Dans les coulisses des jeux Quantic Dream

Que se cache-t-il derrière les portes de l’un des studios de jeux vidéo les plus célèbres du monde? Comment passe-t-on d’un scénario à l’expérience interactive d’un jeu? De quelle façon Quantic Dream et son fondateur, David Cage, ont-ils révolutionné l’univers vidéoludique? Autant de questions auxquelles tente de répondre Jean Zeid dans un beau livre retraçant l’histoire hors du commun des créateurs de certains des jeux vidéo les plus connus au monde, tels que Detroit: Become

Human ou Heavy Rain.

“Proclamer son égalité avec la littérature ou le cinéma ne va pas de soi”, écrit Jean Zeid en introduction de L’art de Quantic Dream. Et pourtant, c’est un pari réussi par le studio de création de jeux vidéo qui, depuis plus de 25 ans maintenant, atténue la frontière entre le septième art et le monde vidéoludique, mais aussi, et surtout, entre jeu et réalité. C’est cette identité singulière que Mana Books a voulu retranscrire sur près de 300 pages. L’art de Quantic Dream, premier livre original de la maison d’édition, n’est “ni une encyclopédie ni tout à fait un artbook”, c’est une “invitation au voyage”, comme l’indique sa préface.

Au fil des pages de ce recueil, on découvre le travail et la réflexion derrière le produit fini, depuis le premier jeu en 1999, The Nomad Soul, jusqu’au futur de Quantic Dream avec

Star Wars Eclipsetm, encore en production. L’aventure commence avec les récits de jeunesse de David De Gruttola, avant qu’il soit connu sous le nom de David Cage. On observe comment, peu à peu, ce passionné de musique découvre l’univers vidéoludique, et comment l’idée d’un script germe progressivement dans son esprit, jusqu’à délivrer un jeu d’une qualité sans égale pour l’époque. L’histoire de Quantic Dream est aussi celle de journées et de nuits entières passées à travailler les détails, de castings où plusieurs centaines d’acteurs de renom vont se succéder.

Quantic Dream, c’est l’innovation narrative, avec l’émergence d’un concept qui va révolutionner le jeu vidéo et conquérir un public jusqu’ici en marge: l’interactive drama, dans lequel les joueurs sont mis face à des choix qui peuvent influencer le cours de l’histoire, est la marque de fabrique du studio parisien. Dans Detroit:

Become Human, le dernier jeu sorti par Quantic Dream, plus de 40 issues sont possibles. Elles sont loin d’être toutes heureuses. Voilà une autre particularité des univers développés par David Cage et son équipe: si les scènes de combat occupent une place importante dans la plupart des jeux, l’objectif est avant tout de faire ressentir des émotions aux joueurs. Là encore, pari réussi, que l’on se mette dans la peau d’ethan Mars, ce père qui part à la recherche de son fils kidnappé dans Heavy Rain, ou dans celle de Jodie Holmes, une jeune femme en quête d’identité cherchant à maîtriser ses pouvoirs dans

Beyond: Two Souls. Dans tous les jeux, les joueurs, qui ont la possibilité d’investir le rôle de plusieurs personnages, sont sollicités émotionnellement en permanence, jusqu’à s’attacher aux protagonistes et à souffrir lorsque ceux-ci pâtissent des conséquences de leurs choix.

L’ouvrage L’art de Quantic Dream retrace également l’histoire de la motion capture jusqu’à la performance capture, qui permet de rendre plus vraies que nature les émotions des acteurs qui passent par le studio mocap de Quantic Dream, boulevard Davout, à Paris. Au total, ce livre recèle plus d’une centaine de croquis et artworks des différents jeux, dont des exclusivités, les commentaires et anecdotes de nombreux collaborateurs ayant travaillé sur ces projets, ainsi qu’un avant-propos de David Cage sur le prochain jeu. On y découvre les doutes auxquels s’est confrontée l’équipe de Quantic Dream, les moments de joie, les idées qui n’ont jamais vu le jour, les collaborations qui n’ont finalement pas eu lieu. Jean Zeid le dit mieux que personne,

L’art de Quantic Dream raconte “le jeu de l’apprentissage, des premiers tâtonnements, des premières erreurs et des premiers miracles” du studio qui a transporté le jeu vidéo dans une nouvelle dimension.

Lire: L’art de Quantic Dream, Éditions Mana Books, 39,90€