été objectivement délicieux, OK? Il suffit juste d’éviter les horribles blinis.”
Qui es-tu, la coquille Saint-jacques? Qu’es-tu venue nous apprendre sur nous-mêmes? Sibylline car bivalve, bivalve car sibylline: la coquille a, dès ses débuts, fait sienne la célèbre formule du cardinal de Retz, prêtée à tort à François Mitterrand, selon laquelle “on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment”. À la question, pourtant fatidique, de savoir quelle candidature elle a choisi d’appuyer (en carpaccio? Snackée en brochette? Au beurre sur fondue de poireaux? À la crème en aumônière?), la CSJ n’a jamais répondu clairement, laissant son charme fuyant et son farouche besoin d’indépendance mystifier des générations de poêleurs. Autres temps, autres moeurs. Pas sûr, en effet, que la France d’aujourd’hui, celle de Cash Investigation et de Clément Viktorovitch, se satisfasse encore longtemps de ce qui s’apparente de plus en plus à un relativisme coupable.
Quel film de Noël pour cette entrée? Surviving Christmas, Mike Mitchell (2004).
Note: 16/20
Quel film de Noël pour cette entrée? Maman, je suis seul contre tous, Rod Daniel (2002).
Note: 18/20
Quel film de Noël pour cette entrée? Love Actually, Richard Curtis (2003).
Note: 14/20
Quel film de Noël pour cette entrée? Un conte de Noël, Arnaud Desplechin (2008).
Note: 14/20