Society (France)

L’AUTRE JOURNAL DE 20H

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Cécile Mingalon: Il y a un problème de mécanique d’écriture. Lors de mes premières rencontres avec le public, quelqu’un me dit que la série ressemble à un carrousel, que les choses tournent en rond sans grand but. Il y a un net manque de fossés dramatique­s.

Christine Coutin: Pour sauver le truc, on va chercher le Zorro du feuilleton mondial: Wayne Doyle, un Australien qui vit en Italie et s’occupe là-bas d’un feuilleton à succès, Un posto al sole, qui se déroule à Naples. Il nous dit que la série est trop gentille, qu’il nous faut des morts, du polar, des intrigues…

Georges Desmouceau­x: On lui demande s’il faut des méchants et il nous répond juste: ‘Yes.’

Vincent Meslet: Il nous dit aussi que chaque semaine, pour structurer les épisodes de la semaine suivante, on doit recommence­r par la fin, par le cliffhange­r du vendredi.

Georges Desmouceau­x: En fait, on recopie simplement la méthode des romans-feuilleton­s dans les journaux du xixe siècle.

Sébastien Charbit: Il doit toujours se passer quelque chose. C’est l’exigence populaire de frustratio­n, consubstan­tielle d’une série pour dire aux téléspecta­teurs de revenir. Pour un feuilleton, c’est la base.

Christine Coutin: Donc on écoute Doyle et au 65e épisode, magie: les audiences augmentent. Je m’en souviens bien puisque c’est l’épisode où on retrouve mort l’ancien mari de Mirta.

Magaly Richard-serrano: Faire du polar, c’est un peu l’échec de ce qu’on veut faire au départ avec Bénédicte, mais je me rends compte qu’on rêve complèteme­nt. On est nouvelles, on ne connaît rien à rien et on s’est un peu laissées embarquer.

Roger Wielgus: Un sociologue américain l’a expliqué un jour: quand il n’y avait pas la télé, on se racontait des petites histoires dans l’escalier des immeubles collectifs ou dans la rue. Tout ce petit bavardage s’est perdu avec la télévision, mais ça plaît toujours aux gens de le retrouver dans les séries quotidienn­es. Aujourd’hui, ça me fait toujours rire de lire ‘d’après une idée originale d’hubert Besson’ parce que finalement, il n’y a aucune idée originale derrière Plus belle la vie.

Vincent Meslet: Le virage est quand même net et les audiences progressen­t vite. On commence à 6%, puis on passe à 7% fin novembre, 12% en janvier et 20% en juin. Ce qui fait, au bout d’une saison, cinq ou six millions de téléspecta­teurs par épisode.

Sébastien Charbit: Si le coup est réussi, c’est aussi grâce à l’arrivée rapide (pour l’écriture de l’épisode 61, le 22 novembre 2004, ndlr) d’un directeur de collection, Olivier Szulzynger, qui a complèteme­nt réorganisé la manière de travailler.

Georges Desmouceau­x: Quand il arrive dans l’aventure, je le connais bien puisque j’ai travaillé sur pas mal de sagas d’été pour TF1 et France Télé avec lui. J’avais envie qu’il travaille avec nous.

Magaly Richard-serrano: Olivier, c’est plus un stratège qu’un créatif pur et dur, mais il a toujours deux coups d’avance. Il joue aux échecs, d’ailleurs. Ce n’est pas quelqu’un de très rigolo. C’est plutôt un mec qui gère très bien les relations avec la chaîne. Il est très politique.

Vincent Meslet: Olivier aime le pouvoir, mais c’est ce qu’il nous faut à ce momentlà: un chef.

Sébastien Charbit: En France, il y a alors le mythe de l’auteur qui écrit tout. Olivier, lui, se dit qu’une seule personne ne peut pas tout faire, donc il choisit de séquencer les choses et trouve des personnes pour chaque rôle.

Marc Roux: En 2004, le travail en atelier d’écriture existe très peu, voire pas du tout. On marche sur des terrains complèteme­nt vierges.

Roger Wielgus: Ce n’est pas non plus une révolution. C’est simplement qu’à cette époque, la France est le dernier pays européen qui n’a pas sa série quotidienn­e. Les Allemands, les Italiens, les Espagnols ont tous de l’avance sur nous, et je ne parle pas des Anglais. Attention, ce n’est pas une honte, mais Olivier Szulzynger a surtout parfaiteme­nt analysé ce qui se faisait à l’étranger.

Nathalie Stragier: Pour résumer, sur Plus belle la vie, l’écriture est grosso modo divisée en deux équipes distinctes. D’un côté, celle dite du ‘séquencier’, qui construit les histoires, les arches narratives, et qui fonctionne avec un peu moins de dix auteurs qui pondent environ cinq épisodes en une semaine. De l’autre, l’équipe des dialoguist­es,

“Il y a une volonté de répondre à la télé-réalité avec un programme qui véhicule le vivreensem­ble. Mais le vivre-ensemble, ce n’est pas forcément enfermer des gens pour s’emmerder, danser et passer du temps dans une piscine” Sébastien Charbit, producteur

avec cinq dialoguist­es pour les cinq épisodes de la semaine –chacun le sien. Les équipes tournent. Au total, il doit y avoir une vingtaine d’auteurs à l’année et chaque épisode est écrit cinq semaines avant sa diffusion.

Magaly Richard-serrano: Dans un épisode, il y a trois niveaux d’intrigue: une intrigue A (polar), une intrigue B (familiale, sociale) et une intrigue C (plus légère, rigolote).

Hubert Besson: Trivialeme­nt, j’ai un jour appelé ce process de travail ‘la broyeuse’. Quand on est dans une telle production, il faut produire autant qu’on diffuse. On n’a pas le droit de ne pas produire pendant une semaine, donc d’entrée, il faut s’assurer de pouvoir tenir ce volume. Un volume colossal: 260 épisodes par an environ. Forcément, c’est très intense et en France, c’est la première fois que les équipes vivent dans un flux tendu permanent.

Sébastien Charbit: C’est hyperforma­teur. D’ailleurs, on oublie souvent que des scénariste­s reconnues ont fait leurs gammes sur la série. Comme Rebecca Zlotowski, par exemple.

Rebecca Zlotowski: J’ai fait la Fémis et Plus belle la vie, c’était un plan qu’on se refilait entre anciens. C’est un endroit accueillan­t, rémunérate­ur, symbolique, sans enjeu narcissiqu­e. Pendant longtemps, ça a été la seule writers room de France, avec un fonctionne­ment très industriel, une espèce de taylorisme de l’écriture.

Marc Roux: D’une approche tayloriste, je dirais même qu’on est passé à une approche toyotiste du travail. Dans le taylorisme, chacun doit exécuter une tâche de manière un peu répétitive, sans forcément savoir ce que fait son voisin. Dans le toyotisme, les technicien­s eux-mêmes assurent la liaison et c’est exactement ce qu’il se passe sur Plus belle la vie, avec un contrôle assuré par les auteurs.

Sébastien Charbit: Il y a tout de suite un autre enjeu: la volonté que Plus belle la vie soit une série qui permette aux gens de se divertir, mais aussi de s’informer.

Ce n’est pas pour rien qu’elle a longtemps été programmée en face des JT des autres chaînes. Plus belle la vie a fait très tôt de l’infotainme­nt, comme on dit aujourd’hui, avec évidemment beaucoup plus de tainment que d’info, mais quand même.

Marc Roux: À une époque, on dit même que regarder Plus belle la vie, c’est regarder d’une autre manière le journal de 20h. La série offre une autre lecture de l’actualité et, à ma connaissan­ce, aucune autre série quotidienn­e ne fait ça.

Cécile Mingalon: La série a réussi deux coups majeurs. Le premier, c’est le quartier, car ça a réveillé le fantasme du cocon, de l’échelon de proximité idéalisé. Le second a été de mettre de l’affect dans l’actualité. Le feuilleton a débloqué des visions, des discussion­s, et c’est hypermalin, car les gens ont pu basculer du JT à Plus belle la vie sans ressentir un total décrochage, en conservant une prise forte avec l’esprit du temps.

Rebecca Zlotowski: On se rend rapidement compte que le produit est intéressan­t à travailler politiquem­ent.

Je n’aurais jamais pu travailler pour un programme cynique. On a écrit des histoires d’héritage, d’adultère, de rivalité, mais aussi des arches sur des questions écologique­s ou sur d’autres problémati­ques sociales. Je sais qu’olivier Szulzynger est engagé et quand on regarde Plus belle la vie, on se rend compte que le programme est vraiment creusé par la question écolo.

Éric Fuhrer: Il faut aussi le faire avec un ton assez jeune, vif, humain. Il ne faut pas que ce soit uniquement la série des grands-parents, des parents ou des enfants. Il faut que ce soit la série de la famille.

Christine Coutin: Il y a une base: quand on est lundi dans la vie, on est lundi dans Plus belle la vie ; quand on fête Noël, on fête Noël dans la série.

Roger Wielgus: Coller à l’actualité, je trouve que ça a toujours été un boulet dramaturgi­que. C’est dur d’être devant une feuille blanche et de se dire: ‘Alors, qu’est-ce qu’il peut bien se passer le lundi, à 8h?’ Les auteurs ont toujours dû être dans la projection et souvent, les épisodes ont donc démarré par des petits déjeuners…

Christine Coutin: Il n’empêche que grâce à ce mécanisme, la série traite vite les sujets que personne ne veut traiter. Il faut quand même y aller pour mettre deux hommes sur un banc, leur demander de se galocher, tout ça à l’heure du dîner sur une chaîne du service public.

Bénédicte Achard: Très vite, on veut que le sujet de l’homosexual­ité soit traité, mais pas n’importe comment. On ne veut pas d’un personnage qui fait son coming out. On veut un personnage homosexuel, Thomas Marci, qui a une vie normale. Point.

Vincent Meslet: On ne veut pas l’homosexuel d’hélène et les garçons, l’homo comique. Le critère, c’est de le voir au lit chaque matin, au petit déjeuner, comme tous les autres couples.

Roger Wielgus: Je peux dire que j’ai tourné la première scène de sexe homosexuel­le pour la télévision française.

Laurent Kerusoré: Ce personnage me touche tout de suite. Thomas, c’est un rêveur, un tendre, un naïf, qui n’a aucune gêne au sujet de sa sexualité. Pour la première fois à la télé, un homosexuel n’est pas un type qui sort tous les soirs et enchaîne les mecs. Au contraire, Thomas est très stable, très honnête. On parle pourtant d’une époque où on est très, très loin de l’idée qu’un couple homosexuel puisse se marier. Pourtant, avec Plus belle la vie, la caricature saute et en 18 ans, j’ai même dû avoir le personnage le plus fidèle.

Pierre Martot: Le personnage de Thomas est LA grande réussite du feuilleton et Laurent l’a magnifique­ment porté.

Isabelle Dubernet: Ma grand-mère est née en 1914 et elle n’aimait pas les homos. Elle était fan de Plus belle la vie, elle regardait tous les épisodes, tous les jours, et un soir, je lui ai demandé qui était son personnage préféré. Elle m’a dit: ‘C’est Thomas.’ Voir ma grand-mère homophobe adorer un personnage homosexuel, ça a été incroyable.

Laurent Kérusoré: Lors des dix premières années, j’ai reçu beaucoup de courriers. Une grand-mère m’a écrit parce que son petit-fils, homosexuel, avait été renié par son fils, et c’était devenu la guerre entre les deux. Un jour, son fils est venu chez elle alors qu’elle regardait Plus belle la vie. Il lui a dit: ‘Enlève-moi cette merde.’ Elle a refusé. Puis, il revenait, bizarremen­t, toujours au moment de Plus belle la vie, et un jour, il s’est marré devant une scène que je jouais. Il a fini par avouer qu’il aimait bien mon personnage, sa fraîcheur, son humour… Derrière, son fils et son petit-fils se sont parlé de nouveau et le père a concédé à son fils: ‘Si tu es comme Thomas, ça ne me pose pas de problème.’

Cécilia Hornus: Plus belle la vie a aussi été une série assez féministe. Mon personnage, celui de Blanche Marci, est une femme attachante, assez libre, de gauche, à la vie mouvementé­e, qui a eu plus de 20 amants en 18 ans, mais qui a également, par exemple, amené le sujet de la ménopause à la télé. Pour certaines femmes, Blanche a donc pu être un repère.

Laurent Kérusoré: L’autre exemple qui m’a marqué, c’est une lettre, cette fois très violente, de 18 pages, écrite par un ancien homophobe. Il m’expliquait que Thomas

“Même si la série se déroule à Marseille, on voulait que les personnage­s n’aient aucun accent. C’est une condition pour que le programme soit le plus universel possible” Christine Coutin, directrice éditoriale de Plus belle la vie chez France 3

était son personnage préféré, que c’était devenu en quelque sorte son curé devant qui il se confessait. Il me racontait dans la lettre que dans les années 1980-90, il allait à la sortie des boîtes pour ‘casser la gueule des PD’. Aujourd’hui, il n’utilise plus le mot ‘PD’. Tout ça montre à quel point mon personnage a aidé à changer l’image de l’homosexuel en France. Moi, je suis comme Thomas, je suis homosexuel et je n’ai rien à cacher, je l’assume. C’est une petite fierté d’avoir réussi à détendre des gens et à réconcilie­r des familles.

Christine Coutin: Après, traiter des sujets de société n’est pas toujours simple. Au moment des attentats de janvier 2015, on a eu des premières arches disant ‘on va faire exploser quelqu’un sur la place du Mistral’, mais non, ce n’est pas Plus belle la vie. Les gens veulent du réel, mais ils ne veulent pas non plus retrouver dans la série ce qu’ils voient au journal télévisé.

J’ai fait chier tout le monde avec ça et j’ai refusé. En revanche, on aurait pu prendre un rescapé des attentats qui arrive dans sa famille pour se reconstrui­re: ça, c’est Plus belle la vie.

Sébastien Charbit: Le truc fondamenta­l de Plus belle la vie, c’est de se dire:

‘Il va arriver des choses extraordin­aires à des gens comme vous et moi.’ Mais comment des personnes peuvent être comme vous et moi s’ils se sont déjà fait enlever 17 fois? En leur donnant, dans leur quotidienn­eté, le même rapport à la société que vous et moi. Après, il y a des sujets dont on a beaucoup parlé et qui ont pu faire polémique. Des buzz que les gens ont identifié comme un problème, mais qui ont été une forme de notoriété pour la série. Quand, par exemple, un personnage fume un pétard et que la scène est sortie de son contexte pour dire: ‘Ça encourage à fumer des joints.’ Bah non…

Magaly Richard-serrano: Ça, c’est mon idée. Et je suis plutôt fière d’avoir fait fumer une mère de famille parce qu’à la télé, tout est souvent assez moralisate­ur.

Hubert Besson: C’est vrai qu’on peut se demander pourquoi le service public montre comment rouler un joint, mais tous les ados savent le faire. J’ai cinq enfants et mon fils de 15 ans sait le faire, j’imagine. L’important n’est pas l’image, mais le message. On a toujours dit que fumer était une saloperie. Mais aujourd’hui, c’est facile, quelqu’un fait une brève, c’est repris partout, ça finit chez Morandini… Il y a eu un besoin de polémiques, dont on se serait bien passés et qui n’étaient pas de notre fait.

Michelle Podroznik: J’ai reçu plusieurs fois des menaces à cause de certains sujets abordés. En 2012 ou 2013, dans un séminaire, on nous a demandé d’imaginer le monde après 2020. Moi, j’ai dit qu’on aurait Marine Le Pen au pouvoir ou pas loin, et ça m’inquiétait forcément, car c’est quoi Plus belle la vie dans la France de Marine Le Pen?

Sébastien Charbit: Les polémiques sont évidemment arrivées sur d’autres sujets. Il y a eu l’euthanasie, le viol conjugal, que l’on a traité dès 2015 avant que ça devienne un thème de société.

Jonas Ben Ahmed: Quand je débarque, en mars 2018, c’est la première fois qu’un comédien transgenre apparaît dans une série française. Évidemment, la couverture médiatique a été énorme. J’ai fait Libération, Quotidien, Brut… J’ai aussi reçu beaucoup de messages de la part de jeunes personnes qui se sont outées devant leurs grands-parents, qui disaient: ‘Ne t’inquiète pas, j’ai tout vu dans Plus belle la vie.’ La série a facilité le dialogue. Depuis, je pense que l’incarnatio­n dans la fiction est la meilleure des pédagogies.

Sébastien Charbit: Pour faire simple, tout ce qu’on peut taxer de woke maintenant a été fait dans Plus belle la vie. Peut-être parfois par opportunis­me, je ne sais pas, mais cela a été fait. J’ai souvent lu qu’on était une série de gauchos.

Christine Coutin: Est-ce que Plus belle la vie est une série de gauche? Dans l’absolu, on peut dire que oui, mais l’humanité, la tolérance, l’ouverture d’esprit, ça ne veut pas forcément dire être à gauche.

Isabelle Dubernet: Un jour, mon père qui votait Sarko m’a dit: ‘Je ne comprends pas, le seul qui vote Sarkozy, c’est le méchant.’ Il n’avait pas tort.

Vincent Meslet: Dans les prises de position sociétales, on ne peut pas dire qu’on soit du côté de Zemmour.

Rebecca Zlotowski: Mon cinéma est engagé et se veut populaire, mais Grand Central, mon deuxième film, a fait 250 000 entrées. Les gens ne voient pas ce que c’est, alors que Plus belle la vie est peut-être le meilleur objet de fiction engagée parce qu’il touche des millions de téléspecta­teurs.

Michelle Podroznik: À un moment donné, je rêvais de faire un baptême républicai­n. Ça se fait à la mairie et peu de gens savent que ça existe, donc on en a fait un dans la série. Deux jours après la diffusion de l’épisode, j’ai reçu un coup de fil de l’adjoint à la culture de la mairie de Marseille qui, avec son accent, m’a dit: ‘Madame Podroznik, qu’est-ce que vous avez encore été me faire? J’ai reçu 150 demandes de baptême républicai­n dans la semaine. Vous croyez que je n’ai pas assez de travail comme ça?’ Ce que je retiens, c’est qu’on a appris aux gens ce qu’est un baptême républicai­n. En France, on méprise le peuple, et c’est ce que montre l’abstention, mais on a voulu parler à tout le monde.

Roger Wielgus: On le voyait très bien dans les études de marché: on touchait aussi bien les ouvriers que les cadres ou les profession­s libérales.

Sébastien Charbit: Au moment des Gilets jaunes, je pense qu’il y a eu une prise de conscience du pouvoir politique qu’il ne parlait pas assez à une tranche de la population. Dès lors, on a eu des échanges autour de Plus belle la vie avec des gens qui s’occupaient de la communicat­ion du gouverneme­nt.

Ils nous ont demandé: ‘Vous parlez à une France à qui on ne parle pas, comment vous faites? Parce que nous, on ne les comprend pas.’

Marc Roux: Plus belle la vie, finalement, c’est une espèce de mode d’emploi de la complexité du réel. La kyrielle de personnage­s force le téléspecta­teur à se confronter à des gens qui ne pensent pas comme lui.

Vincent Meslet: Au cinéma ou dans les téléfilms, le héros classique est quelqu’un qui a un enjeu au début, qui résout cet enjeu et qui donne une morale à la fin. L’intérêt du feuilleton, c’est que vous avez différents points de vue et que ça montre que la morale est beaucoup plus relative que ça.

Michelle Podroznik: S’il y a une guerre atomique demain et qu’il n’y a plus aucun document, il suffira de regarder les épisodes de la série pour comprendre comment était la vie en France entre 2004 et 2022.

“On a écrit des histoires d’héritage, d’adultère, de rivalité, mais aussi des arches sur des questions écologique­s ou sur d’autres problémati­ques sociales. Quand on regarde

Plus belle la vie, on se rend compte que le programme est vraiment creusé par la question écolo” Rebecca Zlotowski, réalisatri­ce et ancienne scénariste de la série

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Laurent Kérusoré, alias Thomas Marci.
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