LE COME BACK D’UNE LÉGENDE
Pour célébrer le trentième anniversaire de la Mega qui a défrayé la chronique par son design, Vittorio Strosek a réinterprété son hit de 1991 pour en proposer une série limitée à trente unités : la Strosek Mega 30 Anniversary.
STROSEK MEGA 30
Et vous, où étiez-vous il y a trente ans ? Quel âge aviez-vous, d’abord ? Moi j’étais l’ado boutonneux qui rêvait en feuilletant des magazines passion comme Option Auto et qui fondait devant les créations d’un dénommé Vittorio Strosek… Le Monsieur, allemand et designer, dénotait totalement dans le club des préparateurs teutons par son approche esthétique à contre-courant au terme d’une décennie durant laquelle toutes les excentricités avaient laissé de lourdes séquelles dans le paysage automobile. Après quelques piges pour des confrères (Koenïg entre autres), le designer élevé à l’école Luigi Colani avait révolutionné le genre en y apportant sa patte tout en douceur et en harmonie, quelques années même avant l’avènement du “bio design”. Ainsi étaient nées la Nissan 300ZX Studie ou la Diablo “Strosek”, mais surtout… la Mega, une Porsche 964 qui a fait sensation. Tout en rondeurs et dont les modèles les plus aboutis troquaient leurs phares de 911 pour des lenticulaires qui abaissaient la courbe des ailes. L’apogée des créations de Vittorio Strosek sous son nom propre, suivie par une tout aussi réussie 993 suivant la même recette, avant que le talentueux designer ne soit absorbé par ses missions pour les confrères (Novitec, Arden, FAB ou Abt) ainsi que pour les constructeurs, excusez du peu, Volkswagen et Honda en tête. Mais aussi Porsche : c’est lui, notamment, qui a signé le kit carrosserie de la 993 Turbo S… Voilà pour le contexte.
Mise à jour
En 2021, la première Mega a trente ans, et Strosek Automobildesign surfe sur la tendance revival en dévoilant une version remise au goût du jour pour en célébrer dignement l’événement. Basée sur une 964 Carrera 2, la Mega adopte les standards modernes et fait sobrement évoluer sa plastique. S’ils conservent les
proportions des éléments Porsche, les phares s’approprient la technologie LED qui en décuple l’efficacité et autorise à en alléger l’esthétique. La principale différence stylistique avec la Mega originale tient dans le dessin des feux diurnes et des clignotants désormais inclus dans un bloc à LED bien plus fin, technologie aidant, qu’il ne l’était en 1991, et la Mega fait un bond dans le troisième millénaire ! Mais la grâce et la fluidité, l’harmonie des courbes qui enveloppent des muscles saillants sont les mêmes qu’il y a trente ans. Les ailes ont seulement gagné la capacité d’intégrer des jantes de
9 et 11x19’’ (chaussées de Michelin 4S en 245/30 et 295/25), dont les mouvements sont canalisés par une barre stabilisatrice et des suspensions KW réglables en hauteur et en dureté. Les nouveaux rétroviseurs réduisent habilement la surface frontale et le becquet sur la lunette coupe proprement le flux d’air pour réduire la trainée. Dans leur mise à jour, les bouclier et aileron arrière ont vu leurs prises d’air s’élargir pour favoriser le refroidissement du moteur. Sur ce premier exemplaire, le flat six reconditionné renferme son lot d’optimisations, des arbres à cames aiguisés au volant-moteur allégé, en passant par une nouvelle admission d’air ou une gestion électronique reparamétrée. Avec son système d’échappement réalisé à la main, à catalyseur 100 cellules et silencieux sport, il développe désormais 300 ch. Mais à la demande, il peut en expédier 450 à travers une boîte à six rapports. Plus traditionnel dans son approche, l’habitacle mettra en confiance les habitués de le 964 RS, en leur offrant le luxe supplémentaire d’une sellerie en cuir recouvrant jusqu’au tableau de bord, avec un pavillon en Alcantara et des tapis assortis siglés Strosek. Si l’arceau reste une option, les parements en carbone habillent d’office la planche de bord et la console, au milieu desquelles le volant Momo accompagne des baquets Recaro. Il n’en fallait pas plus pour faire remonter des émotions d’adolescent…