FAIRE PÉTILLER SON MARIAGE
Le saviez-vous? Une pinte de bière se marie parfaitement avec un carpaccio de poisson, une pièce de veau grillée ou de la charcuterie. Réponse: oui, vous le saviez. Au-delà de ses associations les plus classiques, la bière est une alliée trop peu connue de mets insoupçonnés, avec lesquels elle forme des plats toujours plus insolites. Et si le houblon était l’eau de table du futur? Bière-glace
Et si l’on mélangeait deux choses bonnes individuellement pour voir si elles le sont ensemble? Le résultat s’appelle l’ice cream beer float, littéralement la “glace flottant dans la bière”, une invention dérivée du float plus classique, où le soda remplace le houblon. Cette dernière idée serait sortie en 1874 du cerveau de l’américain Robert Mccay Green, un habitant de Philadelphie, à l’occasion du cinquantenaire du Franklin Institute. Il aurait cherché à se démarquer des stands concurrents en combinant sa fontaine à soda à de la crème glacée, les bulles de gaz faisant flotter la boule dans le verre. Le succès est immédiat auprès des enfants et des adolescents, et pendant la Prohibition, on commence à remplacer le soda par de la root beer, cette “bière de racine” aux extraits de plantes. Puis, progressivement, on est passé à la bière.
Ainsi, ces assemblages sont désormais très populaires outre-atlantique, et vous pouvez reproduire chez vous le péché mignon du brasseur iconique de la Brooklyn Brewery basé à New York, Garrett Oliver: une boule de glace à la vanille plongée dans un verre de Brooklyn Black Chocolate Stout. Les arômes prononcés de chocolat noir de cette bière à 10°, créée spécialement au XVIIIE siècle pour l’impératrice Catherine II de Russie, se marient également à merveille avec les huîtres, n’importe quel moelleux au chocolat et même le cigare d’après-repas. “La bière a une gamme de saveurs beaucoup plus large que le vin car non seulement on a toutes les saveurs de la levure, mais on peut aussi ajouter ce qu’on veut: du jus de citron, du miel, des épices, etc.
Les options sont illimitées”, juge Garrett Oliver.
Bière-cocktail
En août 2017, alarmé par la consommation en hausse de spritz sur les terrasses du monde entier, le docteur anglais Mervyn Druian, du London Center for Cosmetic Dentistry, alertait ses amateurs dans les colonnes de The Independent: “Le prosecco offre un cocktail d’acide carbonique, de sucre et d’alcool qui entraîne une sensibilité dentaire et une érosion de l’émail.” Ce cocktail, qui fleurit en terrasse comme les marguerites au soleil, favoriserait l’apparition d’une fine ligne blanche juste au-dessus de la gencive, le fameux “sourire prosecco”. Option B: remplacer ledit coupable, un vin pétillant italien, par 30 centilitres de bière Brooklyn Bel Air Sour, cette blonde estivale à L’ADN californien, au nez marqué par le litchi, le fruit de la passion et autres fruits tropicaux, et au final acidulé. Ajoutez-y quatre centilitres d’amaro italien ou d’aperol, quelques glaçons, une tranche d’orange pour la décoration, et profitez de votre Bel Air Spritz en terrasse, la vôtre. En plus, il ne coûtera pas quinze euros. Pour les aventureux: la Bel Air sublime aussi les cornichons.
Bière-fromage
Sacrilège? Non, créativité. Plutôt que ce sempiternel “petit vin rouge dont tu me diras des nouvelles”, pourquoi ne pas tenter d’accompagner votre fromage de chèvre avec une IPA légère, comme la Defender IPA ou l’east IPA de Brooklyn Brewery? De manière générale, la robe de la bière va de pair avec la croûte du produit: plus celleci est ferme, plus la couleur est foncée. Ainsi, une blanche siéra aux fromages à pâte molle à croûte fleurie comme le brie, le camembert ou le chaource. Les blondes lager conviendront davantage aux pâtes semi-fermes comme celles de la mozzarella, de la raclette ou du halloumi. Quant aux pâtes pressées cuites du comté, du beaufort ou de l’emmental, elles se marieront avec une bière ambrée ou brune un peu plus forte, de même que le roquefort, le bleu ou le gorgonzola. La technique est précise: avaler un premier morceau de fromage, puis une gorgée de bière, une seule, à faire rouler dans sa bouche en inspirant par le nez. Voilà de quoi éveiller le palais et savourer le reste de votre assiette. Du petit lait.
“Les dernières gorgées d’une bière doivent être aussi savoureuses que les premières”