ON EST DES PASSIONNÉS DU GOÛT
C’
est bien connu: parfois, lors d’un entretien d’embauche, il arrive de forcer un peu le trait et, pour convaincre, d’affirmer que l’on a « toujours rêvé de travailler pour
cette entreprise ». Sébastien Guillon, lui, n’a pas eu à faire semblant. Ce fan inconditionnel de Michel & Augustin se souvient encore du jour où, dans un train, il a goûté pour la première fois à leurs biscuits au chocolat. Plus précisément des petits carrés « à la queue leu leu » – ce n’est pas un rituel étrange de dégustation, mais bien le nom du produit. D’abord curieux, puis conquis, ce diplômé D’HEC commence à suivre la marque sur les réseaux sociaux. Et s’y voit déjà. « Pendant longtemps, je me suis dit que ce serait l’entreprise de mes rêves, dit-il. D’ailleurs, c’est ce que je racontais aux chasseurs de tête et aux cabinets de recrutement qui m’appelaient.» Ça fini par se savoir et un beau jour de 2018, malgré son parcours inhabituel – vingt ans à des postes stratégiques dans le marketing et la vente dans l’industrie cosmétique, dont quinze chez l’oréal –, il reçoit un coup de fil d’augustin Paluel-marmont, co-fondateur de la marque avec Michel de Rovira. Après plusieurs mois de discussions, négociations et « quelques cours de pâtisserie », où il fait montre de ses talents de cuisinier, il quitte le monde de la beauté et rejoint l’entreprise alimentaire. À 46 ans, Sébastien Guillon est aujourd’hui « présidenttrublion » de Michel & Augustin. Important: le terme « trublion » fait partie de l’image de l’entreprise. D’ailleurs, ici, tous les employés sont des trublions – des gentils rebelles –, les consommateurs des « gourmands » et on ne parle pas de la « marque » mais de « l’aventure » Michel & Augustin. Les fondateurs ont depuis quitté leurs postes mais siègent toujours au conseil d’administration. Sébastien a eu la lourde charge de reprendre le flambeau. Seul. « On est des passionnés du goût, on le restera, que ce soit Michel, Augustin ou Sébastien à la tête de cette aventure. On est une tribu.» Pendant les mois qui ont suivi son arrivée, en septembre 2019, le nouveau patron a d’abord voulu s’imprégner de L’ADN de la marque, plutôt que d’imposer la sienne. « Il y a une culture forte, avec plein de rituels et l’un des plus forts c’est que les employés passent leur CAP pâtisserie », témoignet-il. Une épreuve à laquelle ce petit-fils de restaurateurs, passionné de gastronomie, s’est prêté avec plaisir. Il a obtenu son diplôme haut la main, en 2020, après quelques frayeurs lors d’un examen de sept heures pendant lequel il a cuisiné « dix-huit croissants, une tarte aux pommes, un fraisier et des glands… Le CAP, c’est plus que symbolique, ça fait partie de la culture interne du goût pour les bons ingrédients, le savoir-faire pâtissier, qu’on soit comptable, graphiste ou développeur en Recherche et Développement.» À peine a-t-il eu le temps de prendre ses marques, que le trublion en chef a dû faire face aux défis de la pandémie et plus récemment à l’augmentation du prix des matières premières. Pas de quoi lui faire baisser les bras: il est fier d’avoir pu continuer à mettre en vente de nouveaux produits et de s’être lancé récemment sur le marché de la pâte à tartiner. Il n’avait pas forcément en tête de concurrencer Nutella, mais de proposer une alternative sans huile de palme ni tonnes de sucre. Chaque année, l’entreprise distribue une quinzaine de nouvelles références, dont certaines en exclusivité chez Monoprix, qui représente selon l’actuel PDG « un partenaire de choix qui nous a fait confiance très tôt et nous a souvent accompagnés dans nos lancements.» À noter que la présence de Michel & Augustin chez Monoprix est vu comme « un marché test » pour les nouveautés. Les deux marques, toutes deux premium et urbaines, toutes deux connues pour leurs campagnes de communication décalées, semblaient presque faites pour se rencontrer. Et pour matcher. Elles préparent d’ores et déjà leur futur coup: pour les 90 ans de Monoprix, ses clients auront la primeur de découvrir le dernier-né de Michel & Augustin, dont le secret est pour l’heure jalousement gardé par l’entreprise. Patience.