Aujourd’hui
“Mon coeur saigne à cause des horreurs subies par les Ukrainiens. Je suis rempli de honte et de culpabilité en raison de ce que mon pays est en train de faire. Je suis terrifié par ce qui se passe en Russie. Nous sommes pris dans un tir croisé. La politique étrangère de notre pays est la guerre, sa politique intérieure est la terreur. C’est effrayant de penser à la rapidité avec laquelle les choses ont changé. Tous les médias indépendants ont été fermés en moins de deux semaines.
Les réseaux sociaux sont contrôlés par la police. Des systèmes de traçage et de reconnaissance faciale ont été installés dans Moscou. Ces systèmes sont illégaux, mais les juges s’en fichent. Au début du conflit, une tribune contre la guerre rédigée par des personnalités du monde de la culture a été signée par 16000 personnes. Tous les signataires qui travaillaient pour des institutions culturelles étatiques ont été licenciés. Puis, des gens ont commencé à porter des rubans verts contre la guerre. Mais ils ont été arrêtés massivement. Partout, dans les bus, dans le métro, dans la rue. C’est tout un système incitant à la délation qui est en train d’être créé: une dénonciation est désormais présentée comme un acte de patriotisme. Tous ces citoyens concernés, informateurs, policiers, juges, patrons, personnes lambda… en train de faire virer des gens parce qu’ils ont écrit ‘non à la guerre’ ou quelque chose dans le genre. Et la plupart de ces personnes qui dénoncent les autres pensent sincèrement qu’elles font une bonne action.
C’est ça qui me terrifie le plus.”